UN JOUR COMME LES AUTRES ET POURTANT ...

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Un jour de juin comme les autres dans ma chambre universitaire, avec ma meilleure amie Sophie, nous buvons un thé comme à notre habitude. Papotant de tout et de rien, de la fin des examens, de nos cours d'anthropologie, très intéressant certes, mais qui ne nous mèneraient nul part.

Disons que pour Sophie, c'est un peu différent. Elle est de ces rares personnes à avoir planifié son parcours scolaire dans les moindres détails depuis son plus jeune âge. Très vite, il lui est apparu évident, après avoir obtenu son Brevet des Collèges, qu'elle en ferait de même avec le Bac. Elle a donc décidé de suivre une filière littéraire. Celle-ci lui permettait, une fois à la fac, de poursuivre des études d'anthropologie qui la mèneraient, pourquoi pas, à un master dans l'humanitaire. Ce qu'elle fit, et haut la main bien-évidement. Le tout avec mention, sinon cela n'aurait eu aucun sens. Voilà, c'est ma Sophie, toujours à planifier, à faire des listes. Aussi bien en ce qui concerne les taches quotidiennes qu'elle doit accomplir, que sa vie privée. Tout mon opposé pour ce qui est de la scolarité.

Étant d'une nature peu sûre de moi, ma scolarité fut un désastre, tant au niveau des résultats qu'au niveau affectif. Je n'avais pas de mauvaises notes, mais pas de bonnes non plus. J'ai toujours été une élève très moyenne.

Au collège, j'avais une peur bleue des autres mais surtout de moi-même. Je n'adressais quasiment jamais la parole aux autres élèves si je ne les connaissais pas. Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas la meilleure chose à faire pour se lier d'amitié. Heureusement, j'avais une bande de copines que j'avais connues à l'école primaire. Nous nous sommes retrouvées dans le même collège, ce qui m'évita de faire des efforts surhumains pour adresser la parole à des « étrangers ».

Bien évidemment, le collège fut agrémenté de tous les tourments possibles. En 5ème, plusieurs de mes copines m'exclurent de leur groupe puisque j'avais eu le culot d'aller de groupe en groupe. La notion même de groupe n'avait aucun sens pour moi à cette époque.

De la 4ème à la 3ème, j'eus l'heureuse "chance" de porter un corset orthopédique. Je n'eus pas d'autre choix : soit porter un corset ; soit passer sur le « billard », tel que me l'avait gentiment annoncé le médecin. En conséquence, je me suis retrouvée à porter une « armure » vingt heures sur vingt-quatre. D'un inconfort absolu, elle m'obligeait à dormir sur le dos, les autres positions se révélant inenvisageables. Il m'a été impossible de pratiquer un quelconque sport pendant deux ans. Je ne m'habillais plus qu'avec des vêtements amples, par confort mais aussi pour cacher cette horreur dont j'avais honte. Je faisais tout pour qu'on ne m'approche pas et, par-dessus tout, qu'on ne me touche pas. Je ne voulais pas que les autres élèves découvrent ce truc moche et encombrant. Ce n'est très certainement pas à ce moment-là que j'ai pris confiance en moi, bien au contraire.

La période du lycée se déroula suivant le même schéma. Mon point d'apogée fut atteint en 2010, l'année de ma Terminale. Harcelée ! Je fus la proie de toute ma classe. La première moitié m'ignora royalement. La seconde passa ses journées à m'insulter, me traitant de pute, de salope, de folle, de Gollum. J'aurais préféré être un autre personnage du Seigneur des anneaux ! Tout ça car j'avais eu le culot de refuser les avances d'un garçon de ma classe. Mais qui étaient-ils pour choisir à ma place ? Je n'allais donc plus en cours ou j'y allais en pleurant. Les profs étrangement, ne remarquaient pas mon état et s'en fichaient pas mal. La seule à se soucier de ma personne, à ce moment-là, fut ma prof de management.

J'ai tout de même réussi à décrocher mon Bac, je ne sais trop par quel miracle. En fait si. Je l'ai réussi pour ma grand-mère, Mamie Jo, qui, je le savais ne serait plus parmi nous très longtemps. Lorsque j'obtins mon diplôme, on se mit toutes les deux à pleurer au téléphone.

Après une scolarité un peu houleuse, ne sachant pas trop quoi faire de ma vie, je me retrouvais à choisir des cours d'anthropologie, un peu par hasard.

Récit d'une apprentie aventurière au pays d'OzWhere stories live. Discover now