Chapitre 10

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" Emma, j'ai plus de sous... pleurniche Peter en lui tendant un sac en plastique
-Tant pis pour toi." Ils marchent en cadence régulière sur le goudron froid de la rue. Ils entrent enfin dans le petit appartement. Emma enfile un tablier et s'attelle au découpage d'une tomate. Peter arrive et lui fait un câlin par derrière. Emma a les joues rosées à cause du contact. Elle sent des larmes mouiller son pull alors elle ne dit rien, elle se contente de continuer à couper ses tomates. Peter est bien là, comme ça, contre son dos. Il hume son odeur qui lui avait manquée, il observe chacun de ses gestes mais surtout il pleure.
"Emma faut que je te parle.
-De quoi ?
-C'est important, très important.
-Important pour qui? Ton ego? Ta conscience ?
-Important pour nous deux.
-Ça fait deux ans qu'il n'y a plus de nous deux Peter. Dit Emma en posant son couteau à côté de la planche à découper
-Justement Emma. Je veux qu'il y est à nouveau nous deux Emma.
-En quelle langue faut que je te le dise pour que ça imprime? Demande Emma
-Emma, écoute moi. Si je suis parti c'est que j'étais malade. Très malade. Je ne voulais pas que tu me vois mourir sur un lit d'hôpital alors j'ai fuit comme un lâche. J'ai eu peur de te faire souffrir. Je me suis réfugié en Suisse car là-bas il y avait un hôpital qui pouvait peut être me soigner. Je ne voulais pas que tu m'aimes à distance, je ne voulais pas que tu quittes ton travail ou ta ville, je ne voulais pas t'imposer ma maladie. J'étais  égoïste, je voulais que tu gardes une image de moi en pleine santé et rayonnant et pas pâle et mourant. J'ai souffert dans cet hôpital, j'ai cru mourir au moins 4 fois en 2 semaines. Les médecins s'étonnaient de me voir en vie chaque matin, ils étaient persuadés que j'allais mourir, que je ne guérirais jamais. Alors quand ils m'ont vu debout, courant dans les jardins après le traitement, j'ai cru que ces fils de putes allaient s'étouffer avec leur café. Je m'en suis sorti par miracle. Le temps était mon pire ennemi. Je regardais les aiguilles qui couraient sur cette putain d'horloge accroché à ce putain de mur blanc. Tu sais que deux ans ça fait 1 058 400 minutes. C'était beaucoup trop long. Puis t'étais pas là. Mon lit était froid comme mon cœur. Je rêvais de t'enlacer. Juste le temps que tu me prennes dans tes bras l'espace s'efface, le temps se suspend. Être en apesanteur contre ton corps. C'était mon plus grand rêve. Alors je t'en supplie, j'ai souffert deux ans, deux ans à me faire charcuter tous les quatre matins, deux ans à t'imaginer, deux ans à te rêver, ne m'empêche pas de t'aimer. Ne m'empêche pas de t'embrasser, de te câliner, de faire de toi la reine de mon univers, l'impératrice de mes sentiments, la gouvernante de mon âme. " Peter sanglote toujours sur l'épaule d'Emma, il n'avait pas arrêté durant toute sa déclaration. Il relève doucement son visage vers celui d'Emma. Le doux visage qui avait habité ses rêves pendant ces deux longues années. Elle pleure chaudement, elle souffre en silence comme elle l'a toujours fait. Elle n'exprime pas ses sentiments de peur d'entraîner les autres dans sa chute.

Retrouvailles...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant