Ch2 : Charles

7 0 0
                                    

La dernière fois que j'ai vu Charles sourire en ma compagnie et en toute honnêteté, c'était le jour où il avait eu un nouveau titre au sein de son travail. Il était rentré tout heureux comme un enfant. J'irai même jusqu'à dire que j'avais été attendrie de sa gaieté innocente. Il sautait dans tous les sens et m'avait même embrassé sur le coup. J'avais essayé de me montrer heureuse pour lui. J'avais préparé un bon dîner, une caille et sa sauce aux échalotes. Je lui ai servi un bon verre de vin. Il a parlé pendant tout le repas de ce nouveau poste. Il disais qu'on pourrait déménager dans un plus grand logement. On aurait une maison en bordure de ville, avec un beau jardin. Et nous embaucherons des domestiques. C'était ses mots précisément. Nous avons décidé d'emménager le printemps d'après. Charles avait déjà recherché la maison et embauché des domestiques qui ont commencé leur travail dans notre petit appartement modeste de ville.

Cette période s'est passée très rapidement. En moins d'un mois, Charles avait tout fait. Je t'avais souvent invitée à prendre le thé. Nos domestiques s'en occupaient et cela t'amusait beaucoup. Beaucoup de choses t'amusaient. Les journées étaient encore difficiles pour toi. Tu n'avais pas fini ton deuil. Je te revois pleurer sur le seuil de ma porte avant que nous nous quittions. Tu tremblais. J'étais tellement désolée pour toi et en même temps j'aurai voulu être à ta place, souvent. J'aurai voulu aimer l'homme que j'aime. J'aurai voulu ressentir cette douleur que tu me décrivais qui faisait comme te dévorer de l'intérieur. Cette douleur qui frappe dans ta poitrine. Celle qui te réveillait en sanglots ou qui te gardais immobile réfléchissant à ce que tu allais faire de ta vie maintenant que ton mari est mort.

Je ne vivais jamais d'émotions fortes, d'expériences de la vie ou d'aventures ma vie se limitait à cuisiner, faire les courses et me promener dans ma ville. C'est pour cela aussi que j'ai commencé à voir d'autres hommes. Des hommes plus mystérieux. Si mes journées étaient d'un ennui de mort, au moins mes nuits étaient plus claires. Au bout d'un moment, je m'en souviens, je ne disais plus à Charles que j'allais voir une amie mourante. Je lui avait dit qu'elle était morte, et puis un peu après, je lui ai demandé de l'argent pour aller à un cours de cuisine. Je lui disais que le cours commençais tôt donc que je serai partie à son réveil. En réalité, j'avais une nouvelle stratégie pour sortir. Je me couchais avec lui et je sortais en cachette quand il était endormi. Ainsi, je ne m'inquiétais pas de devoir rentrer pas trop tard pour ne pas que Charles se pose de questions.
Je pouvais me réveiller un matin dans le lit d'un autre homme en toute sérénité. Il partait travailler tôt en pensant que j'étais à mon cours de cuisine alors lorsque je rentrais, je voyais Monique, la bonne, qui me confirmais qu'il étais parti.

Cette technique m'a permis aussi de voir si il me trompait souvent. Régulièrement, je ne l'entendais pas ronfler. Alors je faisais semblant de dormir et je le voyais sortir discrètement. Je savais que quil irait dans un bar avec des femmes toute la nuit. Et il rentrait avant l'aube. Mais je ne dormais pas et je m'en apercevais.
Il sortais environs une fois par semaine, et moi, le restant du temps.

Un soir, Charles avait même invité une femme chez nous. Il m'avait quitté alors qu'il pendant que je dormais. Il est remonté une heure après. A moitié déshabillé, avec une femme complètement accrochée à lui comme une sangsue. Elle respirait comme une fauve. Et je posais ma tête sur mon bras, observant ces deux idiots faire l'amour sous mon toit. Je ne pouvais nullement le blâmer. Je faisait pire.

Quand nous avons reçu la lettre de la police disant que l'homme que j'avais soupçonné et indiqué à la police a été arrêté pour meurtre de ton mari, j'étais si heureuse et bouleversée à la fois. J'avais secrètement espéré qu'ils ne trouvent rien. Tu m'avais tant remercié d'avoir trouvé le tueur de ton mari. Je me sentais mal à l'intérieur de te cacher la vérité que j'avais couché avec cet homme. Tu ne m'aurait plus adressé la parole. Tu aurais voulu qu'on ne se voit plus. Alors j'ai gardé le secret. Jusqu'au jour où j'ai vomi. Tout simplement, sur la table à manger. Puis j'ai eu des vertiges et Monique m'a aidé à m'allonger et m'apaiser. Elle a appelé un médecin vers midi. Il était venu deux heures après. Avant de partir, il m'a posé des questions. Il est sorti de la chambre pour que Monique le paie avec l'argent que je lui ai donné. Il a dit à Monique quels que chose dans l'oreille. Celle-ci a eu un sourire jusqu'aux oreilles.

L'homme de la dernière nuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant