Critique 2: "Le monde était trop brut" de lavoleusedemots

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Aujourd'hui, vente d'un lasso arc-en-ciel

Le résumé de ce sympathique petit ouvrage est assez, tout comme la couverture et le titre carrément trop beaucoup mystérieux. Si le résumé est court et synthétique (trois gens bizarres qui se retrouvent dans une formule bizarre, il y a de fortes chances pour que l'histoire soit bizarre), il a le mérite d'être original. La couverture est un mélange entre "Singing in the rain" et "Abdel le babibel", ce qui n'éclaire pas beaucoup. Le titre, plus poétique que Victor Hugo dégustant un croissant n'amène pas d'autres précisions. Tout cela est donc fort plaisant, agréable, mais le style y est tellement qu'on perd le fond. Et à moins d'être Cyril, le playmobile gothique de Jean Jaurès, trop de mystère tue le mystère.

Cependant, sollicité avec enthousiasme pour une critique, j'ai fini (après mon bugg intersidéral pour comprendre ce qui allait se passer) par avancer jusqu'au prologue. Ici, j'avoue ne pas avoir accroché: au cas ou nous n'aurions pas compris, l'auteur répète. Parce que si jamais c'est mal compris c'est pas bien, donc elle répète. Alors que si on a compris c'est bien donc pour qu'on comprenne bien l'auteur répète. Pour s'assurer donc, de notre bonne compr.... ok j'arrête. Les répétitions c'est sympa, mais ça relève plus du comique. Après tout pourquoi pas puisque le héros commence par être franchement boudeur. Boudeur et amnésique (puisqu'il croit être amoureux. Puis il ne sait pas. Mais la description est assez vue pour qu'on comprenne). Ah oui, j'ai oublié sur la forme: une phrase, quatre lignes, douze mille virgule. L'auteur est clairement sponsorisée par le Collectif de la Virgule #placementdeproduit.

Honnêtement, arrivé là j'étais dubitatif. Je me suis demandé si j'allais être méchant tout le temps, si j'allais tout pourrir, si l'auteur n'aurait plus qu'à pleurer des larmes de sang dans son petit lit de plume. Mais non Jamychel! (c'est un prénom que je viens d'inventer, là). Si on peut reprocher à l'écriture d'être trop structurée par rapport à l'histoire dans les premiers chapitres (beaucoup de locutions, de reprises, de parler soutenu qu'on sent forcé), elle finit par s'assouplir et s'adapter, telle une petite fleur des champs qui s'épanouit sous le soleil. Bon c'était trop sympa de ma part, je vais cracher sur le vendeur de fleurs en bas.

En parlant de cracher, je remet mon venin et aie aie aie. Alerte au cliché! On se rencontre grâce à un exposé? BANG BANG BANG (c'est ma tête contre la passoire brûlante). En plus c'est le mec timide et doué? BAOUNG BAOUNG BAOUNG Qui est avec la personne qu'il va aimer? BRAOUING BRAOUING BRAOUING. *Cette critique est momentanément interrompue l'auteur étant en PLS dans le Frigo*

Reprenons plus doucement.

Par chance, il ne s'agit pas d'une chronique à la con. Et pourquoi, Willy, pourquoi? Parce que les personnages sont réalistes. Étranges mais réalistes. Carmen et Alex sont mystérieux au premier abord (Carmen toujours au dixième abord d'ailleurs). Et puis la formation de l'équipe est bien plus cohérente que les "on se met avec le voisin et oh merde c'est le badboy" Pour continuer sur cette lancée, quelques frottements légers ont été remarqués par ma personne. On les comprends avec un peu de recul, mais je signale, au cas ou lavoleusedemots souhaite les changer. Je pense par exemple au fait que malgré sa fragilité et son essai de comprendre le monde, Clay fasse part de ses préjugés sur les gens. Ou au fait qu'Alex le-mur-de-pierre s'ouvre aussi rapidement à quelqu'un qu'il semble mépriser.

J'ai relevé également que l'auteur laisse de looongues notes de début de lecture, qui quand on ne suit pas le texte dans son écriture est assez encombrant. Je reconnais cependant avoir un faible pour les citations de début de chapitre. Je les savoure comme des sushis. Des sushis de bébé. Je m'égare.

Passons au rythme: malgré un suspense modéré, l'histoire est assez accrocheuse, et progresse de telle manière qu'on à aucun mal à la continuer et qu'on prend plaisir à lire les chapitres qui arrivent.

On a également de très bonnes surprises. Par exemples l'étude du personnage comme personne sociale, puis intérieure, etc le rend humain et attachant. La parodie de diagnostique lorsque la mère intervient est également très bien trouvée.

Si j'ai un conseil

- Pour le lecteur découvrant la critique: saute le prologue, tu atterriras directement sur un petit bijou.

- Pour @lavoleusedemots : Ton histoire est un escalier qui ne fait que monter. Entre ambiguïtés, secrets et découverte, plus on la lit plus on l'aime. Il ne te reste plus qu'à éviter aux lecteurs de se casser la gueule dans l'obscurité en bas des marches, pensant bêtement que tu as oublié de revisiter le cliché.

- Pour moi: Laisse ce livre dans ta bibliothèque. C'est euh... pour le travail.

Voilà, j'étais un peu fâché, alors j'ai un peu forcé sur la bataille mais j'espère que la critique te plaira autant que j'ai pris de plaisir à la faire. Merci de m'avoir laissé massacrer ton histoire lavoleusedemots. 

A bientôt! 

Les Critiques Méchantes [Fermé]Where stories live. Discover now