ROYAL

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Bae Eunjung et Kwon Kwangja ne se connaissaient pas, n'avaient pas le même âge et ne venaient pas non plus du même milieu social. Seungkwan ne voyait pas quel lien, si ce n’est celui d’une voix qui leur donnait des ordres, pouvait bien les relier. Il leur avait posé toutes sortes de questions (en passant de leur film préféré à la couleur de leur dernier haut acheté) pour essayer de trouver ce qu'elles avaient en commun mais cela ne servait à rien ; elles étaient l'opposé de l’une et l’autre.

« On a tous des secrets, Monsieur Boo. Vous savez, toutes ces petites choses que l’on veut garder pour soit sous peur de représailles. J’en ai beaucoup –pas la peine de me demander ce qu'ils sont, je ne vous dirai rien– et je vous assure que je sais comment les garder bien en sécurité : je ne l’ai dit à personne et je cache les preuves.» Bae Eunjung était aussi froide qu’intelligente. Seungkwan ne l’avait vu sourire qu’une seule fois et c’était par moquerie : il s'était cogné la hanche à leur table et un petit cri de douleur ridicule lui avait échappé ; elle avait pouffé de rire à l'entente du son. Elle lui parlait toujours calmement et prenait toujours le temps de formuler ses phrases ; comme si elle mesurait la portée de chacun de ses mots. Seungkwan attendait toujours patiemment qu'elle continue ce qu'elle disait avant de s'arrêter pour réfléchir. « La personne qui se cache derrière cette voix modifiée s’est débrouillée pour savoir ce que Kwangja et moi essayons de cacher et nous a forcé à nous attaquer à vous sous menace de révéler ce qui ne doit pas l'être. Et j'ai bien peur d’en dire plus, nous sommes peut-être sur écoute en ce moment même.»

La jeune fille porta son regard sur le portable du blond et celui-ci s’empressa d’y retirer la batterie. Une sueur froide le prit dans le dos et il se redressa, mal à l’aise. Eunjung était intelligente et d'une certaine manière, elle réussissait toujours à effrayer Seungkwan ; il la soupçonnait d'ailleurs de le faire exprès.

« On perd du temps, Eunjung. Tu ne veux pas sortir d’ici ou quoi ?
– Je ne tiens pas particulièrement à retrouver ma liberté. Ce n'est pas comme si quelque chose m’attendait une fois dehors…
– J’ai lu ton dossier. Tu es l'héritière d’une grande compagnie de meubles, présidente du conseil des élèves avec des résultats exemplaires. Tu as tout pour mener une superbe vie alors pourquoi tu veux tout gâcher.
– Vous savez ce qui accompagne l'héritage d’une grande compagnie ? Un mariage arrangé. Je sais ce que vous allez dire : “Mais ça n’existe plus de nos jours !” sauf que tant qu’il y aura des filles, leurs familles trouveront toujours le moyen de les utiliser à des fins bénéfiques. C’est comme ça que tourne le monde.» Elle prit une pause. Prit une profonde inspiration comme pour se calmer et reprit : « Quoiqu'il en soit, je ne veux pas que Kwon Kwangja finisse en prison à cause d’un dégénéré alors je vais coopérer du mieux que je peux.»

Cela avait pris deux jours pour qu’enfin la jeune fille accepte de faire équipe avec lui. Il lâcha un soupir de soulagement et la jeune fille lui sourit doucement.

Hansol allait devenir fou. Quand il appelait Seungkwan, il tombait directement sur sa messagerie. Il n’aimait pas savoir le blond inaccessible, pas alors qu'il pouvait se faire attaquer à n’importe quel moment. Rien que d’y penser lui donnait la nausée. Il était d’autant plus malade en ne sachant pas ce que le chanteur disparaissait faire. En deux jours, ils ne s’étaient croisés que deux fois aux alentours d’un couloir, pas loin des douze coups de minuit. Le brun ne savait plus quoi faire. Et si Seungkwan faisait encore une crise d'hypoglycémie ? Et s'il souffrait d’un moindre mal et que personne ne lui venait en aide ? Hansol avait proposé de l’accompagner peut importe où il allait mais il avait refusé, prétextant ne pas vouloir le déranger. Le rappeur avait l’horrible impression que le chanteur voulait s’éloigner de lui mais il n’était pas sûr que ce soit le cas ; c’était peut-être ses insécurités qui le reprenaient. Il souffrait toujours un peu en se disant que comme il n’était pas à la hauteur de Seungkwan, celui-ci finirait un jour par le jeter et le remplacer par quelqu’un qui lui correspondait mieux. Seungkwan était tellement fort, tellement joyeux, extravertie et travailleur… Il était tout le contraire de Hansol, en somme. Qui garderait un boulet avec soit ? Personne.