3 - Forgotten Memories

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Il m'avait demandé de lui parler de moi, de ma vie. J'avais été étonné, au premier abord il paraissait totalement désintéressé par moi mais depuis que je lui avait montré mon tatouage tout avait changé. Ainsi, tous les deux adossés contre la cheminée du toit, je lui avais raconté mon enfance.

« J'ai grandis et toujours vécu dans une maison sur la colline. Je n'ai pas eu le droit d'aller à l'école ni au collège, je faisais tout à la maison et le peu de fois où je sortais c'était uniquement accompagnée de ma mère. Elle travaille au conseil... »

Ses yeux se plissèrent quand il entendit ce mot. Connaissait-il le conseil ? Il me parut subitement plus tendu.

« ... et mon père est scientifique, autrement dit, on fait partie de « l'élite », mimais-je des guillemets »

Après un long silence, on aurait dit qu'il analysait mes mots. Je repris la parole, moi aussi je voulais en savoir plus sur lui, et surtout je n'avais toujours pas eu de réponse en ce qui concernait le tatouage.

«- Et toi ?

-Quoi moi ? ria-t-il d'un rire jaune.

-Et bien que font tes parents pour commencer ? »

Il me répondit le regard dans le vide.

« -Je ne sais pas... enfin si je peux considérer que j'ai des parents, répondit-il un voile de tristesse sur ses iris si particulières.

-Mais où vis-tu ?

-Tu es bien curieuse, répondit-il froidement. »

Le silence retomba entre nous, on aurait dit qu'il l'appréciait et qu'il le laissait souvent s'installer. Moi je n'aimais pas ces moments de calme qu'il instaurait, ils me rappelaient beaucoup trop mes longues journées, seule à la maison.

J'avais un peu cerné ce garçon, il n'aimait pas parler de lui et un mystère l'enveloppait attisant toujours plus ma curiosité. J'estimais que j'avais le droit de savoir, j'en avais marre de vivre dans ce mensonge constant au sujet de mon poignet. J'avais l'impression que mes parents me cachaient tellement de choses. Toutes ces fois ou ils s'étaient tues à mon entrée dans une pièce, j'avais toujours ignoré préférant croire leurs mensonges peut-être plus réconfortant que la vérité.

Puis ils étaient mes parents, s'ils me mentaient cela devait être pour me protéger alors à quoi bon chercher des réponses. Mais aujourd'hui ces silences me pesaient. J'avais déjà vu les bras de mes parents et d'autres personnes en ville, ils ne portaient pas de chiffres. Cloud était le premier.

Résignée à ne pas avoir de réponses pour aujourd'hui, je consultais ma montre et constatais avec effroi que j'avais largement dépassé l'horaire.

Je me levai précipitamment quand Cloud interrompit mon geste.

« Tu ne dois pas parler de moi... à personne ! »

Son ton sonnait comme un ordre, voir un avertissement. Je voulais le revoir, il fallait que j'obtienne mes réponses mais si mes parents s'apercevaient de ma disparition je risquais d'être enfermée à vie dans ma chambre.

J'acquiesçais d'un hochement de tête et m'élançais dans les escaliers menant à la ruelle. Je me mis à courir serrant mon sac contre mon flan. Les passants me regardaient, je devais paraître folle ainsi. Ignorant la douleur qui naissait aux creux de mes côtes, j'avançais vers la périphérie de la ville. La colline me parût bien rude et je peinais à la monter au petit trot.

Le soleil se couchait derrière la vallée quand j'atteignis enfin le perron de ma maison. J'eus à peine le temps d'apercevoir les voitures respectives de mes parents dans l'allée du garage que la grande porte s'ouvrit à la volé.

CLOUDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant