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« Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter. » Stanislas Leszczinski

Normalement, nous distinguons les élues à la mélodie de leurs voix car généralement l'environnement est trop bruyant pour autrement. Cependant, je me suis trop habituée à sa présence pour le débusquer, pour ne pas baisser ma garde. Pendant un court instant, je doute de moi car comment aurait-elle su s'en montrer honorable ? Elle qui ne recherche que le pouvoir grâce à la magye. Ce n'est pas parce qu'elle est une amie, que je ne vois pas ces travers et que je les excuse, mais je sais grâce à cela qu'elle a de belle chose en contrepartie à apporter. Je retiens le temps un instant et je constate que je ne me suis pas trompé. Elle est bien une des nôtres. J'ai un léger soupçon quant au fait qu'elle puisse être prête, mais je ne peux me résoudre à douter de ma déesse. Je veux tout de même m'assurer qu'elle y entre pour de bonne raison et non pour celle que j'ai découvert de par le temps. Je ne lui en parlerai qu'au moment opportun et nous pourrons constater les merveilleuses raisons de sa venue parmi les miens.
Lorsque je me rends soudain compte que je dois avoir l'air surprise, j'inspire profondément pour détendre mes muscles et plutôt afficher un sourire des plus affectueux. Par chance, elle scrute un oiseau qui s'est approchée de nous et elle ne s'est rendu compte de rien.

« April... Que dirais-tu de passer Beltane, pour cette fois, avec moi ? » dis-je d'une petite voix, emplit de bienveillance.

Elle se retourne vivement vers moi l'air surprise, ne s'attendant surement pas à ce que je coupe court au silence. Ce n'est effectivement pas dans mes habitudes et encore moins de lui demander cela, mais c'est un moyen de la tester avec douceur, amour et sans réelle conséquence. Ces traits changent à grande vitesse ; son visage s'illumine et ses yeux brillent digne de l'éclat de l'étoile polaire. Je crois que c'est ma manière de la protéger des dangers qu'il y a au-delà de son monde actuel. Les tentations seront d'une telle envergure, sans nommer les risques recourut en dehors de ceux qu'apporte la magye. Un énorme sourire nait sur ces lèvres dissimulées sous un rouge à lèvre bourgogne.

«Pourquoi tu poses la question, bien sûr que oui ! » s'exclame-t-elle en me prenant les mains, bien trop enthousiasmé à mon goût. Puis de façon soudaine, elle baisse la tête et rougissante, elle reprend. « Je suis heureuse qu'Yule t'ait donnée le goût de recommencer car je sais à quel point tu aimes y être seule. »

Je ne peux m'empêcher de la regarder avec un sentiment de tendresse. Elle sait être si attentive, aimante et mignonne que je me demande où cette gentille petite fille se cache lorsqu'elle laisse place à ces airs d'être intouchable et sans pudeur.
( http://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/pudeur/ )
Simultanément à la légère brise qui frôle ma peau à nue et à son allusion, le souvenir de cette célébration me revient doucement. Je me souviens que c'est d'ailleurs lors de cette journée que je l'ai vue porté ces mêmes habits.

C'était une journée très nuageuse, particulièrement lorsque j'ai franchi la porte du monde terrestre. Quelques semaines plus tôt, légèrement lasser et exaspérer de l'entendre me supplier pour célébrer avec moi, j'ai accepté qu'elle soit à mes côtés pour le solstice d'hiver. C'est alors que je sortais de la forêt, en route vers son domicile, que je reçu un message texte d'elle. April était impatiente de savoir où nous allions nous rendre, mais j'ai préféré le garder pour moi. Je lui ai simplement répondu que j'étais déjà en route pour venir la prendre qui, elle, me répondit de n'arriver que dans une demi-heure. J'ai préféré lui laisser une heure, me doutant qu'elle n'aurait autrement guère été prête. J'en ai donc profité pour lire un moment à mon emplacement habituel, qui se situe tout près de son habitation. Lorsque je suis arrivée, j'ai constaté sans surprise, qu'elle arborait toujours la même allure. Elle n'avait donc fait aucun effort, à mon plus grand regret. Ce n'est parce qu'à la cérémonie nous nous changeons que nous ne devons pas être dans cet esprit au tout du long de la journée. Que serait ''Halloween'' s'il n'y avait qu'une petite heure pour être déguisé ? J'enfouis ma déception pour plutôt afficher un sourire alors que nous prenons le chemin vers le centre commercial. J'ai favorisé de lui montrer quoi et où acheté les éléments essentiels pour un autel basique, bien que je doutais fortement qu'elle fêterait de son côté. Comme à l'habitude, elle m'a permis de m'échapper et de penser à autre chose que mon devoir, le temps de quelques heures. Entre sa manière de me
charrier sur ma personne ou de me faire rire avec ses petites manies grossières, elle était d'une incorrigible ténacité à vouloir que je sois grande prêtresse. Ou plutôt voulait-elle me convaincre de sa certitude que je le deviendrais car elle n'a eu cesse d'argumenter sur les raisons qui ferait de moi la « meilleure des grandes prêtresses du monde ». J'ai bien essayé de la calmer, mais son enthousiasme était tel que j'ai simplement perdu de l'énergie. Tranquillement, nos courses m'ont ouverte l'appétit et alors que je lui en faisais part, sans me laisser finir, elle s'est exclamée connaitre le meilleur restaurant pour satisfaire mes papilles. Cependant, elle aurait dû sans doute dire les siennes, car je ne fus franchement pas aussi ravi qu'elle par le menu offert. J'ai tout de même trouvé quelque chose qui me plaisait, je regrettais juste qu'elle nous ait emmener dans un endroit aussi distingué. J'ai une nette préférence pour les charmants petits cafés et les cantines végétariennes. Elles ont bien plus cette petite atmosphère chaleureuse que je recherche pour me sentir chez moi. Qui plus est, c'était évident qu'elle m'emmenait ici pour que j'accepte enfin qu'elle m'offre quelque chose. Il faut dire que bien que j'achète rarement je n'ai pas infiniment d'argent, même si j'ai travaillé après mes cours tout le long de mon séjour.

Un peu plus tard, nous avons pris le sentier, qui n'en était visiblement plus un par la chute de neige, vers mon lieu de prédilection. Ce fut une vraie calamité pour s'y rendre avec April qui n'était pas chaussé adéquatement. Elle dû s'accrocher fermement à moi pour éviter de basculer à chaque pas. Lorsque je vis la cabane, je fus apaisée car j'allais enfin pouvoir récupérer mon bras meurtri. Il y a quelques années, j'ai découvert cette cabane à l'abandon alors que je déambulais. Les chasseurs qui s'y logeaient ont dû se résoudre à arrêter pour ces terres, étant devenu interdit au nom de la protection de faune à mon plus grand soulagement. Nous nous sommes rapidement vêtues de nos habits cérémoniels et je fus surprise par les siens. Elle en avait sans doute fait faire pour l'occasion, bien qu'un peu trop extravaguant à mon goût, c'est un effort que je puis nier. Lorsque nous sommes ressortis, pour la première fois de la journée, il y eu quelques petits rayons de soleil qui se firent rebelles. Un éclaircit était rivés sur l'endroit que j'avais choisi pour l'autel, comme pourrait-on dire, telle la volonté de la déesse.
En y repensant, je me demande si ce n'était pas un signe silencieux me demandant de tester April avant qu'elle ne choisisse les futurs membres. Nous avons pris le temps d'installer l'autel et de nous asseoir confortablement avant de commencer notre hommage au solstice.

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⏰ Dernière mise à jour : May 03, 2018 ⏰

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