–Mademoiselle?
J'émerge du monde des rêves, la tête lourde et douloureuse. J'observe ce qui m'entoure, et après quelques secondes pour reprendre mes esprits, je découvre un homme, penché au dessus de moi, sa tête frôlant dangereusement la mienne. Sans réfléchir, je lâche un petit cri et le repousse. Malheureusement, c'est avec mon bras blessé que je le fais et une douleur intense me pétrifie sur place.
–Du calme, du calme. Je ne suis que le chauffeur du bus, nous sommes au terminus ! Déclare-t-il d'une voix douce mais ferme.
Je cligne plusieurs fois des yeux puis regarde autour de moi. En effet, le véhicule est à l'arrêt et complètement vide à l'exception de nous deux. L'homme qui m'a réveillée porte bien la casquette si caractéristique des chauffeurs de bus de tous les temps (enfin, tous les temps qui ont connu le bus). J'ai donc la certitude qu'il me dit la vérité. Un miaulement résonne près de moi et je vois une patte gratter la toile du sac qui la retient.
–Bah les pattes sac à puces ! Je m'exclame en tapant gentiment le doux pelage qui tente de retrouver sa liberté.
Enrelevant les yeux, je me trouve face au regard dérouté duchauffeur.
–Je parlais au chat... Je me sens obligée de justifier.
Il hoche la tête d'un air toujours aussi méfiant. Bon sang, cet homme me prend pour une folle !
Parce que tu ne l'es pas ? Toi, la fille qui vient de fuir son logement, sa famille, sa vie après avoir tenté de sauver un homme blessé par balle que tu ne connaissais même pas ? Toi qui t'es endormie en admirant la couleur fluorescente de ta nouvelle tâche sur le bras comme si de rien n'était ?
Oui, cet homme aurait bien raison de me croire cinglée... Avec un soupir, je me redresse et attrape toutes les affaires que j'ai étalées autour de moi.
–Je suis désolée de vous avoir causé des soucis, mais merci d'avoir pris la peine de me réveiller. Au revoir, lui dis-je avec un air penaud.
Il hoche la tête et s'écarte pour me libérer le passage. Je saute de la marche et arpente le petit couloir avec prudence, mon équilibre encore précaire à cause de mon réveil récent. Arrivée à l'avant du véhicule, je me retourne et vois l'homme se pencher pour ramasser un sachet en plastique laissé sur un des sièges.
C'est vrai qu'il conduit un bus de seconde zone... Je ne sais pas pourquoi, mais les gens ont tendance à croire que parce qu'ils ne sont pas dans un espace luxueux, ils peuvent se permettre de le salir puisque dans les faits, il paraît moins propre. Mais cette crasse provient justement de leurs habitudes d'idiots qui ne prennent soin de rien et au vu des faibles moyens financiers qu'a cette compagnie de bas étage, la saleté s'accumule.
Je regarde le conducteur se plier en deux pour décoller des chewing-gum sous un siège avec compassion. Un coup d'œil sur le reste de l'engin me montre qu'il va en avoir pour un sacré bout de temps :les sièges, verdâtres, sont couverts de détritus de toute sorte, allant du vieux mouchoir au morceau de nourriture non identifié quia déjà commencé à amasser les mouches... Je le plains.
–Encore merci ! m'exclamé-je, bon courage !
Il se relève pour me lancer un regard reconnaissant puis il se remet à la tâche. Je descends les deux dernières marches qui me séparent de la terre ferme et émerge dans l'air frais de l'après-midi. Une brise automnale vient faire virevolter mes cheveux, et me donne l'impression de revivre.
C'est apparemment aussi le cas de Bellatrix, qui se dandine dans le sac, essayant de s'en échapper. Comme je ne fais rien pour l'aider, elle sort son petit museau et me dévisage avec des yeux suppliants.
VOUS LISEZ
Auras
Teen FictionWillow vit dans l'anonymat jusqu'au jour où, après une journée comme les autres, elle tente de sauver un homme, blessé par balle qui semble lui transmettre plus qu'un secret au contact de leur sang. S'en suit l'apparition d'une nouvelle faculté qu'e...