Hate To Love You [Elixyria]

4 : Aria

Je suis une mère indigne qui traverse les rues de Chicago en courant pour aller chercher son fils à l'école. Je suis en retard de quelques minutes car la femme de l'agence pour l'emploi n'a pas été très ponctuelle. Lorsque j'arrive je vois Liam en train de jouer avec un copain surveillé par sa mère. Il ne lui faut que quelques secondes pour m'apercevoir et se ruer vers moi.

– Maman !

Je le soulève et le fait tournoyer dans les airs avant de le reposer. Je sors de mon sac une brioche aux pépites de chocolat qu'il adore et la lui tends.

– Maman ?

– Oui mon poussin ?

– C'est aujourd'hui qu'on va m'inscrire au sport avec Tim ?

Je hoche la tête pour confirmer et me délecte de l'expression de bonheur sur le visage de Liam. C'est le meilleur moment de la journée, voir mon fils heureux est tout ce qui m'importe, je suis prête à tout pour lui. Après son goûter nous prenons la route tout excités aussi bien l'un que l'autre.

***

Quelques secondes après avoir franchis la porte battante Liam lâche ma main pour rejoindre les autres enfants déjà en train de s'équiper. Il ne manque pas de m'envoyer des bisous volants mais son attention est déjà ailleurs. Je me détourne pour chercher l'entraîneur afin de régler quelques détails de l'inscription. Je le remarque un peu plus loin, dos à moi en train de lasser ses patins. Je m'approche avant d'entamer mon petit laïus.

– Excusez-moi de vous déranger mais je suis là pour inscrire mon fils mais j'aimerai revoir quelques modalités avec vous si ça ne vous ennuie pas ?

Lorsque l'homme me fait face j'en ai le souffle coupé et mon cœur rate un battement. Je dois être la femme la plus maudite de cette putain de ville.

– Merde !

– Toujours un langage aussi fleuri.

– C'est une blague ?

– Non ma belle, sauf si tu es là pour les cours de patinage artistique dans ce cas c'est dans deux heures.

Ce n'est simplement pas possible, il faut que la patinoire la plus proche de l'école soit celle où Allan Carter est coach et en plus de ça il faut que ça soit sur le créneau de Liam. Son comportement du week-end dernier me donne envie de repartir d'où je viens, mais je ne peux pas faire ça à mon petit garçon de quatre ans. Il attendait d'avoir l'âge pour prendre les premières leçons, si aujourd'hui je lui dis que c'est impossible il ne comprendrait pas. Je jure une nouvelle fois dans ma barbe, Allan sourit mais c'est le premier à reprendre la parole :

– Comment s'appelle ton fils ?

– Liam, c'est le petit brun qui n'a pas encore de patins.

– Je vais lui en prêter.

– Il en aura la prochaine fois.

Ma réponse est un peu sèche mais je n'arrive pas à garder mon calme, ce goujat va s'occuper de mon fils et c'est quelque chose que j'ai du mal à accepter. Je vois Allan hausser les sourcils puis expirer bruyamment en fixant le sol.

– Écoute Aria pour l'autre soir je m'excuse...

– C'est sincère ou tu te sens obligé car je suis la mère de ton nouveau joueur ?

Son regard s'assombrit, il n'aime vraisemblablement pas ce qu'il entend. Je ne peux m'empêcher d'ouvrir ma bouche, je me suis effacée bien trop longtemps.

– C'est sincère, j'étais déjà bien imbibé et je me suis comporté comme un con.

– Excuses acceptées, mais si tu veux bien parlons que de Liam.

Il opine du chef et le silence se prolonge entre nous. Je sais qu'il me regarde de haut en bas encore une fois en n'oubliant pas de s'arrêter sur ma poitrine et mes jambes. Je ne me prive pas non plus, ça fait bien longtemps que je ne côtoie plus de sportifs et un corps tout en muscle est toujours agréable à regarder.

– De quoi tu voulais me parler à propos des inscriptions ?

Allan m'arrache à ma contemplation pour me ramener à la dure réalité. Maintenant je suis presque gênée d'aborder le sujet mais je n'ai pas le choix.

– C'est au sujet des frais d'inscription, j'aimerai te les verser petit à petit car en une fois ça ne sera pas possible.

– Ils ne te payent pas assez bien au bar ?

– Plus depuis que tu m'as faite virer. Et mon dernier salaire ne peut pas partir dans le hockey. Mais c'est le rêve de mon fils alors je me suis dit que je pourrai négocier.

– Merde tu as été virée à cause de moi ? Je peux faire en sorte que tu retrouves ta place.

– Sûrement pas ! J'ai juste besoin que tu me laisses le temps de me retourner.

Il accepte d'un hochement de tête et je peux enfin respirer. Je déteste demander des faveurs financières car ça mène droit aux problèmes mais je ne veux pas priver mon fils, pas là-dessus. Je bredouille des remerciements sans regarder Allan dans les yeux. Je me détourne et le laisse commencer son cours de hockey pour débutant.

***

– Bonsoir petit Garrisson.

– Andrew !

Je sais que Liam adore notre chauffeur, c'est ce qui se rapproche le plus d'une figure paternelle pour lui. Il reste toujours professionnel devant Daniel mais j'apprécie de le voir plus naturel avec mon petit garçon. À la suite de Liam je vois apparaître Allan qui se fige en posant les yeux sur moi. Il a l'air en colère et ne fait rien pour le cacher, il avance vers moi d'un pas décidé.

– Tu te fous de ma gueule ?

– Maman ! C'est lui mon coach, c'est Allan Carter !

– Je sais champion, tu me laisses discuter avec monsieur Carter une minute ?

Il acquiesce tout sourire et monte dans la voiture où Andrew se charge de l'installer. Pendant ce temps je tire Allan par le bras pour l'entraîner à l'écart.

– Qu'est-ce qu'il te prend ? Tu as un problème avec Liam ?

– Tu me poses vraiment cette question ? Liam n'a rien à voir là-dedans ! Tu me fais un cinéma pour ne pas me payer pour le hockey mais par contre tu te balades avec ton chauffeur ! Tu n'as pas l'impression qu'il y a un problème ?

Je souffle bruyamment avant d'expliquer la situation à cet abruti qui s'occupe de ce qui ne le concerne pas. Je fais quelques pas comme un lion en cage histoire de me détendre et de ne pas l'envoyer bouler.

– Premièrement ce n'est pas mon chauffeur. Ce que je t'ai dit tout à l'heure est vrai je ne peux pas te payer maintenant. Andrew est employé par mon compagnon, je ne lui verse pas un centime.

– Et le père de Liam qui se paye des chauffeurs ne peut pas payer le hockey ?

– Ce n'est pas son père et je refuse qu'il entretienne mon fils. En plus de ça cela ne te concerne pas, je t'ai dit que je paierai au fur et à mesure et je vais le faire. Entre temps évite de t'immiscer dans ma vie et celle de Liam.

Sur ces mots je le plante là avec colère et monte en voiture afin de regagner le loft où une fois encore Daniel n'est pas.