Les méandres de la vie

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Un couteau de boucherie à la main je l'enfonçais jusqu'à la garde, triturant les entrailles au passage. Remontant, doucement l'abdomen tout du long. Lentement, inclinant la lame et l'enfonçant plus profondément je voyais le sang goutter au sol avec régularité. La douleur altérait mes gestes et l'odeur ferreux me donnait la nausée. Seulement en ce jour je ne pouvais pas m'arrêter de me faire du mal.

Janvier 2018 

-Et quel serait mon problème mon bon monsieur?

-Vous souhaitez vraiment que je le dise?

-J'ai déjà étais piégés avec des situations plus subtils. Alors laissez moi vous dire que cette conversation de ne m'émeut pas le moins du monde. Je ne crois plus personne aujourd'hui. L'Homme est un être complexe qui est pourrit jusqu'à la moelle et même la plus pure des brebis peut devenir un grand méchant loup. Alors, je vous le répète, je ne suis pas la personne que vous recherchez.

Je raccroche, blasé par cet appel qui intervint comme une piqûre de rappelle. Tout dans mon quotidien est une incitation à me détruire à petit feu. 

Croisant mon reflet dans un miroir j'essaie de me former un masque présentable qui ne face pas se poser de question à mes collègues. 

(ellipse de la journée)

Arrivé chez moi, je dénoue ma cravate me déleste de mon sac et part accomplir mon rituel. Rituel que j'abhorre et pourtant espère chaque jour. Aujourd'hui je veux souffrir. Comme je l'ai dis je ne suis pas masochiste mais je l'ai vue et vécus, la douleur physique soulage la douleur psychique souvent plus forte. Il est vrai qu'il est étrange que pour se libérer d'une douleur trop forte on soit obligé de s'en infliger une autre. Mais, une douleur physique et très souvent temporaire alors qu'une blessure de la l'âme ne se referme jamais vraiment. De ce point de vue là, remplacer momentanément une douleur qui ne disparaîtra jamais et qui est incontrôlable par une douleur que l'on peut gérer ne paraît plus si inconcevable.

Je retire mes habits au cas où et me dirige vers la salle la plus éloignée de mon entrée. Petite, exiguë pour plus d'une personne, entièrement recouverte d'une bâche. J'ai récupéré un pistolet et un silencieux. Je place le canon au fond de ma gorge et appuie sur la gâchette sans autre forme de procès. 

Je me réveille, regarde ma montre et constate que je me suis à peine évanouie une dizaine de minutes. La bâche est nappée de rouge mais je suis encore la. Anéantie par ce nouvel échec je me dirige vers la salle de bain et prend une douche froide. Sous le flux glacial je ferme les yeux et réfléchis au parole de l'homme de ce matin. Et si il avait dit vrai, et si il avait peut-être un moyen de me tuer. 

Non! Gardons la tête froide j'ai trop souvent vécus cette situation par le passé. Trop souvent je suis devenue cobaye jusqu'à ce que je puisse à chaque fois m'échapper. Une nausée me monte alors que je me souviens de souvenirs indescriptibles de par leurs horreurs. Ou plutôt de la plus vile des trahisons, lorsque mon frère m'avait vendu pour redorer ça réputation et empocher la récompense sur ma tête. Je me refusais habituellement à me souvenir de ces moments car ils m'emplissaient la tête et rouvraient d'autant plus mes blessures. Pourtant ce soir il semble que je n'arrive pas à contrôler mes propres pensées. 

Je me retrouve à régurgiter l'intégralité de mon contenue intestinale dans les toilettes m'irritant la gorge. 

D'habitude je ne souhaite pas non plus y penser car cela ruine mais plus simple rêve qu'est trouver la mort. 

Quel bien triste constat.

 Pourtant avec le temps je pense mettre absout de mes pêchers et je ne comprends pas pourquoi des êtres plus infâmes que je ne le suis ont le droit de mourir en paix.

J'ai, je le pense le droit de le dire, la vie est injuste. Il est bien vrai qu'il est lâche de s'adonner à la pratique du suicide mais pour pouvoir profiter de la vie il faut bien avoir le goût du risque et de la mort qui nous colle à la peau. Ce goût nous rappelant à quel point la vie est courte et fragile. Hors n'ayant plus ce privilège depuis longtemps j'estime d'autant plus que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Voyant en plus le bonheur ou le malheur des autres l'attrait de la mort semble irrésistible.

Éperdument solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant