J'ai entendu papa et maman discuter tous les deux. Ils parlaient de déménager parce que la maison devenait trop petite. Parce qu'on était quatre. Parce que Valentin dort dans ma chambre. Et ça m'a rendu très triste d'entendre tout ça. Et les murs aussi étaient tristes. Ils ont dit qu'ils ne voulaient pas que je parte. Qu'ils voulaient que je reste avec eux. Qu'ils voulaient pouvoir continuer à discuter avec moi. Qu'ils voulaient que je continue de dessiner des chiens et des chats sur eux. Que je recouvre le blanc en rouge. Ils n'aiment pas le blanc, et moi non plus.
Je dois rester ici. Je dois rester ici pour toujours. Je dois rester avec les murs et la maison. Et les peindre en rouge pour qu'ils ne soient pas tristes. J'aime bien le rouge. C'est ma couleur préféré. C'est joli et brillant. C'est beaucoup mieux que le blanc. Je veux que ma chambre redevienne rouge, comme avant. Comme avant que Valentin ne vienne dormir dans ma chambre. Comme quand c'était un bébé et qu'il était dans la chambre de papa et maman. Et qu'il pleurait tout le temps.
Valentin, je suis sûre qu'il s'en fiche. Il s'en fiche que les murs ils soient rouges ou blancs. N'est-ce pas Valentin ? Alors je lui demande quand même :
-Tu préfères que les murs soient rouges ou qu'ils restent blancs ?
Il me regarde mais me réponds pas.
-Le blanc, c'est moche. Si je repeins les murs en rouge, ça t'embêterai ou pas ?
Il ne dit pas non. Il ne dit pas oui. Il ne parle pas, mais il peut secouer la tête. C'est comme ça qu'il parle avec maman et papa. Mais là, quand je lui parle, il ne fait rien du tout. Il s'en fiche. Il s'en fiche complètement. Les murs peuvent être blancs, rouge ou bleu, il s'en fiche complètement. C'est qu'un bébé. Il ne comprend pas tout de toute façon. Il est trop petit. C'est plus un bébé, mais c'est pas encore un grand garçon. Un jour peut-être qu'il comprendra ce que veut la maison. Et qu'il deviendra aussi son ami. Mais pour le moment, il est trop petit.
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Les murs
TerrorUne petite fille parle avec les murs. Et les murs lui répondent. Personne n'y fait vraiment attention. Ni ses parents, ni son frère, ni les autres. Les murs sont ses seuls amis. Elle les écoute. Et elle fait tout pour qu'ils ne soient pas tristes.