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C'était un dimanche soir. Il pleuvait. Il pleuvait des cordes folles. Le battement des larmes du ciel étoilé ne cessant de perler à chaque milliseconde du sol s'écrasait à la moindre chute. Cette mélodie peu attrayante de mes yeux était accompagnée de cette folie incarnée qu'était l'orage. Que diable ce duo infernal pouvait aller en enfer car je me trouvais bien trempée... Simplement vêtue d'une veste à capuche jaune, et de mon pyjama gris, je me trouvais dans un état indescriptible. Marcher dans les flaques par le biais de simples baskets... Puis de se camoufler un peu plus dans les tissus de son manteau car par moment le flot de perles salées s'accélérait par le coeur du vent. Et tout ça pour quoi ? Pour se rendre à la petite épicerie à l'autre bout de la rue car mon ventre criait famine à minuit pile. 
Si j'avais su ce jour-là que je n'avais plus rien dans mes placards, j'aurais pu faire le plein un peu plus tôt, ou consommer un peu moins que la normale. Mais hélas, je n'avais guère le choix car le mal était fait. Et voilà que la colère de Dieu s'abattait sur ma stupidité et ma gourmandise. Pauvre de moi. J'aurais pu même choisir un meilleur jour pour me déplacer hors de chez moi, mais le karma s'était également ajouté à la liste vu la façon dont les gouttes d'eau s'écrasaient sur moi. Plus le temps passait, plus les kilomètres augmentaient, et plus je finissais en un chiffon vivant et usée par ma propre erreur. 

Sans parler de l'orage donc, où ses éclairs se permettaient d'insulter mon idiotie, car, comme on le sait tous, l'être humain est stupide. Toutefois, ce scintillement d'étincelles était assez différent de ce que j'avais pu assister auparavant. Comme si les lueurs de cette colère semblait plus blanche et plus innocente que le blanc de mes yeux. Même à la télévision, ce phénomène là n'était jamais venu à ma connaissance. Mais je n'y prêtais pas plus attention, car mon cerveau se basait sur cette histoire de nourriture. 

N'oublions pas que vu l'heure à laquelle je sortais, il n'y avait personne. Les rues étaient silencieuses, et malheureusement, et surtout à ma grande surprise, lorsque j'atteignais le quartier où résidait le petit bâtiment qui servait d'épicerie, même à travers les vitres je ne voyais personne. Après, en prenant soin de couper la distance entre ces murs et mon corps, évidement que si je n'étais pas rentrée immédiatement dedans je ne pouvais certainement pas discerner une présence humaine. Enfin, je pensais encore devenir folle, mais pourtant, les lumières étaient là, le magasin était ouvert... Hélas rien. Ni personne. Ni même une trace animale. Rien de tout ça. 
« Argh... Même à l'épicerie il n'y a personne. », pensai-je donc alors que je commençai à me demander si je ne devenais pas aussi tarée que mes parents. Enfin je me trouvais là, à regarder autour de moi, mes yeux plissant chaque détail des rayons et de la caisse. J'étais trempée, mais à l'abris. Pour le moment en tout cas. Il ne me manquait plus qu'à chercher ce que je voulais. Inspirant un grand coup, j'avançai lentement auprès du premier rayon que je croisais : Le rayon snack. Ne me demandez pas pourquoi, je n'avais suivi que mon instinct. Mes yeux dérivaient donc parmi chaque paquet, ou de ce qui était offert. Pendant encore un long moment je me surprenais à ne guère savoir quoi empoigner de mes doigts, et je prenais en fait trop de temps à réfléchir... Tellement de temps, qu'à l'instant d'après, j'allais regretter de m'être attardé sur des choses futiles. Alors que j'avais levé un de mes avant-bras afin de laisser le bout de mon index tapoter mes lèvres, tout en réfléchissant à mes choix, les lumières de l'épicerie commençaient à faire un caprice. Plus les secondes s'écoulaient, et plus je m'étais trouvée dans le noir. Un noir total. Seul les petits éclairages de certains rayons étaient en vie, mais le reste ? Vide de tout sens.  
« Euh... Il y a quelqu'un ? », demandai-je pas rassurée du tout. J'étais bien la dernière personne à aimer l'obscurité, alors si il fallait que ça m'arrive là c'était clair que j'allais frôler une crise cardiaque. Mais mon Dieu, je commençai réellement à flipper quand j'entendais des bruits provenant de l'extérieur, près de l'entrée du bâtiment. Ces sons étaient inconnus pour moi, mais ils étaient forts étranges, pas même humains pour être honnête.

heaven | jwOù les histoires vivent. Découvrez maintenant