Chapitre 3. Chin-Hae

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Deux semaines se sont écoulées depuis l'exécution de Han Yu-Seok. Je ne sais toujours rien à propos de Jin Ho et Tae Yon, bien sur. J'ai du mal à me lever du lit à chaque matin, j'ai perdu le sens de la vie. Pourtant je sais que je ne peux pas me permettre de tomber aussi facilement. Enfin, si je me fais prendre c'est ma famille qui est en danger et cela je ne peux pas le permettre. C'est mon père qui m'a introduit dans ce monde, il est en réalité un espion du sud de la Corée. Des fois je n'ose même pas penser à son vrai nom puisque je peur qu'on puisse lire mes pensées. Nous sommes coincés dans ce monde absurde et irréel. Je suis mieux dans mes rêves, où les paysages que mes livres décrivent prennent forme. Mon cerveau aime ça imaginer et créer les textures, les odeurs, le vent qui te caresse et qui murmure dans tes oreilles une balade de liberté. Je ne veux plus être éveillée, bordel que cela me fait mal.

J'entends des pas qui approchent ma chambre. Maman me sourit calmement mais je peux sentir son malaise.

- Faut que tu ailles à l'école tu es déjà un peu un retard.

Je la dévisage quelques instants. Son regard, sûrement comme le mien, est plein de douleur et désespoir.

- J'y vais.

Devant le divan de notre salon je rend hommage aux trois visages ronds dont leur regard me dégoûte.

À la sortie de mon édifice je remarque Park-Ha. J'enlève le regard avant que ses yeux accusateurs me percent.

Encore une journée où je n'ose pas me rendre aux réunions faites par les lotus bleus. Je suis désolée Park Ha, mais je ne sais plus qui je suis. Oui, je suis faible. On m'a enlevé l'homme que j'aime et je suis consciente des tortures atroces qu'il doit affronter dorénavant. Je souffre avec lui parce que je sais qu'il ne pourra pas supporter autant de souffrance malgré lui même. Tout ce que je veux en ce moment, c'est de mourir et d'amener ceux que j'aime avec moi. Si l'enfer existe et on s'y rend, j'en serais soulagée. L'enfer doit être bien meilleur que cette terre maudite.

Ma journée s'écoule sans que je me rende vraiment compte. À 17h, pour la première fois en 2 semaines, je me rends à la bibliothèque municipale. Je n'en ai même pas envie mais je sais que le moindre changement dans mon comportement va soulever de soupçons. Putain, je ne peux même pas être déprimée à ma guise.

Je traverse le salon de manière discrète. Je ne regarde pas les gens qui sont assis en train d'étudier sans arrêt... ils me dégoûtent. Ils étudient tout simplement parce que notre merveilleux maréchal le veut ainsi, pour qu'on puisse continuer à bâtir son ego... un ego absurde qui est vieux déjà de 3 générations. Malgré moi même, je fixe mon regard sur une petite fille aux yeux amandes, figure ronde, cheveux raides et bruns. Je me trouve à environ 5 mètres d'elle mais je peux déterminer son malaise. Je peux même le mesurer. Merde, qu'elle est tendue.

Je m'approche sans la regarder et je fais semblant de chercher quelque chose par terre. Je passe à côté d'elle, et je murmure dans son oreille: "si tu ne veux pas être en danger détend toi un peu."

Ces yeux couleur miel, devenus un miroir de sa panique croisent les miens.

- Ne parles pas. Non, je ne vais pas te faire du mal. Oui, je te reconnais. Oui je t'ai vu acheter quelques livres et d'autres choses. Non, je ne vais pas dire à personne.

J'attends une réaction mais l'expression de son visage est le même.

- Bordel, calme toi. Maintenant c'est moi qui stresse. Si quelqu'un te voit avec cette tête ils vont venir nous poser des questions. J'essaye juste de t'aider pour pas que tu te fasses prendre. Maintenant, tu vois cette table là au fond? Oui? D'accord. Viens t'asseoir là bas avec un livre de la bibliothèque. Je serai là, en train de lire un dictionnaire dans une autre langue. Je te donne 5 minutes.

Elle vient dans le délai de temps accordé. Hésitante, elle s'assoit devant moi. Son regard perce le livre qu'elle a choisi. Pourtant, je sais qu'elle ne lis pas vraiment.

- Je m'appelle Chin Hae. Je t'ai remarquée plusieurs fois au marché noir. Je suis une espionne, oui, mais pas celle qui va te dénoncer.

J'arrête de parler et attends sa réponse. Je vois qu'elle est très tendu et qui ne croit pas vraiment à ce que je lui dis. je baisse ma voix jusqu'à ce qu'elle devienne inaudible mais je prononce clairement: "TANT LE JUCHE, COMME L'IMPÉRIALISME AMÉRICAIN SONT CORROMPUS"

Elle me dévisage, bouche bée. 

VIVE LA CORÉE RÉUNIFIÉEWhere stories live. Discover now