Le son des gouttes d'eau rencontrant la vasque formait un tic-tac répétitif, comme les secondes du temps.
1...2...3...4...
Les faibles rayons de lune faisaient scintiller les perles d'eau ruisselantes sur un visage fatigué et endolori. Le mien.
...5...6...7...8...
Mes yeux et ma gorge me brûlaient tels des copeaux de braises. Mes larmes fondaient sur ma peau, plus qu'humide.
...9...10...11...12...
Le souffle court, la douleur tenace, les membres tremblants et l'esprit à la dérive, on porta, de force et de nouveau, ma tête dans une bassine, faite de bois. Le contenant me dévorait chaque centimètre de ma peau. L'eau était aussi glaciale que l'ambiance des alentours.
Quand je sentis moins de pression, je jaillis hors du froid. Mon cœur battait aussi vite que les tambours de la fête des récoltes, ma respiration suivant le même chemin.
-Si tu n'acceptes pas cette proposition, nous serons dans l'obligation de te tuer. Alors réfléchis-y bien. me menaça une voix pesante, venant du fond de la pièce.
-Non, ne me tuez pas, je vous en supplie. Vous pensez sincèrement que menacer ma vie est un bon moyen pour que j'accepte de commettre cette horreur, vous pouvez tout de suite oublier. ironisai-je, entre deux respirations saccadées.
J'étais loin d'être dans une bonne situation pour pouvoir m'exprimer avec autant d'assurance. Cependant, un quelque chose en moi faisait que depuis que nos parents nous avaient abandonnés, mon frère et moi, j'étais toujours sur la défensive. Essayant de ne laisser personne m'impressionner. Ce qui n'est, en aucun cas, facile de nos jours, à l'époque des trois royaumes de Chine. Malgré cela, je savais bien que je n'aurais pas dû répondre. Cela aurait été sûrement plus intelligent, plutôt que de m'enfoncer rapidement toute seule.
Et comme pour confirmer mes pensées, d'un coup sec et rapide dans le haut de la nuque, on me replongea le visage dans les tumultes glaciales. Sans pour autant avoir retrouvé mon souffle.
L'espace d'un court instant, je pus apercevoir l'homme qui s'adressait à moi depuis que l'on m'avait enlevé jusqu'ici. Ce dernier était vêtu luxueusement, une majeur partie de son visage était décoré d'un masque d'argent, finement ciselé, et comme s'il savait ce qui allait se passer, il arborait un air victorieux et serein.
Des picotements noirs vinrent tinter ma vue et mon esprit allait chavirer. Je n'allais pas tenir indéfiniment.
-Assez ! Vois-tu, c'est pour cela que je t'ai choisi, pour ta persévérance. Tu ne te laisses jamais abattre.Alors, je vais reposer une toute dernière fois-là question, mais différemment. Acceptes-tu de nous rejoindre, nous les Jia, de prendre la place de la princesse pour pouvoir assassiner le nouvel empereur et de nous faire entrer au palais ? Autrement, ton petit Liang Sun périra sous ma lame et devant toi. me proposa-t-il une toute dernière fois.
À l'entente de son nom, je me figeai et il l'avait bien vu. Il a touché le point faible. Un rire donnant des frissons retentit dans toute la salle.
-Cependant,tu vois, même toi, Xue Zhi, tu as une corde sensible. Et je l'ai trouvé.
C'est bien vrai. Personne ne touche et ne touchera à lui. Il est la dernière personne qui me reste. Mon petit frère.
J'avais bloqué ma respiration une nouvelle fois. Je n'arrivais plus à réfléchir, inspirer et expirer correctement. Je ne pouvais m'autoriser à penser à la deuxième solution, c'était inimaginable et inhumain. Or étais-ce plus humain de devoir tuer son propre dirigeant, qui est aussi un enfant et qui vient de devenir empereur, trop rapidement, et sans son consentement.
Je n'avais plus le choix.
-Je le ferais. répondis-je d'une traite.
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UNTIL ONE FALLS
RomanceKidnapper la princesse, usurper son identité, rentrer au palais et assassiner le nouvel empereur. Mission impossible? Mais Xue Zhi ne se pose pas la question car la vie de son petit frère est en jeu, et il est la dernière personne qui lui reste. ~...