Episode 1

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Noir, il faisait noir. Un léger bruit, claquant, me fit tourner la tête. Je tentais de voir ce qui avait pu faire ce bruit, aigu et résonnant, mais sans luminosité j'étais aveugle. Un autre claquement, plus distinct cette fois-ci, fit son éclatement. Ma tête était couchée sur le sol -enfin je supposais étant donné que la surface était rigide et froide- tournée vers la droite. Je levais le menton vers le haut espérant découvrir l'origine du bruit. Seulement je restais dans une obscurité des plus profondes, d'ailleurs je ne savais pas où j'étais. Qu'avais-je fait avant ? Je ne savais plus. Pourquoi faisait-il noir ? Aucune idée. J'avais toujours le regard fixé vers le haut, quand je vis une goutte d'eau tombée dans un bruit, le bruit que je cherchais. Elle chuta et vint s'engouffrer dans une masse d'eau plus grande accompagnée d'un cliquetis qui résonna longtemps et troublait le calme qui régnait. Lentement, mon champ de vision s'élargit, je ne voyais pas juste une petite flaque d'eau, mais une plus grande étendue, vaste et claire, tout près de moi. La lumière s'étendait encore, elle grignotait la noirceur comme un millions de petites bêtes affamées, je distinguais maintenant, au dessus de l'étendue d'eau, une feuille verte éclatante et mouillée d'où se formaient mes gouttes d'eau musiciennes. Mon environnement se dévoilait peu à peu sous mes yeux, je voyais le ciel pâle, une végétation luxuriante m'entourait, ma tête reposait, tous comme le reste de mon corps sur un sol terreux, marrons et dur. A proximité de mon visage les rives d'un étang se dessinaient. Où étais-je ?

Je me sentais...calme, reposée, comme-ci j'avais dormi pendant...des heures. Et cela faisait des années que je n'avais pas eues plus de huit heures de sommeil. Je décidai de me relever, doucement, j'encrai ma main droite dans le sol, poussai légèrement, puis ma main gauche fit de même pour que mon buste se décolle du lit de fortune que je m'étais approprié ici. Une fois assise, je ne pus retenir un bâillement, immense, un rugissement long et sonore sortant du creux de mon estomac qui me fit frissonner toute entière. J'étirai aussi mes bras et mon dos visiblement engourdis par cette position que je semblais avoir gardé plus que je ne le croyais. J'observai mon entourage de ma position, il se trouvait devant moi des fleurs, des plantes beaucoup plus hautes que moi et possédant des couleurs éclatantes. Il y avait du vert, du jaune poussin, du fuchsia, du bleu indigo, du magenta, du rouge rubis, un spectacle éblouissant que jamais je n'avais vu dans ma vie, si petite pour l'instant était-elle. Je me levai, retrouvai un faible équilibre perché sur mes deux échasses, je tanguai un moment et fixai mes pieds comme pour leurs ordonner de retrouver leurs stabilités. Ce qui paru marcher. Dans cette observation je remarquai, troublée, que je portais un vieux jean un peu patte d'eph' qui m'avait appartenu à l'âge de huit / dix ans. Je fronçais les sourcils, ne comprenant guère comment j'aurais pu l'enfiler (et le trouver puisque ma mère l'avait donné à mes cousines). Cependant ce détail ne me retenait pas plus longtemps, comment j'étais habillée n'était pas le plus important, où est-ce que je me trouvais, oui. J'avais maintenant la possibilité de voir au dessus des grandes plantes qui occupaient tout l'espace, malgré ma petite taille, et ce que je vis me surprenais encore plus. J'étais...dans une jungle ? Une foret ? J'étais tous sauf dans un endroit que je connaissais. J'étais ailleurs. Devant moi se dressait un paysage naturel emplis d'arbres, de lianes, de feuilles...bleues ? Foncées ? Un peu matte ? Je ne savais pas quoi penser de ce décor atypique. Normalement les arbres sont verts, n'est-ce-pas ? Ils ne sont pas bleus foncés, une couleur matte qui possédait une légère touche de gris ? Et ce que j'avais pris pour le ciel, toute à l'heure, n'était d'autres que les feuilles bleues des arbres qui obstruées le ciel et filtrées la lumière. Mis à part cela, il y avait aussi de grandes tiges vertes saphir et de nombreuses fleurs aux formes étranges, qui m'arrivaient en dessous de la poitrine aux couleurs tout aussi inhabituelles : du rose bonbon, du jaune fluo, du turquoise tacheté de léopard, un orange corail picoré de blanc, un rouge vermeil qui se décliné en marron cannelle, un mélange de jaune de gris , du violet strié de kaki...Un...végétale sphérique attira mon attention, il était zébré, noir et blanc, ses motifs semblaient bouger en sa surface et je me sentais comme hypnotisée par leur danse. Sans m'en apercevoir je m'avançais doucement et effleurai du bout des doigts sa surface lisse comme une chuppa chups. Cela me procurait une sensation de satisfaction grandiose. Soudain, la plante s'ouvra dévoilant une joyeuse rangée de dents acérées et pointues. J'hurlai à pleins poumons m'éloignant avant que celle-ci puisse attraper ma main. Mon pied percuta quelque chose et je détournai les yeux afin de voir ce que c'était. Je bondis en arrière dans un élan de peur, une bête d'un rose violacé, petite, à la corpulence boudinée me regardait de ses yeux divergents et visqueux. Des petits bouts de chair s'élevaient de sa peau pâteuse et dégoulinante d'eau, je compris d'où elle venait. De ses quatre horribles pattes pareilles à des blocs d'argiles qu'on aurait assemblées avec maladresse, elle sauta un peu, je reculais en ce même instant. Son ventre lourd touchait presque le sol et lorsqu'elle recommença sa manœuvre une langue verte, molle, s'évada de ses grosses lèvres. Le stress monta en moi et je cherchai un endroit où fuir. Par chance un chemin était forgé entre les haies de plantes, dans un dernier regard au monstre je m'engouffrai dans celui-ci, mes jambes à mon cou, je ne voulais plus de plantes carnivores et ni de bêtes pâteuses.

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