Qui est la plus belle ?

Tu vas pouvoir profiter de ton trône

En ce moment, j'espère que personne n'a entendu la requête que je viens de faire. Il y aurait de quoi se poser pas mal de question. Je vous avoue que cette situation est très gênante mais je suis obligée de passer par là pour exécuter mon plan. La vendeuse me donne une boite que je range immédiatement dans mon sac. Je regarde les gens autour de moi pour vérifier qu'il n'écoute pas puis je me rappelle que s'ils sont là, c'est peut-être pour acheter la même chose voir encore pire. Je sors donc du bâtiment et rejoins Ethan qui m'attend dans la rue.

« Ça va, ce n'était pas trop gênant ? Me demande-t-il.

— C'était horrible mais au moins c'est fait.

— Tu es sûre que c'est nécessaire ? tente-t-il de me dissuader.

— Bien sûr que oui. De toute façon le produit est acheté, on ne peut plus faire demi-tour.

— N'empêche, je ne vois pas en quoi ça fera baisser sa réputation, dit-il. Ça va juste la faire chier. »

Oh oui ça va la faire chier, c'est mon but justement.

« Je ne suis plus intéressée par cette couronne nulle, expliqué-je pour la centième fois. Tu vas réussir à le comprendre un jour ?

— Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ce changement est si brusque. »

Il sait pour l'après-midi merveilleuse que j'ai passé avec Blanche même si ça n'avait l'air de l'être que de mon côté finalement. Il sait tout en détail. Les événements, mes sentiments, tout. Et pourtant, il cherche encore à comprendre alors que c'est durant cet après-midi que tout a changé.

« Depuis tout ce temps que tu veux que j'abandonne ma popularité, tu ne vas pas te plaindre que j'exauce enfin ton vœu. De toute façon mon cas pour cette élection est irrécupérable. A présent, tout le monde me déteste.

— J'aimerais comprendre, s'inquiète-t-il. Tu tenais tant à cette popularité et d'un coup plus rien.

— Je ne te demande pas de comprendre mais d'accepter. » Déclaré-je.

La vérité c'est que je suis guérie. Guérie de ma popularité. De ce désir d'être toujours plus aimée qui me bouffait de l'intérieur. La seule personne dont je veux l'amour, c'est Blanche. Je sais que je ne l'aurais jamais, et je ne cherche pas à l'avoir. Blanche n'est qu'une étape dans ma vie, une étape toute simple mais qui me permet aujourd'hui de m'ouvrir à l'avenir. Mais je lui en veux malgré tout. Non pas de ne pas éprouver les mêmes choses —ce genre de sentiments ne peut se contrôler— mais de m'avoir piégé de la sorte. Et je m'en veux à moi aussi, d'avoir été assez crédule pour penser qu'elle voulait réellement faire la paix.

J'entre dans la cafétéria. Je sais de source sûre, qu'à cette heure-ci, Blanche vient y boire un café. Le moment parfait en somme pour mettre mon plan à exécution. Celle-ci est en train de discuter en seule à seule avec Tyler qui a l'air assez timide ce qui contraste fortement avec l'image de l'homme assuré dans tous ses faits et gestes habituels.

« Je suis sûre qu'il est en train de lui demander pour être sa cavalière pour le bal, murmure une fille à une table non-loin de moi.

— Tu crois ? Lui demande une autre. Je suis pourtant sûre qu'elle n'est pas son genre.

— Tu dis ça parce que tu aimerais être son genre ! Rétorque la première

— Avoue que toi aussi tu aimerais !

— N'empêche je trouve ça dégueulasse qu'il s'intéresse à la seule fille qui s'en fiche de lui ! »

Je cesse d'écouter ces commérages et m'approche de Blanche. Vu qu'ils n'ont pas l'air de vouloir être entendu, je reste quelque peu à l'écart pour respecter leur intimité. Pendant ce temps, je ne peux m'empêcher de les regarder tous les deux. Ils se jaugent l'un l'autre, calculant leur intérêt à rester proche voir à se rapprocher encore plus. Ils ont une proximité malsaine, surtout Tyler qui se colle presque à elle avec un regard vicieux. J'en aurais presque envie de gerber. J'ai du mal à imaginer Blanche ainsi. Elle s'éloigne de lui avec un regard charmeur, presque lubrique. Tout le monde assiste à la scène et pourtant personne ne sais à part nous trois, que leur relation, quelle qu'elle soit, n'est que par intérêt. Ils veulent la popularité de l'autre. Blanche se tourne vers moi, elle semble surprise de me trouver là.