Chapitre 3 - Survivre le jour comme la nuit

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Je dois dire que Ochaco avait vraiment bien parlé pour convaincre Shoto. Je ne m'attendais pas à ce qu'il adhère à notre cause si facilement mais finalement, il avait accepté comme s'il s'était préparé à ce moment depuis toujours. Le ciel commençait à se tacher de petites lumières blanches et bientôt, il ne resterait que la nuit pour seule compagnie. Ochaco dégaina un mouchoir plié avec soin avant de le lancer en l'air juste au dessus du sol. Contre toute attente, le morceau de tissu se déplia, s'agrandit jusqu'à prendre la forme d'une tente assez spacieuse.

- Nous pourrons dormir avec tout le confort nécessaire, les amis !

Elle était vraiment fière de cet abri si bien qu'elle souriait à pleines dents, les mains posées sur les hanches. Shoto était toujours à cheval et regardait le ciel étoilé. Avant que je ne comprenne pourquoi, il détourna son regard et ordonna d'un ton ferme mais calme à son cheval de commencer à trotter vers le palais. Cela me rappelait notre combat durant le tournoi de Yuei, je n'avais jamais vraiment su ce qu'il reprochait si fortement à son père...

- Izuku ! 

Ochaco m'appelait depuis un moment.

- Est ce que tu pourrais aller chercher du bois pour le feu ? Si on veut manger rapidement, il va falloir s'y mettre ! Tenya, tu vas préparer la tente comme ça, il y aura assez de place pour trois.

Aller chercher du bois... Mais quelle bonne idée ! Je ne le sentais vraiment pas. Tant pis, mon ventre grognait bruyamment et il n'allait pas s'arrêter si facilement. Le pas lourd, je me dirigeais vers l'orée de la forêt sombre. Avant ça, il n'y aurait pas un objet utile dans mes poches ? J'avais des allumettes mais sans bois, je n'allais pas aller très loin. Sinon , j'avais... Une lampe torche miniature ? J'étais si heureux d'en avoir une que je ne me suis pas posé la question de savoir si ça existait dans ce monde. Un peu plus rassuré, le faible faisceau pâle de la lampe éclairait mon chemin. Les hululements des chouettes me faisaient sursauter. L'atmosphère ressemblait à ces jeux d'horreur où tu sens que quelque chose va bientôt arriver avec une seule envie, te tuer avant de manger tes entrailles goûlument pour le dîner. J'essayais d'éclairer au maximum mon chemin tout en ramassant les branches de bois à terre. J'avais beaucoup de mal à me convaincre qu'il n'y avait rien et à calmer ma respiration en me disant que tant que les lanternes qui brillaient autour de notre campement créés par Ochaco était dans mon champ de vision, je n'avais rien à craindre. Un bruissement de feuilles me pressa de me redresser et courir vers la tente. Je m'attendais à tout sauf à me retrouver nez à nez avec les naseaux d'un dragon.

Les jambes tremblantes, ma respiration s'était presque stoppée sous le coup de la stupeur qui me prenait au coeur. Je n'osais pas bouger par peur d'énerver la bête qui se dressait devant moi. Le temps s'était suspendu entre nous et personne ne bougeait. Soudain, une voix assez forte et violente brisa cet instant.

- Oh ! Pourquoi tu t'arrêtes ? 

Le dragon se contenta de baisser et poser doucement sa tête vers moi. Ne sachant quoi faire, je tendais ma main vers le haut de sa tête pour pouvoir passer ma main sur ses écailles écarlates qui brillaient à la lueur de ma lampe torche. Quand j'étais petit, j'avais eu aussi une période "chevalier et dragon". Je rêvais de rencontrer des bébés dragons.

- Qui t'a permis de toucher mon dragon ?

Je ne voyais pas à qui appartenait cette voix qui me semblait familière.

- Oh ! Pardon, j-je ne voulais pas...

- Estime toi heureux qu'il ne t'ait pas bouffé tout cru. Suika, depuis quand tu te laisses faire ?

Il avait vraiment appelé son dragon " pastèque" ? 

- Et alors ! Il aime bien ça, t'as un problème avec ce genre de régime alimentaire ?

- N-Non ! Pas du tout !

J'avais encore parlé à haute voix ! Il fallait que je sache à qui appartenait cette voix que je ne connaissais que trop bien. Ledit "propriétaire" du dragon finit par sauter juste devant moi. Surpris, je laissais ma bouche s'ouvrir pour lâcher un faible mot.

- Kacchan ?

- T'es sérieux le buisson ?

J'avais oublié que dans ce monde, les gens ne connaissaient rien sur moi. Déçu, je l'étais, c'est sûr. Ces surnoms qu'on se donnait, ça me plaisait bien au fond. Toujours est-il que un Kacchan torse nu se dressait devant moi, un sourcil levé comme pour me signaler que son surnom ne lui plaisait pas des masses.

- Désolé, vieille habitude.

- T'es dresseur de dragons ou quelque chose dans le genre ?

- Pas vraiment. Mais je rêvais d'en avoir un quand j'étais petit avec...

Je m'arrêtais là. Répéter ce surnom me ferait plus mal qu'autre chose. Le Kacchan de ce monde paraissait plus tranquille et moins énervé. Clairement, ce n'était pas le Kacchan que je connaissais. Il y avait cette chose en lui qui le différenciait de celui que je côtoyais chaque jour.

- Bon, tu comptes prendre racine ou finir par dégager le chemin pour que je passe ?

Quoique, finalement je n'avais rien dit.

- Tu fais bien parti de la résistance ?

- Mouais. Et ?

- J'y suis aussi ! Tu peux rejoindre notre campe-

- Sans façon, merci. Je ne sais pas si tu t'en rends compte mais, nous ne sommes pas là pour faire ami-ami avec les gens. Ceux que tu croisés seront sûrement morts d'ici quelques semaines.

- Comment... Comment peux-tu être aussi défaitiste ? 

- Désolé, je suis réaliste. Je ne vis pas dans un conte de fée.

Je faillis lui faire remarquer que justement, ce monde ressemblait à un conte de fée mais je préférais ne rien dire.

- Tu es peut être réaliste mais ça ne te donne pas le droit de décourager ceux qui y croient encore. Tout n'est pas aussi noir que tu le penses, je suis même prêt à te prouver le contraire.

- J'espère que tu mesures le poids de tes mots. J'attends de voir ça, Deku.

- Deku ?

- Tu as réussi à te perdre et en plus, à rencontrer un dragon qui, heureusement pour toi, n'est pas fan de chair humaine.

- Je ne suis pas per-

Les lumières du campement avaient disparues et ma lampe de poche commençait doucement à s'éteindre. Kacchan se contenta de rire avant de partir sur son dragon.

- SUIS L'ÉTOILE DU NORD !

Sur ces paroles, il me laissa dans ma bouse.

Bienvenue au Royaume de Yuei ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant