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« Le poème n'est accompli que s'il se fait chant,parole et musique en même temps. » Léopold Sédar Senghor 

Pendant un moment, mon esprit divague sur leurs paroles et pour reprendre le contrôle, j'inspire profondément. Je fais le vide dans mon esprit et revient à mon objectif.
J'admire le ciel pour laisser mes pas me mener à la prochaine sorcière. Je vagabonde à nouveau dans les rues, cette fois au rythme du souvenir des mélodies celtiques de la cérémonie. Cérémonie qu'il y a eu quelques heures plus tôt, celle qui fait de moi la nouvelle prêtresse.

Je m'y étais préparée officiellement depuis quelques mois, mais cela faisait plutôt des années que je m'y attelais. Lorsque j'ai été choisi, j'ai dû partir de la maison de mes parents pour mon futur logis. J'étais alors devenu la gardienne du portail, jour et nuit. J'avais attendu ce jour avec impatience, mon rêve de petite fille se réalisait enfin. Je savais que cela incombait beaucoup de responsabilité, mais sans vraiment de raison, cela m'attirait comme si tel était mon destin. C'était cela ou rien et je n'aurais su dire ce que j'aurais fait si cela n'avait pas été le cas.
Bien que ma mère m'est souvent dite que la déesse ne regardait pas les efforts déployés, ou la force de cette volonté, mais plutôt la profondeur de son âme ainsi que la magye elle-même qui se fait captivée par son cœur. Malgré tout, j'avais cette impression que d'une façon ou d'une autre mes efforts auraient été récompensé.

Je me suis levée comme tous les matins, du moins enfant, avec les chants des rossignols et la gracieuse voix de ma mère. Elle était venue me faire le repas exceptionnellement car s'était le grand jour et elle était fière de moi. De toute manière, cela ne devait pas être moi alors dans le pire cela aurait été une de mes camarades. Cependant la différence, des autres matins, était que la descendance de l'ancienne prêtresse et celle de sa protectrice, seulement des femmes, vint me vêtir de la traditionnelle robe verte du rituel. Elle était attachée derrière mon cou, avec un décolleté jusqu'en dessous du nombril, et scinder en deux partis au niveau des cuisses qui étaient reliés pour cacher le nécessaire. Elle était si longue qu'elle touchait la terre et elle était scintillante comme si les étoiles s'étaient transposées sur celle-ci. Le diadème elfique ainsi que des bijoux aux chevilles et aux poignets venaient compléter le tout.

Le rituel ne commencerait pas avant le zénith, j'en ai donc profité pour me rendre au fin fond de nos terres. Une énorme forêt luxuriante et colorée, telle qu'il n'y en pas dans le monde des humains, y trône. Elle est emplie de la magye de nos ancêtres et à chaque mort elle s'agrandit un peu plus, toujours plus puissante. C'est grâce à cette forêt que nous, prêtresse, nous pouvons faire grandir notre force, une fois la cérémonie accomplit. Nous pouvons ainsi accentuer le pouvoir, une fois unis, de notre soleil et plus encore une fois réunis en une seule entité.
Ce n'était guère ma première fois dans ce lieu, mais je le voyais sous un nouveau jour. J'y étais enfin connecté et pourtant je n'avais peut-être plus la possibilité d'y remettre les pieds. C'est une merveilleuse tragédie, un sentiment à la fois doux et amer.
J'en ai profité comme jamais auparavant en chantant, en dansant et en admirant cette beauté. J'ai même parler aux déesses à travers un long monologue en leurs honneurs, une prière en quelque sorte.

Rapidement vint la cérémonie.
Je suis retournée dans mon logis où, cette fois, des hommes m'ont purifié par l'encens. La sauge en sens contraire de l'oliban, formant une tour de fils croisés de fumée. Ensuite, je me suis dirigée vers le village du petit peuple, plus précisément dans leur forêt, où ma nouvelle vie allait commencer.
À mon arrivée, ils avaient tous le regard posé sur moi et il y a eu un moment de silence. Je n'ai pas eu besoin que le conservateur des connaissances, mon inutile mentor pour la soirée, me souffle mes futures actions pour connaître la suite. J'avais étudié, bien des années précédentes, cette célébration dans toutes sa splendeur. La tête haute, et avant qu'il me murmure quoi que ce soit, je me suis avancée avec gracieuseté vers la fée mère. Pleine d'assurance, j'ai pris la coupe en coquillage qu'elle me tendait, emplit d'hydromel.

Celle même produite par nos deux peuples. Nous le concoctons et les fées y ajoutent leurs petites touches de magye. La poudre de fée, l'été, pour une touche fraîcheur. Un enchantement mélodieux, l'hiver, pour la rassurante douceur. Favorisant l'entrer en transe et l'euphorie. Contrairement à l'alcool des humains, il n'y a pas d'autre effet bien qu'il ne faut pas en abuser. Il y a autant de risque d'en mourir, pour cause une transe prolongée, mais il n'y aurait tout de même que l'Homme pour faire cette erreur.

J'ai ensuite lentement bu, savourant cette douce ambroisie. Elle était faite pour l'occasion afin d'être pure et doublement saupoudré d'essence de fée, évitant d'en boire d'avantage et de procurer la dose adéquate.
Je l'ai remerciée dans les règles ; offrant le renouvellement de notre alliance par une accolade amicale et de ma propre initiative une bénédiction, suivant une ancienne tradition perdue par le temps.

« Que la déesse, sous un de ses nombreux traits, Aphaïa entende ma prière. » J'ai déposé la coupe sur l'autel en pierre et retiré le petit sac d'herbe, de trèfle des prés et de feuille de framboisier, que j'avais logé contre ma hanche. J'ai fait signe à une camarade de Sagesse, étant semblable à l'école humaine, qui s'est avancée pour me livrer une carafe d'eau chaude. J'y est alors fait infusé les herbes tout en continuant ma sollicitation. « Puisses-tu bénir avec moi la fertilité du petit peuple pour la prochaine génération. Puisses-tu aussi protéger leurs prochaines récoltes » ai-je priée. 

Pour finalisée ma bénédiction, j'ai baiser le front de la fée génitrice. Je pu lire l'étonnement sur tous les visages, autant de ma bénédiction que la reprise de vielle coutume. N'auraient-ils pas dû se douter ? J'ai étudié tout ce qui touchait aux traditions ancestrales et de notre lointain passé. Cela ne m'a pas ébranlée et toujours un grand sourire sur les lèvres, je lui tendais l'infusion. Un rire enchanteur s'est alors élevé, venant justement d'elle. Délicatement, elle l'a prise d'un air enjoué et l'a avalé impétueusement. Le petit peuple, déjà peu sûre des festivités du jour et toujours aussi peu rassurer des décisions de la déesse, eurent somme toute quelque chose à fêter. Leur bénédiction et une nouvelle grande prêtresse enfin qualifiée. 

La cérémonie enclenchée et moi en chemin vers ma transe, ils m'ont conduit sur les terres de mes prédécesseurs. Celle même où j'ai passé le début de ma grande journée. 

Witchy BeautyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant