Khalaï

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Ce texte a été rédigé pour la joueuse Khalaï en mai 2018, pour le topic "j'imagine ta gardienne". Bonne lecture.

***

 Khalaï posa précautionneusement un genou à terre, toujours attentive aux alentours et prête à bondir si un danger se présentait soudainement. Une jeune enfant, d'un dizaine d'années tout au plus, était allongée, inconsciente, à même le sol, et l'atmosphère environnante portait toujours les marques des combats qui avaient eu lieu. La garde d'Eel avait été prévenue en urgence : un groupe de réfugiés avait été pris pour cible alors qu'il se rendait à la cité, et leur aide était demandée d'urgence. Sans perdre une secondes, les meilleurs soldats et médecins avaient été appelés et envoyés sur les lieux pour leur porter secours et assistante.

La gardienne de l'obsidienne avait été une des première à être mandatée, pourtant, elle s'était rapidement détournée des attaques contre les agresseurs, se sentant appelée autre part.

La jeune femme ignorait si c'était l'héritage de son père, mais dès que la mort se présentait, celle-ci semblait tenir à la saluer, peut-être pour la convier dans le Royaume qui lui revenait de droit. Cependant, la sollicitation lui semblait différente cette-fois ci, et ainsi, elle s'était éloignée pour trouver la source de l'appel. C'est ainsi qu'elle avait découvert l'enfant. Si celle-ci n'avait aucune blessure visible, il était pourtant flagrant qu'elle avait souffert des combats, d'une manière ou d'une autre.

La gardienne renifla, touchant du bout des doigts l'épaule de la petite. Elle était toujours vivante. La prenant doucement dans ses bras, pour vérifier sa respiration, Khalaï dégagea son visage de ses cheveux, lorsque les paupières frémirent, dans un effort visible pour s'ouvrir.

S'immobilisant, prudente, Khalaï attendit quelques secondes, et son regard croisa celui de la rescapée qui semblait lutter pour rassembler ses pensées, et elle finit par se raidir, complètement paniquée en jetant un coup d'oeil circulaire autour d'elle.

Elle raccrocha son regard à celui de la gardienne, qui lui avait intimé, d'un ton sourd mais posé, de se calmer. Elle fronça les sourcils et scruta le visage de son interlocutrice, avant de se mordre la lèvre, puis de baisser la tête, intimidée. Des légendes, elle en avait entendu. Des heureuses, comme des malheureuses. Et elle était certaine que Khalaï avait une essence qui provenait d'ailleurs, d'un de ces récits. Pourtant, si elle ne parvenait pas à savoir si le visage si près du sien était un masque, impossible à pénétrer. Elle eut beau plisser les yeux pour mieux le discerner, il lui semblait flou, se brouillant tantôt pour prendre tantôt une apparence humaine, tantôt celle d'un animal du désert, tantôt celui du roi des sylves.

Au bout de longs instants de réflexion, face à celle qui se murait dans un silence posé, elle murmura de simples mots :

- Tu vas m'amener chez ton papa ?

A peine avait-elle posé sa question que ses yeux clairs se remplirent de larmes qui finirent par couler sur ses joues, l'enfant ne parvenant pas à retenir ses craintes. Le seul père qu'elle avait envie de voir, c'était le sien. Elle voulait se blottir dans ses bras, qu'il la fasse virvoleter, puis qu'il la décoiffe en passant sa main dans ses cheveux, avant qu'ils ne se fassent une course pour retrouver sa mère. Mais elle se trouvait dans les bras d'une des personnes qui devaient amener la mort et son coeur se serra à cette pensée.

Ce fut avec un soulagement intense qu'elle vit son interlocutrice la contredire en secouant sa tête, sans un mot, agitant sa longue chevelure émeraude. Elles ne dérangeraient pas Anubis, pas aujourd'hui.

A la rigueur...

Khalaï avisa la forêt non loin de là et réfréna violemment son envie de s'y rendre. Elle ne pouvait s'y aller aujourd'hui avec la petite, devant la confier rapidement aux médecins qui les avaient accompagnés, si elle voulait être certaine que l'enfant ne verrait pas son géniteur avant de longues années.

Elle la reposa au sol, vérifiant rapidement si elle pouvait se tenir debout, avant de s'agenouiller pour avoir son visage à la hauteur du sien, et tentant de la réconforter en quelques mots.

- Si tu tiens à rencontrer mes parents, n'hésites pas à te promener dans les bois un jour, tu y trouveras ma mère.

L'enfant hocha simplement la tête, essuyant ses quelques larmes avant de marcher d'un pas timide aux côtés de Khalaï, lui jetant de simples coups d'oeil qui, s'ils avaient été craintifs au début, se teignaient désormais d'admiration.

Aussi terrible soit-elle, la mort engendrait, sans aucun doute, des choses bien plus douces. 

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⏰ Last updated: May 16, 2018 ⏰

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De la plume d'une Absynthe - Recueil d'OSWhere stories live. Discover now