2 : Aria

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Ses yeux bleus me glacent le sang, je ne comprends pas comment il peut se retrouver en face de moi. Il y a des centaines de bars à Chicago et il a fallu qu'Allan Carter se retrouve devant moi. Je m'affaire avec divers cocktails que des clients ont commandés pour ne pas me focaliser sur l'attention qu'il me porte. Je ne veux pas de lui ici et je ne veux surtout pas qu'il s'adresse à moi sauf s'il veut une autre bière. Malheureusement la chance n'est pas de mon côté en ce moment.

- On n'aurait pas couché ensemble il y a quelques temps ?

Je crois rêver, il ne peut pas avoir posé cette question, ou du moins pas à moi. En relevant la tête je vois qu'il me fixe. C'est donc bien à moi qu'il parle.

- Très classe Allan.

- On se connaît puisque tu m'appelles par mon prénom ! Dis-moi comment on s'est rencontré.

- Tout le monde te connaît espèce d'abruti, je t'ai rencontré à la télévision en regardant la NHL !

Il rit, non je ne rêve pas il est en train de se piquer un fou rire devant mes yeux. N'importe quelle fille crèverait pour se trouver à ma place en pleine discussion avec une star du hockey, même si c'est pour qu'il explose de rire. Mais ce n'est pas mon cas et je suis de plus en plus furax contre lui.

- Tu marques un point, on pourrait peut-être voir si il n'y a pas un autre moyen de se rencontrer.

Je ris à mon tour, mais le son qui sort de ma bouche n'a rien de sexy comparé au sien. On dirait une hystérique.

- Ce n'est pas dans mes intentions. Ginger ? j'appelle ma collègue. Mais je veux bien te filer un coup de pouce histoire que tu ne finisses pas la nuit tout seul dans ta baraque de luxe.

Sur ses mots je m'éloigne laissant ma place à ma collègue d'un blond platine et aux seins volumineux. Mais Allan est tenace et change de place pour se retrouver de nouveau face à moi et braquer ses yeux azurs sur ma personne. Il me mate sans la moindre gêne avant de sourire comme un débile.

- Tu sais que je pourrais te faire prendre un pied d'enfer toute la nuit, et qui sait t'ouvrir au monde du hockey autrement que derrière un écran.

Je n'en crois pas mes oreilles. À son expression je devine que la stupéfaction se peint sur mon visage, mais après quelques secondes qui me paraissent durer une éternité je réagis enfin. C'est plus fort que moi lorsque la colère monte je ne retiens pas ma main qui atterrie sur la joue gauche du hockeyeur.

- Va te faire foutre !

À peine ai-je le temps de me retourner que je regrette déjà mon geste, mon patron me foudroie du regard. Il a assisté à toute la scène et même si je suis dans mon bon droit je sens que ma réaction ne lui plaît pas.

- Aria ! Dans mon bureau tout de suite !

Je trésaille au son de sa voix. Je le suis en traînant des pieds sachant pertinemment que je vais avoir des problèmes. Ledit bureau est en réalité une ancienne réserve aménagée avec du mobilier similaire à celui de la salle. Vince, mon patron, stock toute sa paperasse dans cette petite pièce qui lui sert aussi de repère lorsqu'il veut observer ce qu'il se passe dans son établissement. C'est sans doute devant son écran qu'il a remarqué ce qu'il s'est passé avec Allan.

- Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?

- Oui, en réalité je me suis défendue contre l'insistance d'un client qui cherche à avoir des faveurs sexuelles.

Vince expire bruyamment et se frotte les paupières avant de frapper violemment sur son bureau et de se mettre à vociférer.

- Mais putain Aria c'est Allan Carter ! Ce mec est une star du hockey et un porte-feuille plein ! Il te drague ok, tu lui fais du charme en retour et il consomme. Il veut baiser, tu baises si ça peut le faire revenir. Au pire c'est tout bénef pour toi !

- Pardon !? Mais je ne suis pas une pute !

- Non mais tu es virée !

Son ton est sans appel, mais même si je le pouvais je ne chercherai pas à discuter. Il est hors de question que je me fasse à nouveau traiter comme un morceau de viande. Je ressors en trombe et ne prends même pas la peine de regarder si le connard est encore là. Je pianote à toute vitesse sur mon portable avant d'atteindre les vestiaires situés à l'étage inférieur. Je m'enferme dans les toilettes et tente de calmer ma respiration qui se fait hachée. Je dois me ressaisir car je suis au bord de la crise de panique. Il me faut quelques minutes pour retrouver mes esprits, j'en profite pour me rafraîchir.

Je quitte le bar un quart d'heure plus tard sans un regard en arrière pour cet endroit qui en réalité ne me manquera pas tant que ça. Une berline noire s'arrête à ma hauteur et le chauffeur sort pour m'ouvrir la portière.

- Bonsoir mademoiselle Garrisson.

- Bonsoir à vous Andrew, merci de passer me prendre.

Il me sourit aimablement lorsque je me glisse sur la banquette arrière du véhicule. Il prend de nouveau place sur son siège et ne perd pas un instant avant de s'insérer dans la circulation. Je me perds dans mes pensées en regardant la ville défiler par la vitre. Le jeu des lumières m'hypnotise, j'ai toujours trouvé ça magnifique.

- Andrew ? Daniel sera à la maison ?

- Non mademoiselle, monsieur Goss est retenu au travail.

Je ne peux pas dire que je ne m'y attendais pas, depuis un mois Daniel n'a de cesse d'avoir des réunions jusqu'au bout de la nuit. Il est metteur en scène et la première de sa pièce à lieu dans une semaine, il est stressé et ne dort plus beaucoup, je le croise à peine et ce n'est pas ce soir que ça va changer.

Il ne faut pas longtemps pour que la voiture tourne dans l'allée qui mène au loft dans lequel nous vivons. Il est situé dans les beaux quartiers de Chicago mais n'est pas trop tape à l'œil. Je n'attends pas qu'Andrew vienne m'ouvrir la porte pour descendre mais je le remercie sincèrement pour son déplacement et ses bonnes manières. Une fois entrée je retire mes talons pour ne pas faire de bruit mais je remarque que la télévision tourne dans le salon. Je passe la tête dans l'encadrement de la porte et remarque un petit bout de chou assis sur le canapé en train de regarder Le livre de la jungle.

- Liam ?

- Maman !

Une petite boule d'énergie se jette sur moi et je me mets à sa hauteur pour le réceptionner. Je serre mon fils dans mes bras et dépose un baiser sur son front.

- Qu'est ce que tu fais encore debout à cette heure, mon trésor ?

- Le téléphone de Daniel fait trop de bruit.

J'ai oublié de débrancher la ligne fixe en partant. Le sommeil de Liam est très léger et le moindre son peut le réveiller. Je le soulève afin de l'emmener dans sa chambre mais fais une halte dans la cuisine où la voisine boit une tisane. Elle se confond en excuse et promet que la prochaine fois elle ne laissera pas Liam devant la télé.

- Ce n'est pas grave Janine vous faites déjà beaucoup en le gardant presque tous les soirs.

- C'est avec plaisir ma petite, votre fils est adorable et pas du tout difficile.

Je lui souris et lui souhaite bonne nuit avant de reprendre la direction de la chambre de Liam. Le temps que je le dépose dans son lit il est déjà tout somnolant. Je regarde mon fils sombrer dans les bras de Morphée, il est tellement adorable quand il dort que je ne peux m'empêcher de sourire. Lorsque de sa petite main il saisit la mienne je fonds et me fais une place auprès de lui dans son petit lit. Je finis également par m'endormir ainsi, recroquevillée et serrant la plus belle réussite de ma vie tout contre mon cœur.

Hate To Love You [Elixyria]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant