Chapitre 2: Le palais d'Orfèvre

12 2 0
                                    

C'est donc abruti de fatigue que, au bout d'une semaine, elle confia temporairement sa charge à Getih Murni, lui laissant des consignes très claires : il ne devait pas s'éloigner de sa politique habituelle et, s'il avait le moindre doute sur une décision à prendre, il devait aussitôt envoyer un coursier pour qu'elle le conseille.

Elle partit discrètement, entourée d'une douzaine d'Ikus et d'une quarantaine de gardes. Elle prit également son Abdi préférée, qu'elle avait renommée Perle. Après un long moment de réflexion, elle laissa quelques instructions concernant Jules que son frère devrait appliquer à son retour. Quant à Pengkhianat, la reine lui intima de préparer ses affaires en vitesse et de la rejoindre ensuite.

Quand tout ce beau monde fut prêt à partir, les gardes entourèrent de leurs montures la voiture dans laquelle se trouvaient Kaendahan et ses quelques serviteurs. Le convoi se mit en branle et sortit rapidement de l'enceinte du palais.

La voiture de la reine était compartimentée de manière à lui laisser un peu d'intimité. Ses serviteurs étaient dans la partie avant, assis sur des bancs au milieu de ses bagages les plus petits. Elle-même se trouvait à l'arrière, sur une banquette délicieusement molletonnée. En face, sur une banquette plus dure, se trouvait Pengkhianat, assez intimidé par ce traitement de faveur. L'ensemble de la structure était porté par six roues et tiré par trois rangs de quatre chevaux.

Grâce aux six roues, la voiture ne secouait pas trop ses occupants, Kaendahan pouvait donc se prélasser à sa guise, narguant Pengkhianat, dont le dossier était trop raide.

Es-tu bien installé, Pengkhianat ?

A vrai dire, pas tellement. Ce dossier est très raide. Mais je pense pouvoir m'en accommoder, votre Majesté.

Tu peux me rejoindre si tu veux... A une condition.

Laquelle, votre Majesté ?

Oh, mais je pense que tu t'en doute, répondit-elle tout en faisant imperceptiblement tomber les bretelles de sa tunique. Tu sais quoi faire.

Vous voulez dire... là maintenant ? tout de suite ?

Oh que oui. Tu es à mon service pour cette seule et unique raison, susurra la belle reine.

Pengkhianat se figea. La gentillesse et la délicatesse de la reine envers lui lors de son arrivée puis l'abandon total de ses Abdis par la reine lors des derniers jours lui avaient fait oublier son rôle : il était l'esclave sexuel de la terrible Kaendahan, reine de Kutha. Il n'était rien.

Kaendahan l'apostropha, impatientée :

Eh bien ? qu'attends-tu ?

Je me soumettrais à vos ordres, Kaendahan.

Bien... mets-toi donc à l'action, intima-t-elle.

Votre majesté...

Oui ?

Vous pouvez contrôler mes actions, mais jamais vous ne ferez de même avec mes sentiments.

Pardon, s'offusqua Kaendahan. Comment oses-tu me parler ainsi ! tu m'appartiens corps et âme !

KaendahanWhere stories live. Discover now