Sale pute

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J'entre dans l'enceinte du lycée, plus heureuse que jamais. Cette journée ne s'annonçait que magnifique. Rien ne semblait pouvoir perturber mon bonheur.

« T'es sérieuse Lisa ! Je ne te pensais pas comme ça ! Surgit une voix à côté de moi.

— Franchement tu me dégoutes ! Lance une autre.

— En fait t'es qu'une sale pute comme les autres ! » Rétorque une troisième.

Mon cœur s'affole. Que s'est-il passé ? Qu'ai-je fait ? Habituellement, lorsque j'arrive, les gens viennent me voir, me demande des familiarités puis papotent entre eux. Aujourd'hui, la seule chose qu'ils viennent me dire sont des insultes du type « sale pute ». Je tente tant bien que mal de fuir la foule. Plus je me faufile à travers ceux qui se nommait mes amis encore hier, plus ils s'agglutinent autour de moi, m'emprisonnant par la même occasion. Je suis obligée d'y aller avec des coups de coudes et d'épaules pour me libérer un passage. Ils m'enferment de plus en plus mais j'arrive à atteindre mon casier. Ils arrêtent de me suivre mais leurs regards pleins de haine sont lourds à porter.

« On ne peut pas te laisser seule plus d'une demi-journée toi ? » Me surprend une voix familière alors que je me pensais seule.

Je sursaute et me tourne dans la direction de celle-ci. Ethan me regarde avec un sourire bon enfant sur le visage. Ce n'était qu'une blague. Face à ma mine effrayée, il semble s'inquiéter immédiatement.

« Tout va bien Lisa ? »

Mon regard apeuré observe les alentours. Ils sont toujours là. Ils font mine de rien mais leur regard me juge.

« Qu'est-ce qu'il se passe ? Demandé-je.

— Tu n'es pas au courant ? S'étonne-t-il.

— Tu vois bien que non ! »

Il sort son téléphone de sa poche et me montre un message envoyé par Blanche la veille. Il contient une photo et une simple phrase. Pourtant, si elle l'a envoyé à tout le monde, je comprends mieux l'accueil que j'ai reçu.

« Je pensais que nos camarades étaient un minimum intelligents et ouverts d'esprit. » Me soutiens-t-il mais c'est trop tard.

Elle m'a trahie.

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Moi et Blanche sortons du lycée aussi discrètement possible. On n'est pas sensées partir pendant les cours, mais si on vient à être repérées, il vaut mieux qu'on soit dehors à ce moment-là. Blanche devant moi, elle vérifie que la cour est vide puis avance jusqu'au portail. Fermé, évidemment, sinon ce n'est pas drôle. Blanche l'examine en détail, appuie sur la poignée, glisse sa main le long des barreaux.

« Que fais-tu ? Lui demandé-je.

— Je cherche un moyen de grimper. Mais ici ça risque d'être compliqué.

— Grimper ? Ce n'est pas dangereux ? M'inquiété-je en voyant qu'il n'y a aucun n'appui sur le portail.

— Tu as une meilleure idée ? S'intéresse-t-elle. On ne peut pas rester ici, si les surveillants nous voient nous sommes cuites.

— Non pas vraiment. »

Elle reprend sa fouille sur le portail.

« Tu as l'air d'avoir l'habitude de ce genre d'escapade, remarqué-je.

— Ça m'arrivait souvent dans mon ancien lycée, j'avais retenu par cœur tous les moyens de sortir en douce. Mais il est vrai que depuis que je suis ici, ça ne m'est pas arrivé, raconte-t-elle.

— Tu sortais souvent ? M'intéressé-je.

— Alors ce n'est pas que je n'ai pas envie d'en parler mais plus vite on sera sorties d'ici, mieux ce sera. »

Qui est la plus belle ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant