ROYAL

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« Les enfoirés !»

Minghao était rarement en colère. Même quand il était enfant, il était d’une grande patience. Alors le voir aussi rouge, son visage tordue de rage et ses mouvements brutaux et secs était étrange pour Junhui. Mais il comprenait la raison de son état. Se faire expulser de chez soi par ses propres parents avec son fiancé n’était pas très réjouissant ; d’autant plus qu’ils se retrouvaient sans logement et avec deux valises chacun à porter. Heureusement que ses propres parents n’habitaient pas loin ; ils n'étaient qu’à trois stations de métro de là.

Junhui, durant le trajet, avait essayé de calmer son fiancé. En vain, celui était tout aussi en colère que quand ils avaient quitté le siheyuan. Même avec deux valises, il monta un temps record les escaliers qui menait à l’appartement des parents Wen (il n’avait pas eu la patience d’attendre l’ascenseur) laissant derrière lui un Junhui complètement dépassé.

D’une nature polie, Minghao surpris Monsieur et Madame Wen quand il surgit dans leur salon sans prendre la peine de s’annoncer. Junan, le petit-frère de Junhui débarqua dans le salon, alarmé par le son de la porte qui claqua violemment et le bruit sourd de deux valises lâchées au sol.

Minghao jeta un regard furieux sur tout le monde avant de relâcher la pression et de se mettre à crier en pleurant comme un enfant.

« Ils ne veulent pas nous donner leur bénédiction !» dit-il avant de se jeter sur Madame Wen qui malgré la surprise l'enlaça pour le réconforter. Elle comprit rapidement ce que le jeune homme avait dit et son coeur se brisait un peu plus à chaque sanglot étouffé dans son cou. Le pauvre garçon, il n’avait à aucun moment pensé que sa famille le rejetterait. Ses parents étaient si ouverts et parfaits à ses yeux ; leur image de parents aimait avait probablement brûler sous la colère et la tristesse de Minghao. Madame Wen resserra un peu plus son étreinte ; si Madame Xu n’était plus capable de le faire, elle s’en chargerait à sa place.

Junhui franchit la porte quelques secondes plus tard, tout pantelant. Il sourit maladroitement à son père quand celui-ci lui jeta un regard interrogateur puis vint récupérer Minghao auprès de sa mère. Il fallut un moment au plus jeune pour se décoller de la femme. Il s’excusa maladroitement pour son attitude et elle lui assura qu’elle comprenait et ne lui en voulait pas.

Le mettre au lit avait été l’enfer. Il n’avait pas arrêté de pleurer en s’accrochant aux vêtements de Junhui. Il murmurait dans son souffle des insultes à l’encontre de sa famille et tout comme sa mère, Junhui eut du mal à ravaler ses propres larmes. Une fois que la poigne de Minghao se desserra, il installa correctement sa tête sur l’oreiller et remonta la couverture sur son corps épuisé. Junhui resta un moment dans le noir profond de la pièce, assis contre le mur prêt de la porte ; il avait beau s’essuyer les yeux, des perles salées continuaient de s’en échapper. Comment pouvait-on être aussi cruel envers son enfant ? Comment pouvait-on rejeter son enfant car il aime ? C’est horrible.

Junhui réapparut dans le salon un quart d’heure plus tard.

« Comment se sent-il ?» demandait son père. Junan et Madame Wen les observaient de la cuisine, attentifs. Junhui s’assit à ses côtés et saisit la tasse de thé que lui tendit le vieil homme. « Il dort… J’arrive pas à croire qu’ils l’aient rejeté comme ça. Madame Xu était furieuse, Longhao a dû la retenir de nous sauter dessus. Je crois même qu’on a laissé une valise derrière nous…
– Et Monsieur Xu ? Il n’a pas réagit ?
– Disons qu’il était trop en état de choque pour faire quoique ce soit…»

Junhui était soucieux. Minghao dormait pour le moment mais comment serait-il après son réveil ? Il avait peur que son fiancé décide de couper les ponts avec sa famille et le sachant très attaché à celle-ci, Junhui se doutait bien que Minghao serait anéantit.