Kaendahan Elek était une femme fière, hautaine. Elle était la reine toute puissante de la cité-état de Kutha, comme sa mère l'avait été, comme sa grand-mère l'avait été, comme son arrière-grand-mère l'avait été, et ainsi de suite jusqu'à des temps immémoriaux. La société dans laquelle elle vivait se construisait en une pyramide sociale très lourde, où chacun naissait, vivait et mourait à la même place.
Elle avait à son service près de mille Ikus, ses fidèles serviteurs, attentivement sélectionnés parmi les Thunduks dès l'âge de 14 ans. Les Thundunks, classe la plus basse de la population, étaient libres de leurs mouvements et de leurs possessions. Ils disposaient de tous les droits, excepté le droit politique : ils n'étaient pas des citoyens. C'étaient donc quelques 2500 personnes qui se retrouvaient privées de ce droit.
Ensuite venaient les Bakuls, riches marchands, au nombre de 2000. Ils étaient citoyens mais enviaient les 500 Ningrats, nobles et courtisans, qui vivaient de leurs rentes et qui avaient les grâces du pouvoir.
Mais tout ce monde ne pouvait fonctionner sans les 4000 Abdis, les esclaves, les travailleurs de l'ombre qui s'adonnaient aux tâches les plus humiliantes et les plus dégradantes. Ningrats et Bakuls, tout comme la famille royale, allaient se les procurer dans des contrées lointaines et glaciales, car qui n'est pas né sous la chaleur n'est pas vraiment humain. Pour leur rappeler sans cesse leur infériorité, tout était permis : humiliations permanentes, séances de fouettage rituel à chaque nouvel an, privations, combats contre de jeunes Ningrats armés jusqu'aux dents, et ainsi de suite. Lors des dîners, ils étaient bien volontiers enivrés pour offrir un divertissement de choix aux nobles. Cependant, une dizaine d'entre eux, tous des hommes, pouvait obtenir le privilège de vivre au palais, dans des conditions moins déplorables, avec au moins un repas chaud par jour. Mais à une seule condition : que Sa Majesté fasse d'eux ses esclaves sexuels, si leurs performances lui avaient plu. Pour cela, ses gardes allaient chercher les plus beaux esclaves de la cité, aux physiques les plus exotiques.
Certes, Kaendahan avait un époux officiel, un Ningrat choisi par sa mère pour ses apparitions publiques. Seulement, l'époux royal, en échange de ce statut privilégié, devait faire vœu de chasteté. Pour cela, il était soigneusement castré. Les époux des reines étaient tous renommés Bojomu Utami et exerçaient également les rôles de conseiller et de Grand Prêtre.
Mais Kaendahan était têtue, et malgré ce qu'indiquait le protocole, elle préférait nettement avoir pour conseiller son grand frère, Getih Murni. C'était le seul fils qu'avait eu sa mère, du moins officiellement. Mais elle avait aussi cinq petites sœurs, toutes cupides et superficielles, mariées à des Ningrats. Elle les méprisait profondément. Au contraire, son frère représentait tout à ses yeux car il était le seul à la comprendre, à comprendre le dur exercice du pouvoir. Elle appliquait souvent ses conseils, mais n'hésitait pas à le contredire quand elle n'était pas d'accord avec lui.
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Kaendahan
RomanceKaendahan, la puissante reine de la cité-état de Kutha, voit son quotidien bouleversé le jour où un nouvel esclave arrive à son service. Entre intrigues de cour, sexe et tensions politiques, plongez au coeur d'un royaume en déclin.