À ta fenêtre

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Finalement je m'étais fais trop de plans sur la comète et comme je suis une dégonflée je ne suis pas allée parler aux personnes susceptibles d'être  à l'origine de ces maudits messages. La fin de semaine est passée aussi lentement que d'habitude et avec toujours autant de banalité.

Samedi : premier jour des vacances! Enfin! Je les attendais tellement celles-ci! Il est 12h25 et je suis encore toute endormie et affalée sur mon lit ; à vrai dire j'avais oublié de vous  mentionner que j'étais une marmotte! Dès mon réveil je pense à ce foutu message! Il monopolise ma pensée! Ploc...ploc...ploc... Tiens? C'est quoi ce bruit? Je me lève précipitamment de ma tanière et remarque des cailloux s'écrasant contre ma fenêtre. Je l'ouvre aussitôt et entends des pas s'éloigner en courant. Merde! Trop tard! Et bien sûr de ma fenêtre, le gros saule pleureur ne me permet aucune visibilité! Et mince!

Après avoir pris un repas rapide, je chausse ma paire de vans noires préférées et me dirige en direction de la plage. Il me faudra bien 45 minutes pour la rejoindre. Ce goût salé que j'aime tant, vient épouser la forme de ma bouche et les grains de sable volant se collent à mon baume à lèvre. Aujourd'hui pas de coucher de soleil époustouflant, pas de soleil tout cours : il pleut, il fait moche et il y a du vent. Pourquoi je suis allée à la plage avec un temps pareil? Tout simplement parce que... je veux... connaître...l'identité de... non non arrête toi Céleste on dirait une accro! J'oublie partiellement cette pensée et m'avance vers le phare. Je m'assoie sur le bord du quais et regarde l'horizon tout bleu.
-J'aime aussi le regarder, lance quelqu'un derrière moi
Je ne réponds pas quelques secondes, reconnais la voix, puis lance un :
- Qui es-tu?
- Si tu me connaissais tu ne m'aimerais pas tel que je suis, soupira-t-il
- Ça tu n'en sais rien, tu ne me connais même pas, retorquais-je un brin indignée
-Si justement je te connais très bien, renchérit-il
À cette phrase mon coeur se serra, et ma tête se tourna très rapidement. Bien sur personne n'était là, simplement un petit chien blanc, sans doute perdu ou bien en quête de liberté comme moi. Oubliant la scène qui venait à l'instant de se produire, je repensais à ma vie d'avant, où j'aimais être avec mes amis, où on rigolait ensemble, on ne se prenait jamais la tête et je n'étais jamais seule (j'en avais peur), j'avais besoin d'être entourée. Aujourd'hui j'ai des amis, oui, enfin 3 ou 4, c'est pas le nombre qui fait la différence mais même en leur présence je me sens seule et perdue. Et ça m'énerve de me voir ainsi et de ne rien pouvoir faire surtout que je sais qu'il y a plus grave dans la vie. Quand je suis seule,  mes pensées chavirent d'un bord à l'autre et ne savent quel cap suivre, c'est vrai, mais bon je me sens comme libre et j'apprécie d'être seule avec mes pensées. Je reste un instant les yeux fermés sous la pluie avec mes cheveux mouillés, si ma mère était là, elle m'engueulerait, me disant que je suis tarée et que je vais chopper la mort. Qu'importe, j'apprécie ce moment, alors je reste là, jusqu'au soir où la pluie se calme et décide de rentrer. Ce moment était vraiment relaxant et à la fois terrifiant, car ma solitude cohabite avec mes pensées et les deux ne font pas bon ménage, l'un voulant m'isoler, l'autre cherchant à me faire vibrer et me faire évader. Sur le chemin j'écoute Si seul d'Orelsan , oui elle datte mais je l'adore, elle représente tellement ce que je ressens.

En arrivant à la maison, je suis crevée, à cran et  déboussolée, maman s'en aperçoit mais je n'entends pas ce qu'elle me baratine, bien trop occupée à trier mes pensées, bonnes comme mauvaises. Ce que je n'aime pas dans ma vie c'est que chaque bon moment est suivi d'une vague de remords, de regrets et surtout je me sens vide. Dans ces moments là, je me réfugie dans ma tanière, sous mes 3 couettes et m'endors avec ma musique. Mais ce soir je n'ai pas le coeur à écouter ma musique car je sais ce qu'elle procure en moi, je suis tellement émotive que je risque d'en pleurer. Alors à la place je me mets à dessiner, je prends mon cahier de dessin et trace les premiers traits. Pour l'instant ça ne ressemble pas trop à grand chose, mais petit à petit un phare et une silhouette massive apparaissent avec pour fond, un horizon bleu comme celui de cet après-midi. Plongée dans mon dessin je ne fais pas attention à l'heure. Jusqu'à ce qu'un carreau de ma fenêtre se brise : 2h07. Merde c'est tard je vais me faire démonter. J'accours près de la fenêtre et cette fois-ci, pas de petits cailloux, mais un galet, comme ceux de la plage en bord de mer. Mince...la fenêtre est cassée, maman va croire que c'est ma faute et je vais être punie non! Putain! Je ramasse les débris, les jette à la poubelle et pose le galet sur mon chevet. Je passe 30 minutes à le regarder, sans bouger, sans comprendre. Puis je me remets à dessiner, cette fois je dessine ma fenêtre brisée avec le galet en plein vol. Pour mieux respecter les proportions je l'attrape et le retourne pour l'observer sous tout ses angles. Je m'aperçois alors que ce n'est pas qu'un simple galet non... il y a un mot gravé dessus :

« À ta fenêtre je viendrai, chaque soir sous cet arbre , inconnue sera mon identité,  tel sera notre équilibre »

Je n'ai pas les mots. Je suis à la fois subjuguée mais aussi terrifiée. Je m'imagine tout les scénarios possibles ; Et si c'était un prédateur et qu'il me voulait du mal? Et si c'était cette voix du phare? Est-ce une mauvaise blague? La pendule du salon sonne 3h du matin et mes yeux, embués par la peur, se ferment douloureusement, laissant derrière eux, cette journée très tumultueuse. Et donnant vie à un nouveau jour qui ne sera pas banal pour une fois.

Invariable Où les histoires vivent. Découvrez maintenant