Révélations au phare

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Après ses quelques phrases je suis déjà déboussolée. Je reconnais juste le phare en face de moi, vers lequel nous marchons. On s'assoit sur le quai, adossés au phare, en nous taisant et regardant l'horizon. Le silence est pesant, il ne fait pas beau mais sa présence rends ce moment déjà plus beau même si je sais que ce qu'il va m'annoncer va certainement me chambouler. Je fuis son regard, mais du coin de l'œil je vois bien qu'il me regarde et tente un rapprochement. Il pose sa main sur la mienne et me la caresse avec son pouce. Le contact de sa peau avec la mienne me donne des frisons, et me brûle. Je retiens ma respiration notamment à cause du stress mais j'arrive petit à petit à me calmer. Voyant que je n'engage pas la discussion il se lance :
- Écoute, cela fait 10 ans aujourd'hui que j'attends ce moment : nos retrouvailles. J'en ai toujours rêvé mais je savais qu'elles étaient impossibles. Je veux bien te raconter tout ce qui s'est passé mais promet moi de le garder pour toi et de m'accepter après ça, déclara-t-il
- C'est promis, dis-je tout bas
- Toi et moi on a un an de différence. Avant que je naisse nos mères étaient déjà très amies, ainsi que nos pères. À l'époque aucun d'eux n'étaient séparés. Lorsque je suis né cela à donné le goût des enfants à ta mère et tu es arrivée. Je t'ai tout de suite pris sous mon aile et considéré comme ma soeur. En grandissant, nous passions nos journées toujours ensemble, chez toi, chez moi, à la plage, dans le jardin, au parc, en vacances : partout. On était vraiment inséparables. Et puis quand tu as eu 7 ans tu m'as murmuré à l'oreille, après avoir soufflé tes bougies, que je serai, pour toujours, ton amoureux. Et là c'était notre premier bisous. Nos parents étaient les plus heureux du monde...soupira-t-il
- Mais comment tout ça c'est terminé ? lâchais-je les larmes aux yeux
- Un jour, toi et moi on est partis à la plage sans demander l'autorisation. On avait 7 et 8 ans, et en revenant...
Il marque une pause, quelques larmes s'écoulent le longs de ses belles joues et continue.
- En revenant, on s'amusait, on courait, on criait, et une voiture nous a percuté. J'ai été le plus touché, toi tu n'avais que quelques égratignures. Tu t'es relevée et m'a emmené jusqu'à l'hôpital parce que tu avais l'habitude d'y aller pour voir ta grand mère : tu savais donc où il était. Les médecins m'ont annoncé plus de 5 ans d'immobilisation en fauteuil roulant. Et toi tu avais finalement le bras gauche cassé. Après ils ont appelés nos parents et c'est là que tout à basculé.
- Comment ça ? le questionnais-je
- Avec la tension et l'anxiété, nos parents se sont disputés et on a apprit que ton père avait une relation avec ma mère. Alors mon père est parti vivre à l'étranger car il avait trop mal. Il nous a abandonné. De ton côté, ton père je n'en sais rien car nos mères ne se parlent plus. Dit-il
- D'accord mais pourquoi on a été séparés? m'étonnais-je
- Après cet accident, ton père nous a interdit, à moi et ma mère, de vous approcher, toi et ta maman, car j'avais soit disant une mauvaise influence sur toi. Depuis je n'ai plus jamais eu le droit de te voir. Chaque fois que je croisais ta  mère elle me lançait un regard noir qui me remémorait la menace de ton père, elle ne répondait pas au téléphone, jetais à la poubelle mes lettres : elle détruisait notre relation. Et c'est comme ça que nous deux s'est terminé... soupira-t-il
Nous deux? Waouh...déjà rien qu'à sa formulation on comprends que nous deux comme il dit, était très important à ses yeux. Mais ce que je n'arrive pas à comprendre c'est comment ma mère a pu me cacher ça et pourquoi mon père est finalement parti alors qu'il exerce toujours une interdiction sur Alexandre. Sans m'en apercevoir je pleure, ce qui est bien rare car en public cela m'arrive très peu. Alexandre me regarde, passe son bras autour de mon cou et me fait un câlin. Son cœur bat très rapidement, on dirait que lui aussi est stressé. Il commence à pleuvoir et nous décidons de rentrer.

Une fois à l'entrée de notre rue, nous faisons comme si nous ne nous connaissions pas. Mais avant de se quitter il m'a promis que l'on se reverrai. Quand ? Je n'en sais rien. J'entre trempée dans la maison et commence à enlever mes chaussures. Ma mère furieuse me crie dessus :
- Mais où tu étais Céleste! Punaise ça te sert à quoi un téléphone bordel ! Je t'ai appelé au moins 20 fois et tu m'as pas répondu! Tu es punies de sorties Céleste! La prochaine fois tu me diras où tu vas!
Je l'ignore et fais comme si de rien n'était . Je prends un jus de fruit et mange un paquet de Granola . Et elle revient à la charge :
- Céleste il est 19h 57 tu vas pas manger maintenant! On mange dans pas longtemps le dîner est prêt!
Elle me prends mon goûter tardif et claque la porte du placard. Ce qu'elle me gonfle! Je l'ignore toujours car je sais que ça l'énerve . L'ignorance est le meilleur des mépris. En montant les escaliers je l'entends me crier dessus mais je ne l'écoute pas. Ce qui l'énerve car elle monte dans ma chambre mais je lui lance alors quelques mots:
- Je parlerai avec toi quand tu m'auras expliqué l'histoire sur papa et la voisine ainsi que de son fils, Alexandre. Merci et bonne soirée
Complètement abasourdie elle se fige, surprise de ma réponse à laquelle elle ne s'attendait sûrement pas. Elle descends sans broncher. Je referme la porte et ouvre ma fenêtre. J'ai alors une idée. Je prends le caillou que m'avait offert Alexandre et y note une phrase :

« Less erreurs du passé sont les solutions de demain »

J'attends que maman s'endorme et me dirige devant la maison d'Alexandre. Mais au moment de jeter la pierre sur son volet, les phares d'une voiture m'éblouissent . Je me décale sur le bord, mais la voiture n'avance toujours pas. Euh attendez j'ai peur là, imaginez c'est quelqu'un de méchant? Je dégaine alors mon téléphone et tape :

« SOS J'AI ÉTÉ ENLEVÉ »

Prête à l'envoyer à Maman. Mais au moment de l'envoyer j'entends une voix d'homme :
- Céleste? S'étonne-t-il

Invariable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant