Gasoline

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Pdv Sunset

Assis sur le rebord d'un muret , je laisse mes pieds se secouer lentement. Mes pensées vont d'un événement à l'autre. Des paroles de Jaimie qui ne veut plus me voir à celle de Ni Oh qui m'avait fait la morale en rentrant. Ça façon de me considérer comme un enfant qui n'écoute pas. Dépité, je regarde le bout de mes chaussures.
J'avoue être sorti sans réfléchir lorsque Ni Oh m'a dit à quel point je l'exaspérait à toujours trouver une autre bêtise , et que je devais penser à grandir. J'avoue aussi avoir retenu mes larmes quand les mots " gamin " et " idiot "sont sortis de sa bouche. Oui j'ai mérité ces mots , et ils ne sont pas si terrible. Mais c'était déjà trop en une seule journée.

Le soleil disparaît de plus en plus derrière le grand bâtiment abandonné devant moi. Les rayons de lumière caressent les murs décrépis et fissurés de l'immense bâtisse. Les plantes qui ont commencé à y pousser témoignent de son âge. Sans vitres ni portes , c'est un abri désossé , détruit par le temps. Mais je m'y sens bien. Sûrement parce que le manque d'intérêt des passants pour ce lieu me garantit une certaine tranquillité. Mon regard parcours les murs et leurs graffitis. Un vestige d'une jeunesse qui s'exprime , d'artistes de rue qui cachent leurs œuvres qui ne peuvent être comprises que par eux mêmes.
Mon esprit s'apaise petit à petit pendant que le soleil finit sa descente. Le ciel a enfilé son costume de flamme , qui se change peu à peu pour laisser place à une obscurité grandissante. Bientôt c'est la nuit qui recouvrira la ville.
Je me lève alors , même si la route est plus longue d'ici jusqu'à chez moi.
Mes pas sont solitaire dans la petite rue, et ils me guident inconsciemment vers un appartement qui n'est pas le mien. Mes yeux doivent sûrement refléter ma fatigue déjà bien présente. Je monte les marches plus propres que chez moi et toque mollement à cette porte si familière.
Celle-ci s'ouvre sur Ni Oh, qui ne semble par surpris de me voir. Le sourire qu'il m'adresse efface mes craintes et fait naître le mien. Ses bras qui m'accueillent me font alors partir vers un autre monde. Un monde plus doux et calme, un monde de rêves trop lointains pour être atteignables. Des rêves que je ne réaliserai sûrement pas demain.

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Le lendemain mes yeux s'ouvrent lentement sur cette chambre que je connais bien. Les mots d'hier ont été oubliés , effacés par ses caresses et ses baisers.
Mais ceux de Jaimie sont encore bien présent et me rappelle qu'aujourd'hui je n'accompagnerai personne au hangar , je ne verrai pas la famille que je me suis faite ces dernières années. Pour d'autres cela peut paraître insignifiant mais pour moi c'est important. Mes journées au près d'eux représentaient tellement de choses. Notre mépris de la société , du monde qui nous entoure. De ces gens extérieurs à nos vies , qui nous jugent et nous abandonnent aux mains de la rue. Ces parents qui nous ont tourné le dos et qui ne se retourneront plus. Toutes ces épreuves , ont les a vécus ensemble. Mais aujourd'hui je serai seul. J'irai rejoindre Hope et sa vie facile et sans problème. Et il me réconfortera sans connaître nos peines.

Je retire doucement le bras de Ni Oh de mon corps et me lève doucement vers le balcon. La ville éveillée s'étend devant moi. J'ai soudain hâte de voir Hope, hâte de voir son sourire éclatant, sa bonne humeur éternelle, son regard qui semble plus en dire que lui même.
Un meilleur ami comme on en rêve.
Cette pensée me fait sourire bêtement face à la ville et sa course contre le temps. Ces Impatients et leurs trajets, leurs voitures, leurs courses contre l'argent.
Deux mains s'appuient sur mes hanches, m'indiquant une présence nouvelle à mes côtés. Son menton se pose sur mon épaule.
« Steve Sullivan , murmure-t-il.
- Pardon ?
Je me retourne et le fixe sans comprendre.
- L'homme que tu as vu hier c'était Steve Sullivan.
- C'est...une sorte de grand manitou ?
-Un peu qu'il l'est ! Aucun braquage ou trafic ne peut être fait sans qu'il ne s'en mette plein les poches.»
Mon regard passe du sien à tout et n'importe quoi autour de moi. Je ne pose pas de questions sachant qu'il ne me répondra pas et repense à cet homme effrayant et déstabilisant de la veille. Ma tête se pose d'elle même sur son épaule et mes yeux se ferment. Cette journée sera longue sans eux , sans lui. Je serai juste un petit délinquant qui n'a rien d'autre à faire que traîner dans les rues.
Sentant sûrement mes tourments , il me murmure de sa voix calme et rassurante:
« Ce ne sera pas éternel Sun, un jour tu sera des nôtres.»

********

La matinée a été longue. L'appartement de Ni Oh a beau être très accueillant, l'ennui m'a vite gagné. Lorsque Hope m'a envoyé son message pour précisé qu'il m'attendait au Diner de Vily, il ne me fallu que quelques minutes pour arriver tant j'étais pressé.
Hope m'attendait assis à notre table habituel, son mug de chocolat à la main. Hope est ce genre d'ami qui remonte le moral juste par un sourire, qui partage sa bonne humeur avec le premier venu. Son regard, aussi loin que remonte ma mémoire, a toujours été pétillant et son sourire toujours sincère et chaleureux. Une fois encore il m'accueille en souriant et me tend une tasse bien chaude.
« Su! Racontes moi tout !!! Tout de suite!
Je souris en voyant son entrain habituel :
- Je vais t'épargner les détails. Pour faire court j'ai poussé le bouchon trop loin.
Il habille son visage d'un sourire réservé aux moments difficiles, un sourire compréhensif et réconfortant:
- T'as fais quoi ?
- Jaimie a reçu la visite d'une sorte de Boss étrange et sûrement dangereux et il m'a interdit de venir.
- T'y est allé bien sûr...
- Je sais pas si ça a vraiment changé quelque chose vis à vis de leurs affaires mais il était très en colère. Et cet homme est si perturbant, j'en frissonne encore rien que d'y penser!»
Ses sourcils se froncent, me rappelant qu'Hope ne partage pas mon monde de délinquance et ne doit sûrement pas tout comprendre. Il replace ses lunettes rondes sur son petit nez signe qu'il réfléchit et cherche les bons mots. Mon regard descend sur ma tasse et une légère surprise l'illumine lorsque je vois le contenu de la tasse.
« T'as dessiné un smiley dans mon chocolat chaud ?
- avec du lait , précise-t-il.»
Je ne peut alors pas retenir mon sourire, amusé par ses tentatives pour me remonter le moral.
Ce petit intello , du haut de ses 17 ans est premier de sa classe, rend ses parents fiers, rafle les bonnes notes et dessine affreusement bien. Je fixe ses petites taches de rousseurs et sourit intérieurement. Il laisse ses doigts redessiner le logo du Diner sur la table. J'aimerai être comme lui. Avoir une vie tranquille, entouré de parents qui m'aime, être doué, avoir des amis qui ne portent pas d'armes sur eux au quotidien et être aussi patient que lui.
Sa main se pose sur mon épaule. Mon meilleur ami m'adresse son plus beau sourire et glisse ma tasse dans ma main. Suivant son geste, je bois et me détend.
Je veux profiter de sa présence sans me soucier de Jaimie et des autres. Juste deux jeunes hommes qui discutent.
Je veux bloquer le temps, l'arrêter un instant, garder ce moment en mémoire et me rappeler qu'à chacun de mes problèmes, chacune de mes difficultés, Hope a été là, est là et sera toujours là.

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