Il est 10:03. Je viens de sortir de cours. Je m'arrête à la cafette pour prendre un thé. Aujourd'hui il sera aux fruits rouges. La boisson brûle presque mon œsophage.
Il est 10:04. Je viens d'apercevoir celle que j'aime, secrètement. À peine suis-je arrivée, elle me souris.
─ Salut Capucine. Comment ça va ?, elle me demande.
─ Super bien ! Et toi ?
Elle perd son sourire. Ses yeux semblent se noyer dans ses larmes. Son menton tremble. Elle s'effondre dans mes bras.
─ Enzo m'a quitté, elle hoquette.
─ Je suis désolée pour toi, je lui dis.
Dans ma tête je ne sais plus quoi penser. J'hésite entre la peine sincère et une satisfaction presque mesquine : cela veux dire qu'il n'y a plus personnes pour me barrer la route, mais en même temps ça la rend triste, et moi je veux qu'elle oit heureuse.
Il est 10:11. J'enlace Léa. Je frotte son dos dans un geste de réconfort, alors même que mon esprit ne peut s'empêcher de crier victoire.
Petit à petit elle sèche ses larmes, son pouls s'apaise.
Une sonnerie retenti.
Il est 10:20. Je retourne en cours.
La journée passe, monotone.
Il est 17:30. C'est la fin des cours. Mon sac sur le dos et des pensées plein la tête, je traverse le lycée. Ma tête me lance après cette journée assommante.
Il est 17:34. J'ai enfin atteins le portail. Les yeux dans le vague, je rêvasse, en attendant mon bus. Je pense à Léa, à ses courbes enchanteresses, à son sourire éclatant et à ses larmes désespérées.
Il est 17:36. Tu m'interpelles. Je me retourne et je vois ton visage. Tu es assis à côté de moi en maths.
─ Qu'est-ce qu'il y a Jolan ?, je te demande.
─ Je peux te parler en privé ?, tu me réponds, incertain.
─ S'tu veux.
Il est 17:37. Tu m'entraînes à l'écart de la foule. Tu me fuis du regards et te tords les main nerveusement. Tes pupilles se dilatent, tes joues sont rouges.
Il est 17:38.
─ Dépêches toi, mon bus est dans six minutes, je te dis, eu peu sèchement.
─ Euh... C'est... je..., tu bégayes, En fait, je suis amoureuse de toi et... Je voudrais savoir si tu voulais sortir avec moi.
Il est 17:39. C'est douloureux. Tu me rappelles que celle que j'aime ne me retournera jamais mes sentiments. Je te regarde dans les yeux. Je ne sais pas quoi dire. Dois-je te dire gentiment que je t'aime bien mais que je ne suis pas amoureuse de toi ? Dois-je te dire que je suis amoureuse de Léa ? Ou juste que je suis lesbienne ?
Il est 17:40. Tu as du lire l'hésitation sur mon visage car tu commences à te détourner. Je sors de ma léthargie. Je te saisis le bras afin de te retenir.
─ Je suis lesbienne, je te dis, effaçant ainsi ton dernier signe d'espoir.
Tu me regardes avec ta mine triste.
Il est 17:41. J'aimerais te réconforter, mais je reste immobile, ne sachant que faire. Tu es droit, raide. J'aimerais te prendre dans mes bras, mais je ne sais pas si c'est ce que tu veux, ou même si ça ne retournerait pas la couteau dans la plaie.
Et puis merde ! Si tu le prends mal c'est ton problème. Tant que je ne fait pas les choses avec violence ou dans le but de te faire mal, ça n'est pas ma faute.
Il est 17:42. Je m'avance vers toi et je t'enlace. Je frotte ton dos. Je sais que tu ne pleurera pas devant moi, fierté oblige. Et moi je pense. Je pense aux amours non-retournés, qui font terriblement mal. Je souffre. Je te serre fort dans mes bras. J'essaie e te faire comprendre que je partage la douleur qui te ronge.
Il est 17:43.
─ Si tu veux, on peut devenir amis, je te propose.
Après une brève hésitation tu acquiesce. Puis nous repartons chacun de notre côté, en attente de nos bus. Une larme dévale ma joue et mon coup. Elle fini sa course dans l'encolure de mon T-shirt.
Il est 17:44. mon bus arrive. Tout le monde se précipite. J'attends patiemment que la bousculade passe, alors qu'un océan de larmes silencieuse inonde mon visage crispé.
Le temps se délite. Je descends du bus, signale mon manque de faim à mon père, puis je m'enferme dans ma chambre. Les secondes passent et repassent. Le temps s'écoule. Le sel de mes larmes irrite ma peau. Les minutes sont-elles des heures, ou les heures sont-elles des secondes ?
Je m'écroule sur mon lit. Et c'est secouée de sanglots que je m'endors.
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Maux d'Amour
Proză scurtăVoici un recueil de textes plus ou moins longs, et plus ou moins tristes, avec pour thème commun l'amour.