Chapitre 6 Souvenirs du Sud

38 3 0
                                    

- " Petite, que fais tu là. " dit une voix grave.

Un frisson me parcourue. Je me retournai toute tremblante. Un homme à deux pas de moi. Je ne répondis pas, encore choquée de ce que je voyais.

" C'est dangereux par ici. Aller viens je te raccompagne. "

Il se rapprochait de moi dangereusement.

J'étais paralysée. Je crois que je n'ai pas bien compris ce qu'il se passait jusqu'au moment où il me tira par l'épaule.

Il fallait que je m'enfuie. Tout de suite. J'avais du mal à réagir et à bouger.

" Tu as froid Petite? Tu trembles. "

Je crois que l'émotion était trop forte. Je me mis à sangloter de peur.

-" Me faite pas de mal " arrivais-je difficilement à balbutier.

- " Ne t'inquiète pas. Il faut juste que tu ne traînes pas dans les parages. Il y a des méchants loups qui peuvent te dévorer. "

N'importe quoi. Il mentait. Il fallait que j'agisse. J'essuyai mes yeux avec mon bras et lui donnai un vilain coup de pieds dans le tibia. Et je mis à courir, à courir.

Je n'entendis même pas ce qu'il dit. Une sorte de putois et de ain.

Je ne me retournai pas. Je ne savais pas s'il m'avait suivis. Je ne voulais pas y penser.

Je ne m'arrêtai que deux rues plus loin, près de la route principale, essoufflée. Je repris mon souffle les mains sur les genoux et la tête vers le sol.

Il y avait trois personnes en face de l'autre côté de la route. Je ne les avais pas aperçus.

Et un chien. Ce fut comme ça que je les remarquai.

Il aboyait et tirait violemment sur la laisse. Mes lèvres se retroussèrent, montrant mes dents. Je voulais lui montrer que j'étais prête à me battre.

-" Junior aux pieds. J'ai dit aux pieds. Calmes toi bon à rien! "

-" Ton chien a totalement la rage. Chai pas ce que tu lui donnes mais c'est puissant. "

-" C'est ces maudits loups de malheur. On sait plus ce qui se passe ici."

Les chiens cela me connaissait. Je savais donc que j'étais impuissante. Je pris mes jambes à mon cou. Je me mis à courir dans les ruelles sombres évitant celles où il y avait des hommes.

On aboyait derrière moi. Et ça se rapprochait rapidement. Je me retournai sans m'arrêter de courrir. Le chien avait sa laisse qui traînait. Il avait dû échapper à son maître. Je trébuchai et me ratrappai de justesse sur mes mains.

Je me relevai promptement. Mes mains étaient écorchées ainsi que mon genou.

Il se rapprochait. Ils se rapprochaient.

Le seul véritable moyen de les semer était d'entrer dans une maison et de me cacher. Mais toutes les maisons étaient impénétrable.

Enfin non. Sauf une.

C'était la seule qui avait l'air accessible. C'était la seule avec un petit muret et de larges baies vitrées.

Je courus vers celle ci, pris la poubelle la plus proche et la poussa. Elle tomba dans un bruit fracassant. Mon petit coeur sursauta. Il battait à plus de cent à l'heure. Si je n'étais pas repérer, alors là c'était le cas.

C'est normal. Je fais un cocktail de différents temps présent passé futur.

Je monte sur mon ingénieux escabeau et escalade le muret à la force de mes bras frêles.

Je fais discrètement le tour de la maison pour rentrer par les baies vitrées que j'avais aperçues.

J'ouvre la porte moustiquaire et la baie vitrée. Les deux coulissent sans bruit. Je pose discrètement mon pied sur le plancher même si je suppose qu'il n' y a personne. En tout cas personne n'a réagis au bruit de la poubelle.

L'air frais est une bénédiction.

Je ne prends pas le risque d'allumer la lumière. Cela pourrait se voir de l'extérieur.

Je distingue le reflet sombre d'une table. Je dois être dans la cuisine.

Et soudain.

- " Chéri c'est toi? Tu es revenu? J'ai eu peur tout à l'heure avec ce bruit."

Je m'accroupis vivement sur place derrière ce qui m'avait semblé être la table, n'osant pas faire un seul pas.

J'entends ses pas dans l'escalier. C'en est trop. Je crois que je vais fondre en larme. Mes pensées sont pour mes parents surtout Maman. Je vous aime.

La lumière s'allume. Je suis dans la cuisine. Les pas se rapprochent. Je ferme les yeux et prie pour disparaître. Peut-être qu'ainsi la femme ne me verra pas.

Mes larmes coulent doucement sur ma joue.

Je me recroqueville sur moi même autant que possible.

Après un moment qui me semble interminable, la femme se décide à remonter les escaliers.

- " J'ai du rêver." dit-elle en bayant.

J'ouvre les yeux. Je suis de nouveau plongée dans le noir. Je préfère ça.

Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi accroupie après qu'elle soit partie, mais lorsque je suis levée, mes chevilles ont protestées. Je reste courber derrière la table par précaution. Je ne pourrai rien supporter de plus.

Je renifle et essuie un mélange de morve et de larme avec mon bras.

SacrificesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant