"Je t'aime, autant que je te déteste !" - PAUSE -

Chapitre 7 : La forêt Almesorienne

"Oracle, qu'est-ce que j'ai mal aux pieds !"

Cela faisait déjà 2 bonnes heures que la gardienne ne sentait plus ses pieds, alors qu'ils arpentaient le côté Nord de la forêt avec Nevra. Cette forêt était ... GI-GAN-TESQUE ! Aussi belle que diversifiée d'ailleurs. La blondinette n'arrivait pas à reconnaître toutes les plantes qui s'y trouvaient.

"Ezarel doit être aux anges ..."

Elle sourit à cette pensée et continua de suivre Nevra qui inspectait méticuleusement chaque buisson et tas de feuilles à la recherche d'un éventuel morceau de cristal.

"Serais-tu du genre perfectionniste Nevra ?

- "Serait-tu du genre parfait Nevra ?", si c'était le réel sens de ta question, alors ... oui ma jolie.

- Parfaitement modeste monsieur le vampire ...

- Ravi de te l'entendre dire ! Plus sérieusement, je préfère tout vérifier pour ne rien oublier. Je suis du genre à réussir mes missions."

Il lui offrit un sourire qu'elle lui rendit avant de, à son tour, commencer à fouiller dans les buissons et les hautes herbes. Elle se fit alors la réflexion : Nevra était plus sympa et consciencieux qu'on ne pourrait le croire, derrière ses airs de coureurs de jupons ... Il faisait tout son possible pour réussir ses missions et aider le plus de personne possible. Elle était contente qu'ils soient amis.

Ils décidèrent alors de s'occuper chacun d'un côté pour aller plus vite et couvrir plus de terrain. La nuit commençait tout doucement à tomber et ils devraient bientôt rejoindre l'orée de la forêt, point de rendez-vous avec les deux elfes.

Elysa s'attelait à sa tâche avec entrain pour ne pas décevoir Nevra. Elle repoussait les branches dans les buissons, ne faisant rien des quelques coupures qu'elles laissaient sur ses mains. Elle voulait en faire le plus possible pour ne pas avoir une trop grande surface à explorer le lendemain. Elle ne voulait pas re-martyriser ses pauvres talons comme lors de ses virées magasins avec Alajéa et Karenn. (Quoi que ... c'était quand même pire ... les magasins ...) Elle avançait donc, à moitié accroupie pour fouiner dans les détails. Lorsque, dans un buisson bleu azuré, avec de petites baies rouges à pois verts dessus, elle vit une sorte de reflet violet à travers le feuillage. Elle plissa les yeux et allongea le bras pour venir attraper la pierre du bout des doigts. Elle resta sans voix, lorsqu'elle se rendit compte que la pierre violette qu'elle tenait dans ses mains, était l'objet de toutes leurs recherches. Elle scintillait faiblement au creux de sa paume. Un de ses côtés commençait d'ailleurs à prendre une teinte noirâtre et la jeune fille se douta alors qu'il devait être corrompu.

" Nevra ! Nevra ! J'ai trouvé un morceau de cristal !" s'écria-t-elle en se retournant.

Son sang se glaça. Lorsqu'elle se retourna, elle ne vit pas Nevra, pourtant là il y a quelques minutes.

"Merde, j'ai dû trop m'éloigner pendant mes recherches et on s'est perdu de vue ..."

Elle fourra alors le cristal dans sa sacoche qu'elle referma soigneusement pour éviter de perdre ce précieux bien, et entreprit de revenir sur ses pas. Enfin, elle essaya. Plus elle avançait, plus elle avait la désagréable impression de tourner en rond, ce qui commençait sérieusement à l'agacer. Tous les arbres et toutes les fleurs se ressemblaient, elle en était sûre ! Au bout d'une bonne demi-heure, elle s'arrêta et s'assit contre le tronc d'un grand arbre au feuillage plutôt dense, pensant qu'elle ferait mieux d'attendre de l'aide plutôt que de prendre le risque de s'enfoncer encore plus ... Elle souffla, sentant que la panique allait la gagner. Elle réfléchit alors à toute vitesse :

- Elle ne savait pas où est-ce qu'elle se trouvait,

- Elle n'avait ni eau ni nourriture,

- Elle avait atrocement mal aux pieds,

- La fatigue pointait le bout de son nez,

- La nuit commençait à tomber,

- Le vent se levait,

- Elle détenait un morceau de cristal corrompu.

En résumé, c'était pas la joie.

Crac !

Elle fut sortie de ses pensées lorsqu'elle entendit un léger craquement venir de derrière elle. Elle se leva d'un bond, pensant que Nevra l'avait retrouvée, et contourna l'arbre.

Son cœur rata un battement.

A côté des crocs de la créature devant elle, les canines de Nevra paraissaient ridicules. Une bête énorme ressemblant à un blackdog, avec un pelage noir et vert, la fixait de ses yeux émeraudes. La jeune fille retint son souffle et commença, très lentement, à reculer. La bête continuait de la fixer en se léchant les dents. Elysa déglutit. Elle continuait de reculer mais se heurta à l'arbre où elle était assise quelques minutes plus tôt. Le monstre commença alors à avancer aussi lentement qu'elle, une patte après l'autre, sans la lâcher du regard. La gardienne s'agrippait à l'écorce de l'arbre. Des gouttes de sueurs perlaient le long de son dos et sur ses tempes, et son cœur venait d'attendre un record de vitesse ... La créature noire se stoppa d'un coup. Elle n'était plus qu'à quelques mètres de la gardienne. S'écoula alors plusieurs secondes qui semblaient durer des heures, où Elysa et le regard émeraude, ne se quittaient plus.

Soudain, la bête bondit vers cette tête blonde et lui asséna un coup de griffes qui arracha un cri déchirant à celle-ci. Elle contourna alors l'arbre et couru à s'exploser les poumons, la jambe ensanglantée, à travers la forêt épaisse. Elle ne regarda pas derrière, sentant les pas de la créature qui la suivaient. Des larmes ruisselaient sur ses joues et aucun appel à l'aide ne pouvait sortir de sa bouche tant elle était sèche. Elle n'arrivait pas à semer son assaillant. La bête était trop attirée par l'odeur du sang qui se dégagait de sa jambe. Elysa sentait d'ailleurs que celle-ci ne pouvait plus suivre la cadence qu'elle lui imposait. Elle avait peur. Elle était même horrifiée. Elle priait de toute son âme pour qu' Ezarel vienne la sauver. Pourquoi lui ? Elle ne savait pas et s'en foutait royalement. Si elle ne trouvait pas une solution, elle ne donnait pas chère de sa peau dans les minutes qui arrivaient. Les yeux embrumés de larmes, dans un dernier souffle, elle cria aussi fort qu'elle le pu, comme dans un dernier espoir, comme une ultime prière.

"Ezareeeel !"