Un Instituteur à dégommer, (chapitres gratuits)

©- Patricia LAURENT  2012

Illustrations©PatriciaLaurent

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                                                       Un Instituteur à dégommer

                                                              Patricia LAURENT

                                                                              1

                                                                  Le rouge à lèvres,

   Chloé était vraiment angoissée par la nouvelle gaffe qu’elle venait de commettre !

   Tout avait commencé un beau matin.

   Après avoir avalé un bol de muesli aux fruits, elle était allée faire une toilette rapide, contrairement aux recommandations de sa mère. Elle s’admirait dans le miroir quand elle estima qu’il lui manquait quelque chose pour la rendre encore plus belle. À cet instant, l’image de son actrice préférée lui vint en mémoire. Voilà, c’était ça ! Ses yeux vert clair étaient bien trop ternes et ses longs cheveux bruns trop raides !

    — Une touche de maquillage devrait tout arranger ! pensa-t-elle.

   Aussitôt, la trousse de maquillage de sa mère, placée sur la dernière étagère de l’armoire éveilla sa curiosité. Du haut de ses dix ans, la fillette se hissa sur la pointe des pieds pour attraper l’objet qui faillit lui tomber sur la tête. Dans le halo de la pièce rose, Chloé en inspecta le contenu : un pot de crème, du fond de teint, un crayon noir, du fard à paupières et un rouge à lèvres. Soudain, le tube doré d'une marque prestigieuse brilla. Elle le prit soigneusement, avant d’enlever le capuchon. Un rouge éclatant apparut. Les prunelles s'écarquillèrent de bonheur. Puis, comme elle avait vu sa mère le faire tant de fois, Chloé l’appliqua avec un soin exagéré.

    Pourtant, le résultat ne lui convenait pas.

   — Non, non, ça ne va pas du tout !

   Énervée, elle ouvrit le robinet. L’eau giclait dans le lavabo pendant qu’elle essuyait sa bouche à l’aide d’une serviette blanche.

   — Comment maman s’y prend-elle ? Allez. Encore une fois.

   Le temps s’écoula. Et arriva l’instant, où, enfin, ce fut parfait. L’image que lui renvoyait le miroir était tout simplement magnifique. Sa bouche d’un rouge carmin l’embellissait, ses yeux verts pétillaient de joie. Chloé se sentait tellement  heureuse qu’elle se mit à siffloter son air favori.

   Les essais terminés, elle reprit brutalement contact avec la réalité. Au moment de refermer le tube, elle réalisa avec une certaine angoisse que, du rouge à lèvres, il ne restait plus grand-chose. Quant à la serviette, elle avait viré au rouge. Qu’est-ce que sa mère allait dire ? Heureusement, cette dernière n’était pas là pour voir le désastre !

   Pour l’heure, elle se trouvait au travail pendant que Chloé avait la tâche délicate de garder son frère. Sa mère vendait des chaussures toute la journée, ce qui ne l’empêchait pas d’avoir mal aux pieds, le soir en rentrant à la maison. Avec leurs maigres salaires, ses parents avaient des difficultés à joindre les deux bouts. Sa mère s’achetait peu de chose. Et son maquillage acheté dans des parfumeries de luxe, elle y tenait !