Chapitre 4

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James

Je me glisse à l'intérieur de la ferme. Mon estomac crie famine et je regrette de ne pas m'être laissé tenter par l'énorme hamburger que m'a proposé mon boss à ma pause. J'aurais dû me douter que mon estomac se réveillerait tôt ou tard. La petite dépendance que m'ont aménagée Coleen et Phil étant dépourvue de vraie cuisine - si ce n'est un petit plan de travail avec un mini frigo et une cafetière - je suis donc obligé de venir ici dès que j'ai un petit creux, comme maintenant.

Aucun bruit ne se fait entendre lorsque je passe de l'entrée à la cuisine si ce n'est le tic tac agaçant de l'horloge que Coleen se refuse pourtant à virer d'ici. Il est presque 2h du matin, tout le monde doit déjà dormir profondément. Les Thorne devaient être épuisés par la route et Phil et Coleen se lèvent aux aurores donc en général ils ne se couchent pas après 23h.

J'ouvre le frigo et un sourire se dessine sur mon visage lorsque je vois une assiette remplie de chili con carne avec un post-it à côté. Coleen a pensé à moi comme toujours. Je m'empresse de faire réchauffer l'assiette au micro-ondes en espérant que le bruit ne réveille personne et lorsque je sors le plat odorant et fumant, mon estomac s'affole. Je n'aurais pas pu dormir sans avaler quelque chose de toute façon. La soirée a été intense comme d'habitude. Le Lounge Texas Club est le seul endroit décent de la petite ville de Port Lavaca. Restaurant, bar et club, tout le monde se réunit forcément là-bas. C'est tout le temps blindé et encore plus depuis que le patron de l'endroit a décidé d'organiser également des concerts amateurs avec des groupes de la région.

Declan Grayson n'a que 33 ans même si son visage marqué et sa barbe fournie laissent penser qu'il en a 5 de plus. Il s'est installé ici il y a seulement quelques années et il a racheté l'ancien bar de la plage qui a brûlé et qui était en vente depuis des années pour ouvrir le Lounge Texas Club. Au début, tout le monde snobait l'endroit. Declan n'avait pas bonne réputation et cela suffisait à tenir éloignés les gens. Puis petit à petit, il a réussi à se faire une petite clientèle de jeunes lycéens et étudiants et tout le monde a finalement eu envie d'y aller. Peut-être plus par curiosité que par réel intérêt envers l'endroit, d'ailleurs. Mais aujourd'hui, l'endroit étant devenu le seul bar dans le coin qui ouvre tous les jours et jusque tard dans la nuit, ça ne désemplit pas.

Il m'a embauché à peine un an après l'ouverture quand son affaire a commencé à se lancer et je lui suis reconnaissant de m'avoir laissé ma chance. Comme lui, je n'ai pas vraiment bonne réputation. Le fils Whitehorse n'inspire plus la pitié parce qu'il n'est qu'un pauvre orphelin malheureux mais il énerve et en agace plus d'un. J'ai fait pas mal de conneries étant plus jeune, tous les flics du coin me connaissent et m'ont à l'œil même si je me suis calmé depuis longtemps. Mais Declan se fout de ce qui se raconte sur les gens. Il préfère se faire sa propre opinion et c'est ce que j'aime chez lui.

J'enfourne une bouchée de chili dans ma bouche et laisse échapper un soupir d'aise. Les quelques bières que j'ai bues n'ont pas suffi à me tenir au corps. J'avais besoin d'un plat bien consistant et le Chili maison de Phil ne pouvait pas tomber mieux. Un bruit me fait soudain sursauter et je me fige en tendant l'oreille. Le parquet grince. Il y a quelqu'un dans le salon ou dans l'entrée. J'attrape la bouteille en verre vide qui traîne, cadavre du bon vin qu'ils ont dû siroter ce soir, et je me lève prestement pour me glisser vers la porte. Le bruit se fait de nouveau entendre et je me tends en retenant mon souffle. Il y a eu pas mal de cambriolages dans la région ces dernières semaines et je n'ai pas envie que quelqu'un pénètre ici. Même s'il n'y a rien de précieux à voler, je sais que Coleen détesterait qu'on rentre chez eux. Le parquet craque de nouveau, tout près, et un soupir agacé se fait entendre.

Je me décide à surgir hors de la cuisine, ma bouteille en main brandie comme un sabre et un cri aigu se fait entendre. Je distingue dans la pénombre une jeune fille qui arbore un visage terrifié. Je m'empresse de la plaquer contre le mur et de couvrir sa bouche de ma main lorsque je sens qu'elle va crier de nouveau.

Texas Love {sous contrat d'édition}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant