Sacrifices

Chapitre 8

- " C'est rien." rajoute-t-il

-" Tu me montres ? "

Il soupire et me tends son bras gauche. J'ai un hoquet de surprise.

- "Pourquoi tu sembles surprise ? C'était bien ton but de me blesser."

Son bras est parsemé de marques rouge vif. Je l'ai griffé jusqu'au sang.

-" Ça fait mal ?"

- " Oui. Ça me brûle. J'ai l'impression que l'on m'arrache de la peau."

À ces mots, je me redresse un peu précipitamment et lève les yeux vers lui.

Ses yeux semblent se moquer et ses lèvres former un léger sourire en coin.

- " Que tes naïve. "

Je fais une moue boudeuse.

Il soupire encore une fois comme si c'était la seule chose qu'il savait faire. Ah non j'oublie les ricanements.

- " Bien sur que non. C'est comme si rien n'était arrivé. "

- " C'est bien dommage. " marmonnè-je

Je m'attarde quelque temps sur son visage. Sa peau me parait très basané, sombre sous le clair de lune qui traverse la seule fenêtre du cabanon. Il révèle des lèvres qui sont légèrement pulpeuses comme celles d'une fille. Ses joues sont légèrement arrondies rappelant qu'il n'est toujours pas sorti de l'enfance.

C'est cette image qui restera gravée en moi de cette soirée incroyable.

****

Jacksonville à 5 km indiquait la pancarte.

J'ai chassé de mon esprit ses souvenirs et me suis concentrée sur la route. Cela faisait plus de deux heures que je roulais et c'était le premier signe de vie.

Mais le retour à la réalité me rappela que j'avais sauté le petit déjeuner. Je n'avais rien avalé de la journée, et mon estomac se mit à gargouiller pour se rappeler à mon bon souvenir.

J'accélèrais donc sur la petite nationale.

J'ai consulté la carte, étalée sur le siège côté passager. Et oui comme à l'ancienne. La technologie et moi cela fait deux, enfin comme la plupart des Loups-garous.

Jackson était une petite bourgade, mais comme l'indiquait la carte de la région, elle était dotée d'un Macdo.

J'ai rapidement commandé un burger, une grande frite et un coca. Je ne me suis pas arrêtée. Un verre de coca ou un burger à la main en alternance et l'autre sur le volant.

J'ai parcourue plus de 900 km dans ces conditions ne m'arrêtant que quelques heures pour dormir, me soulager et faire le plein.

J'ai vu défiler une multitude de paysages, allant du déserts morne et ennuyeux aux bois qui me donnaient l'envie de gambader.

Et le jour-j arriva. Je m'était levée tôt et aspergée de parfum comme chaque matin pour divulguer mon odeur aux suceurs. J'avais vraiment été chanceuse sur le chemin du retour et j'espérais que cela continuerait ainsi.

J'ai dépassé la ville la plus proche de notre forêt, celle où j'avais fait mon collège.

Puis je me suis engagée dans une petite route qui croisait la nationale à quelques km de la ville et qui se dirigeait vers mon chez moi.

La voie était délaissée et cela se devinait qu'elle n'était plus utilisée par les humains depuis longtemps. La nature avait repris ses droits. Plus j'avançais, plus le sentier s'effaçait.

Ma voiture de ville n'était pas du tout adaptée au sentier et s'enfonçait dans la boue. Je peinais à avancer.

Je sortis donc de mon habitacle et claquai un peu brusquement la portière. Je pris mon sac à dos laissant le reste de mes affaires sur place.

J'allais bientôt revoir ma meute, ma famille. Mon petit frère Sam devait avoir bien grandi et changé en mon absence. Lorsque que j'étais partis, il devait avoir 3 ans. Un mignon bout de gosse. Impatiente de le revoir, je me mis à courir. J'allongeais mes foulées et au fur et à mesure, je reprenais vie dans mon corps tout engourdie après des journées de voiture.

J'aperçu la monticule de terre si bien connue. Je me rapprochai folle de joie. Je sautai dessus et éclatai de rire laissant la gaité m'envahir. Une fois en hauteur, je me mis à  scruter les environs cherchant à apercevoir une connaissance.

Je ne vis personne.

Je redescendis prestement m'élançant dans la forêt qui avait bercé la plupart de mon adolescence. Chaque pas. Chaque empreinte que je laissais sur ce sol m'apaisait, me rassurait. Je l'avais fait.