Je m'accoude aux lavabos. Me fais face dans le miroir.
"Madeline tu vaut plus qu'eux. Releve toi fais leur face. Je sais que tu en ais capable."
La récré passe. Je retourne dans le rang. Nous avons deux heures de français. Nous entamons donc notre seconde heure. Lorsque je rentre dans la classe je fixe le sol.
Les minutes du cours défilent. Je ne participe plus. Je continue mon écrit.
Il est à la fois si profond. Si vrai. Si intense. Il retrace une partie de ma vie. Quelques citations viennent le complèter. Je suis absorbée par le papier et la plume qui vagabonde dessus. Je me retrouve dans une bulle. Plus rien ne passe. J'entends au loin une sonnerie, des cris de joie puis des chaises.
Je ne suis toujours pas sortie. Lorsque mon prénom retentit , ma bulle est comme percé. Je sors de mes pensées. Mon stylo tombe par terre. Je regarde autour de moi. Il n'y a plus personne. Ils sont tous sortis. Mme Hygle est debout appuyée a son bureau. Elle me fixe et ouvre la bouche. Aucun son ne sort, elle la referme. Croise les bras.
Je parle la première en me levant de ma chaise.
"- Je n'ai pas fait le deuil...
-Mad...
-écoutez moi pour une fois, s'il vous plaît."
Je continue:
"- Un jour je suis arrivée ici, il y a 3ans. Dans un seul et unique but. De recommencer ma vie du début. Je me suis dis que tout irais mieux. Que j'aurais enfin des amis sur qui compter. Oui, des amis avec lesquels vous pouvez rire, être vous même... Mais je me suis trompée, c'est en entrant en sixième avec ce but, que je me suis vue sombrer. Des amis... ben ai pas eu. Et oui, ces personnes m'ont parut être mes amis, mais non. Ils sont devenus mes ennemis. Je peux vous dire que ça fait mal...
C'était des humiliations chaque jour. Des brimades. Des coups, des bousculades parfois... Mais des insultes qui vous affaiblissent... j'ai souvent des idées noires. Tellement obscures et confuses. Je repense à ma petite soeur "Sophia", je ne peux pas faire mes adieux aujourd'hui, ni demain... parce que je ne veux pas la briser elle. Elle me permet de tenir debout. Elle est mon rayon de soleil. Elle a 6 ans. Le soir j'ai ces mêmes larmes qui coulent sur mes joues jusqu'au lendemain matin. Je ne dors plus. Je suis fatiguée. Exténuée. Pas complètement détruite. Ni complètement vaincue. Juste fatiguée.
J'ai beau mettre mes écouteurs avec la musique a fond. Crier fort quand je parle. Rire fort à en faire vibrer les murs. Toutes ces voix. Tout ces mots, je continue de les entendre..."
Je pousse ma chaise. Puis parts. Elle ne me retiens pas. Mais me fixe, la main sur la bouche. Je peux voir qu'elle a les yeux rouges. Je m'arrête devant la porte. Mets mon écharpe et me retourne.
"-Merci de m'avoir laisser finir. Maintenant vous savez. Vous avez entendu ce que vous vouliez entendre. Aurevoir..."
Je baisse la poignée. Claque la porte...
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An endless life...
Non-Fiction"C'est l'adolescence, ça lui passera." "Ce sont des enfants. Ce sont juste de jeux d'enfants."