Tu pues trop !

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Comme vous l'aurez compris avec ce titre, ce qui va suivre n'est pas beau, vraiment pas. En même temps quand on joue avec le feu c'est normal de se brûler. Et quand on se brûle, ça fait mal, très mal même. Et c'est moche, vraiment moche.

« Elle t'a reparlé depuis ? Me demande Ethan.

— Non elle m'évite comme la peste ! Réponds-je fièrement. Elle a enfin compris à qui elle se frottait.

— Tu n'as pas peur qu'elle veuille se venger ? » S'inquiète-t-il.

Nous sommes de nouveau dans ma chambre, non plus à élaborer mon prochain plan pour faire des croche-pattes à Blanche mais à discuter tout simplement. C'est ce que font les amis, se retrouver régulièrement pour se raconter des ragots sur la poufiasse du lycée.

« Se venger de quoi ? Elle était prévenue ! Objecté-je.

— Pas sûr qu'elle voie les choses de la même manière. Comment vas-tu réagir si elle se venge ?

— Pourquoi tant de pessimisme Ethan ?

— Pourquoi tant d'optimisme Lisa ?

— Qu'aurais-tu fais à sa place ? M'intéressé-je.

— Je ne me serais pas inscrit à l'élection, s'empresse-t-il de répondre.

— Ça je sais, ce n'est pas ça que je voulais dire.

— Je n'en sais rien et je n'ai pas envie de savoir ce qu'elle a ressenti ou ce qu'elle peut ressentir en ce moment à ton égard, avoue-t-il. Par contre je sais que toi tu ne te serais pas laissée faire.

— Et bien tu te trompes, déclaré-je.

— Vraiment ?

— Je n'aurais pas cherché à détrôner quelqu'un plus fort que moi. Et s'il avait fallu subir, j'aurais subi.

— Donc si elle se venge tu te laisseras faire ? Questionne-t-il.

— Si elle se venge, la situation sera différente. Ici, c'est moi la reine, et je ne me laisserai pas détrôner. Mais elle doit bien avoir un minimum de conscience, elle ne s'attaquera pas à moi. Et si elle compte le faire, j'espère bien qu'une de ses sept pots de colle l'en empêchera.

— S'ils ne l'encouragent pas à le faire. Fais attention à toi Lisa, me conseille-t-il. Je ne la sens pas cette histoire.

— Ne t'inquiète pas pour moi Ethan ! J'ai toujours su me redresser sur mes pattes. » Dis-je en le regardant droit dans les yeux.

Pour être franche, je crois que si je ne penchais pas uniquement du côté féminin de la balance, je l'aurais déjà embrassé. Je me suis toujours demandé si pour lui il n'y avait que de l'amitié. Aujourd'hui je n'ai plus vraiment de doute sur ses sentiments pour moi, d'autant plus qu'il sait que je suis lesbienne et qu'il est inutile de tenter quelque chose mais qu'en était-ce lorsqu'on s'est rencontré ? En tout cas je suis contente d'avoir un ami aussi bienveillant que lui à mes côtés.

Donc vous l'aurez compris, depuis mon petit coup à Blanche, elle ne vient plus me courir entre les pattes. Et tant mieux d'ailleurs. Tout est beau dans le meilleur des mondes. Mais si vous êtes encore là c'est qu'il y a bien une raison. Vous savez tout aussi bien que moi que ça ne va pas se tasser aussi facilement que je l'aurais voulu. Enfin bref, vous devez avoir hâte de découvrir la suite donc je ne vous dérange pas plus longtemps avec mes bavardages inutiles.

J'entre dans la cour du lycée et tout un tas de personnes feignant d'être mes amis me rejoignent. Encore une fois, tout ce qu'ils veulent c'est une part de ma popularité. Je rejoins immédiatement Ethan, comme à mon habitude. Tout semble normal, parfait. Ça me rappelle la période avant que Blanche ne débarque. J'étais la reine du lycée, c'était plus qu'une évidence. Il y a eu une période de doute mais c'est fini. Blanche est restée populaire, je le vois au nombre de personne qui restent autour d'elle mais pas autant que moi et c'est ça le plus important. Je rejoins ma salle de cours en riant avec Ethan et nos pseudos amis, insouciante. Peut-être un peu trop. Pendant la récréation, je décide d'aller aux toilettes me refaire une petite beauté et soulager ma vessie. Comme à mon habitude, je pose mon cartable sous le lavabo puis m'enferme dans une cabine afin d'y faire ce que j'ai à faire. Lorsque je ressors, Blanche termine tout juste de se remaquiller au-dessus de l'évier d'en face. Je ne doute pas sur le fait que Blanche soit une fille très superficielle et qu'elle vienne ici plusieurs fois par jour pour décorer de nouveau son visage mais il ne me semblait pas l'avoir déjà vu à cette heure-ci. Peu importe, ça ne doit être qu'un hasard. J'en fais de même puis ressors sans ignorer cette petite odeur désagréable. Après tout on est dans les toilettes du lycée, c'est normal que ça pue. Je rejoins tout de suite Ethan et notre groupe toujours changeant. Il semble remarquer quelque chose mais ne fait aucune remarque. Au fur et à mesure de la journée, je remarque que de moins en moins de personnes restent avec moi et cette odeur semble me suivre pour s'empirer toujours plus. A l'heure du déjeuner, je suis surprise de voir notre table vide. Il n'y a qu'Ethan et il semble quelque peu ailleurs. Tout le monde semble marmonner entre eux en me jetant des regards juges. Blanche quant à elle, semble aussi papoter avec ses amis en nous regardant mais avec un visage plus malicieux et sadique. Ça y'est j'ai compris. Blanche n'y est pas pour rien. Je commence à fouiller partout sur moi, si je n'ai pas un post-it collé ou quelque chose du style.

« Tu cherches quelque chose ? S'intéresse Ethan.

— Est-ce que j'ai quelque chose de collé ? Demandé-je en lui montrant mon dos.

— Non pourquoi ?

— Je ne sais pas, j'ai l'impression que Blanche a fait quelque chose pour que les gens m'évitent. A croire que je pue !

— Hum, hum, tousse-t-il faussement.

— Quoi depuis tout à l'heure je pue et tu ne me dis rien ?

— En fait je cherchais justement un moyen de te le dire, se justifie-t-il. Enfin là ça va mieux mais tout à l'heure c'était presque infeste. »

J'essaie tant bien que mal de comprendre d'où peut venir cette odeur sans trouver de raison. Pendant ce temps, la table de Blanche s'esclaffe. Je m'énerve. Kévin —un des larbins de Blanche pour vous rafraichir la mémoire— se lève soudainement et se dirige vers notre table.

« T'aurais une feuille s'il te plait ? Me demande-t-il.

— Bien sûr. » dis-je naïvement non sans me méfier légèrement malgré tout.

J'ouvre mon sac et là l'odeur me saute presque au cou. Kévin réagit tout de suite lui aussi en mettant la main devant son nez.

« Ah mais non ! Tu pues trop ! » S'exclame-t-il juste assez fort pour être entendu de tous avant de repartir répugné.

Mon regard affolé cherche du réconfort dans le regard des autres. Je ne le trouve nulle part. Tout le monde me fixe avec un regard moqueur. Je me sens blessée au plus profond de moi. J'attrape immédiatement mon sac et m'enfuie le plus loin possible. J'entends des pas précipités me suivre et des rires. Je ne veux voir personne. Je m'enferme dans les toilettes, surement là que Blanche a mis son plan en marche. Je vide mon sac sur le sol afin de découvrir la source de cette puanteur. Je ne vous explique pas ma réaction lorsqu'un poisson bien fumant mais surtout bien pourri tombe de mon sac pour venir s'écraser contre le sol avec un petit post-it collé sur celui-ci.

« Tu as vraiment cru que j'allais me laisser marcher ainsi sur les pieds ? Et bien tu m'as sous-estimé poulette ! »

Quelle pute !

« Tu ne vas quand même pas te laisser affecter par ça ? Me crie Ethan de l'autre côté de la porte malgré l'interdiction qui devrait le maintenir en dehors des toilettes féminins. Tu vaux mieux que ça Lisa ! »

Il a raison. Je ne vais pas me laisser rabaisser de cette manière. Elle va regretter ce geste.

Je sors de mon cabinet, le poisson à la main, déterminée. Ethan semble quelque peu dégouté quand il voit la bête dans ma main. Je la jette aussitôt et quitte le lycée d'un pas déterminé, suivie de près par mon ami.

Quand je vous avais dit que ce n'était que le début, c'est maintenant que les choses se corsent. A partir de maintenant, la guerre est officiellement déclarée. Car oui, vous n'avez encore rien vu, le niveau de fourberie peut aller très loin. Et croyez-moi, on n'était pas prête ni l'une ni l'autre à arrêter en si bon chemin, vraiment pas.


Encore en retard. Je vous promet que je pense à vous, juste pas au bon moment. J'espère malgré tout que vous appréciez cette partie.

Qui est la plus belle ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant