Je me réveille dans la nuit du 6e jour, et m'étire un peu. Depuis le temps, j'arrive à bouger sans trop avoir mal, et mes brûlures sont moins encombrantes. J'ai pu manger et reprendre des forces, mais part ça je n'ai rien fais de mes journées. Donc là, en pleine nuit, je suis bien éveillé et je regarde par la fenêtre les nuages passer devant la lune. Dehors il n'y a aucun bruit, et les rideaux bougent à peine avec la petite brise. Ahh, ça fait du bien de respirer de l'air frais après être resté dans la chambre fermée.
Mais s'il y a un truc que j'ai remarqué pendant ces quelques jours, c'est que Katsuki ne me laisse jamais plus d'une demi-heure seul. Il passe son temps à faire des allers-retours dans la chambre, un coup pour faire des trucs sur son bureau, un coup pour changer mes pansements, un coup pour me donner à manger ... En fait il est aux petits soins avec moi. Je l'entend crier, souvent, contre son frère mais dès qu'il rentre dans la chambre il se calme et me parle doucement. Même la nuit, il ne me laisse pas seul, il est souvent sur sa chaise de bureau, soit à lire un livre, soit à dormir les bras croisés. Mais il ne reste jamais bien longtemps, et continue ses allers-retours au bout de quelques heures.
Ben d'ailleurs, maintenant il est assis en train de dormir. J'ai envie de me lever et de le voir de plus près, quand il dort. Mais à peine je bouge mes draps qu'il relève la tête, sans doute réveillé par le bruit.
- Tu veux te lever ?
Il a une voix toute endormie, c'est trop chou. Ben oui, de toute la journée il parle peu, et avec sa voix grave et ses yeux rouge rubis il fait jeune homme fort et fier. Alors l'entendre avec une petite voix, comme ça, avoue que l'image est attendrissante.
- Tu veux boire ?
J'acquiesce. Alors il se lève, s'étire et sort de la chambre sans un bruit. Pendant qu'il n'est pas là j'en profite pour me lever, car c'était mon but à la base. Je pose délicatement mes pieds contre le sol, un peu froid mais pas désagréable, et commence à m'appuyer dessus. J'ai pas trop l'équilibre, mais j'y arrive et marche doucement vers la fenêtre ouverte. La nuit est claire, donc on voit bien les rues à peine éclairées.
Quand Katsuki revient, je suis accoudé au rebord. Je suis bien, là. Ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas aussi serein ...
Il me tend le verre d'eau en s'accoudant lui aussi. Je le remercie, et porte le verre à mes lèvres. Je ferme les yeux, et laisse mon esprit vaguer où bon lui semble, ne m'attardant pas sur une idée précise. Je pense que la présence du blond près de moi me rassure. Rarement je me suis permis de rester accoudé à la fenêtre, à me perdre dans mes songes, sans avoir peur de m'en prendre une parce que je suis censé bosser. Au fil des ans j'ai appris à devenir méfiant envers les autres, mais je ne sais pas, il y a quelque chose avec lui qui me dit que je peux baisser ma garde, que je peux me reposer et souffler toute la pression que j'ai accumulé. Et je ne pense pas que ça soit uniquement lié à ses yeux. C'est vrai, ils sont magnifiques, éclatants comme ils sont, et si intrigants, on a envie de savoir tout les secrets qu'ils renferment.
Ce garçon est une anomalie, tout comme moi. Est-ce qu'il s'est dit la même chose quand il m'a vu par terre, l'autre jour, avant de me sauver ? A-t-il pensé que mes yeux verts brillaient malgré les larmes et qu'il était intrigué au point de me sauver ? Ou bien m'a-t-il sauvé pour autre chose ?
Je fronce les sourcils. Oui tiens, pourquoi est ce qu'il m'a sauvé ? Ça aurait pu être pour tout à fait autre chose, si ça se trouve il ne m'aurait pas sauvé si je n'avais pas été une couleur. Il faut que je lui demande.
- Dis-moi, Katsuki ...
- Hm ?
- ... Je voulais savoir, pourquoi est-ce que tu m'as sauvé, ce jour-là ?
Il ne répond pas de suite. Merde j'ai dit une connerie ? Ou alors il ne veut pas me dire car c'est vexant ? Oui, c'est sûrement ça. Il a dû me sauver par pitié, simplement. Ça fait mal de se dire ça, mais il n'aurait pas pu avoir une autre raison au fond.
Je l'entends soupirer, et je baisse la tête, déçu. Je ne sais même pas pourquoi je me sens mal, après tout j'ai toujours été celui qu'on oublie dans un placard et qu'on frappe parce qu'il n'a pas fait la vaisselle assez vite. A quoi je m'attendais, franchement ?
- Pourquoi tu te demandes ça ?
- ... Pour rien, oublie.
Je soupire, et me retourne pour aller dans le lit me recoucher mais il m'attrape doucement le poignet pour me retenir mais sans me faire mal.
- Si je t'ai sauvé, c'est parce qu'un enfant ne doit pas être battu, peut importe si ses yeux sont verts ou bien bruns. C'était de la totale injustice, donc je les ais arrêtés. Ils n'avaient pas à s'en prendre à toi comme ça.
- Je vois ...
J'ai beau avoir l'habitude, ça blesse toujours quand les gens me prennent pour un gamin. Je retourne sans un mot sous les draps, dos à lui. Au bout d'un moment je l'entends fermer la fenêtre, puis se diriger vers la porte. Alors avant qu'il ne parte je l'appelle.
- Oui ?
- .. Je ne suis pas un enfant. J'ai 18 ans, pas 13.
- Ah.
Après ça il ne dit plus rien, et passé quelques instants il s'en va et referme la porte, me laissant me rendormir.
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Les couleurs de l'amour
FanfictionDes coups. Encore et encore, on me ruait de coups. Juste parce que je suis différent. Pourquoi ? Laissez-moi vous expliquer. Tout d'abord, je m'appelle Izuku Midoriya, j'ai 18 ans et je suis ce qu'on peut appeler une anomalie. Le monde dans lequel...