Chapitre 5 : Almesoria

91 6 2
                                    

"Il fait rudement chaud ici !" s'exclama Nevra qui se débarrassa de son écharpe.

La petite équipe venait d'arriver aux portes du village. Nevra avait raison, il faisait une chaleur étouffante, et pourtant, aucune trace de soleil dans le ciel. Elysa détailla l'entrée avec une certaine curiosité. Elle qui n'avait jamais beaucoup voyagé avec ses parents, elle était toute excitée de découvrir de nouveaux paysages. On pouvait apercevoir des tours en briques, des toits de chaumes et de la fumée sortant des cheminées. 

     - C'est à cause de la décomposition de nos terres. 

Tout le monde fut surpris d'entendre une petite voix les abordait. La jeune femme baissa les yeux pour remarquer un homme d'un certain âge, moustachu, habillé tout de vert, qui se tenait sur une canne en bois où était gravé une inscription dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Il tendit sa main à Ezarel qui venait de descendre de son familier. Celui-ci la secoua énergiquement.

     - Bonjour à vous chef Patricius. Veuillez nous excuser de ce retard, nous avons rencontré un léger ... contre-temps.

Il a avait dit cette dernière partie de phrase en lançant un regard furtif à Elysa. Elle baissa la tête avant de sentir une main sur son épaule.

     - Ne t'inquiète pas, il est toujours comme ça, tu devrais le savoir depuis le temps ... Ça lui passera. lui chuchota Eweleïn avec un sourire bienveillant.

                                   <<<<<<<<<<>>>>>>>>>>

Elysa rangeais ses affaires dans de petites armoires en bois, joliment décorées de fleurs roses, bleues, jaunes et vertes. Quelques minutes plus tôt, après quelques échanges entre Nevra, Ezarel et le chef du village, Patricius, on les avait emmené dans une auberge pour qu'ils puissent se reposer et manger avant de commencer leur mission. Les deux jeunes femmes partageaient leur chambre tandis que les chefs de gardes, eux, partageaient celle d'à côté. C'était une chambre plutôt basique, avec l'essentiel, deux lits, une table, un bureau, une douche ect ... Mais la maigre décoration avait été choisie avec goût et était plutôt colorée ce qui égayait la pièce. Elle alla ensuite se laver les mains et rejoignit l'infirmière qui mangeais goulûment les sandwiches qu'on leur avait préparé sur la table. Elle fit de même jusqu'à ce que quelqu'un frappe à leur porte. Le vampire et l'elfe apparurent alors. La mission pouvait commencer.

Ils sortirent tous, et marchèrent quelques minutes pour arriver devant une maison en toit de chaume et faite de briques blanche. Nevra frappa 3 petits coups secs et ouvrit suivi d'Ezarel.

     - Je t'en pries, les dames d'abord ! dit-il en tenant la porte d'Eweleïn.

Celle-ci s'avança en rougissant quelque peu. Elysa s'avança à son tour lorsque l'elfe passa devant elle, laissant la porte se refermait sur elle. Elle la rattrapa de justesse et lança au dos du chef des absynthes :

     - Mais ça va pas ?! T'es pas bien ! J'aurai pu me la prendre en pleine figure !  

     - Oui, tu aurais pu, c'est dommage ... répondit-il sans se retourner.

     - Je pensais que tu devenais un peu civilisé, mais je crois que tu ne resteras qu'un égoïste mal élevé !

     - C'est pas de ma faute, j'ai dit "les dames d'abord", pas "les familiers d'abord" ... lui lança-t-il en se retourna pour  lui faire un clin d'œil.

     - Crrrrrééétin !

Il avança en riant tandis que la jeune blonde le suivait en baissant la tête pour dissimuler son visage derrière ses cheveux. 

Elle souriait.

Oui, c'est assez bizarre. D'ordinaire, elle l'aurait insulté de tous les noms mais le fait est que cette plaisanterie venant de sa part signifiait qu'il n'était plus en colère et cela l'avait rassuré sans qu'elle ne sache pourquoi ... 

Elle releva néanmoins la tête pour contempler la petite pièce chaleureuse qui se trouvait devant elle. Elle remarqua un tapis rond au centre, deux petits canapés verts et bleus un peu vieillis devant une grande cheminée en briques blanches où crépitaient des rougeoyantes. Plusieurs tableaux et portraits trônaient sur les mur entre les chandeliers. 

"Le cliché de la maison gauloise ..." , se dit-elle en souriant.

Cependant, elle remarqua que le reste de la troupe se dirigeait vers l'un des fauteuils où on pouvait distinguer une forme enfoncée dans le cuir moelleux de celui-ci. C'est en s'approchant qu'elle reconnue le chef Patricius, concentré dans la lecture d'une espèce de grimoire aussi épais que le livre des blagues nulles d'Ezarel ... c'est à dire vraiment très gros ! Elle se demandait d'ailleurs comment les jambes frêles du vieil homme pouvait supporter un ouvrage aussi volumineux. 

Soudain il releva la tête, et ses petits yeux gris rencontrèrent ceux de la jeune fille. Il lui adressa l'esquisse d'un sourire et finalement, détourna son visage vers les deux chefs de gardes et leur tendit une main bienveillante.

     - Bienvenue à Almesoria ! J'espère que votre installation dans notre humble auberge à été confortable ... Enfin, trêves de politesses ! Je suis réellement heureux de vous voir ici. Notre tentative d'appel au secours à la garde n'aura pas été vaine. Je suis d'autant plus touché et surpris que Mlle Miiko aies envoyé deux chefs de gardes pour mener à bien à cette mission ! Si vous me le permettez, j'aimerai m'entretenir avec vous messieurs sur les détails de la mission ainsi que sur votre sécurité. Mesdames, je vous en pries, faîtes comme chez vous, il y a des biscuits au miel dans l'armoire bleue à côté du tableau ... non l'autre tableau ... oui là ! Voyez-vous, je dois cacher quelques réserves car je n'ai normalement pas le droit de grignoter ... Si on vous demande, je compte sur vous pour ne rien dire !

Quelques instants après que les trois hommes soient entrés dans une petite pièce qui devait être un bureau, les deux jeunes femmes se regardèrent  avec malice avant de se jeter, littéralement sur les petits palets au miel. Pendant ce petit ... "goûter de bienvenue ?", Elysa  ne trouvais pas cela très juste de ne pouvoir écouter la conversation surtout que, elles aussi elles faisaient parties de la mission, elle étaient normalement en droit de connaître les moindres détails pour réussir ...

Après une dizaine de minutes qui lui semblèrent interminables, la porte s'ouvrit enfin et sa curiosité fut frappée par la mine grave que leurs deux compagnons abordaient. Elle croisa le regard de l'elfe et s'apprêta à laisser les questions franchir ses lèvres mais celui-ci la coupa :

      - On rentre et on prépare un plan. Pas de questions, il n'y a rien à dire.

Elle fut surprise par le ton employé et se renfrogna. Eweleïn avait le même regard d'incompréhension que la blondinette qui fronça les sourcils en tournant son visage vers le chef Patricius qui lui adressa seulement un petit sourire avant de la mettre à la porte, élégamment bien entendu ... 


&quot;Je t'aime, autant que je te déteste !&quot; - PAUSE -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant