Chapitre 01: Décadence et impuissance

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Le soleil se levait en cette belle journée de printemps sur le royaume de Blaze. Celle-ci l'admirait de son balcon en rêvant. Le vent caressait ses joues et ses moustaches. La belle princesse se sentait bien. Elle décida de sortir de son modeste palais, loin de ses quelques serviteurs un peu trop collants à son goût, et de faire le tour de sa propriété. Certes, c'était une princesse mais, contrairement à certaines, elle ne supportait pas le superflu et était d'un caractère très modeste, satisfaite du peu de biens que la vie pouvait lui procurer. D'ailleurs, son château n'était pas des plus luxueux -si on pouvait appeler ça un château. Ce n'était en fait qu'une propriété banale, une simple maison de marbre, comme la désignait sa propriétaire, moins grande qu'une villa. Elle était composée de deux étages avec un balcon au deuxième, dans la large chambre de la chatte, donnant sur la nature, et un petit grenier. Le véritable château du pays, celui du roi et de la reine, n'avait rien à voir avec cette demeure là. La princesse trouvait qu'il était trop beau pour qu'il soit la propriété d'une simple princesse. Tellement beau que le palais en devenait presque artificiel. Trop de détails, trop de paillettes, de statues inutiles, et pas assez de naturel. A titre de comparaison, la villa de Blaze n'était qu'une petite propriété où ses parents -aujourd'hui décédés- passaient leurs vacances.

Le rez-de-chaussée comportait uniquement trois pièces: l'entrée, où en son centre se dressait un large escalier menant à l'étage. Sur la droite, une salle "multifonctions", comme la désignait la propriétaire des lieux, dans laquelle elle invitait ses hôtes à boire un verre et également sa salle à manger. Elle se composait d'une table simple, rectangulaire, d'à peu près un mètre cinquante de long, de quatre chaises banales -bien que la princesse ne reçoive pas souvent de visites-, d'un petit coin cuisine, ne prenant qu'un quart de la large pièce, avec un évier, un plan de travail simple, un placard en bois clair avec deux compartiments, dans lequel Blaze rangeait des aliments secs et un peu de vaisselle, et un réfrigérateur, décoré de quelques photos anciennes et de vieux dessins que la princesse avait réalisé durant son enfance.

Enfin sur la gauche, une ouverture sans porte donnait sur une petite terrasse charmante, inspirant celles des maisons de poupées, sur laquelle restaient éternellement immobiles, un fauteuil en bois marron foncé, avec un coussin rouge virant vers le rose, à cause des nombreux poils de chat que la princesse avait pu y laisser, et une table assortie, avec un motif blanc en son centre, dessinant le sceau d'alchimie de Flamme, héritage de toutes les générations de chats faisant partie de la large famille de Blaze.

L'étage de la demeure était également composé de trois pièces. L'escalier donnait sur une porte magnifiquement sculptée et peinte, représentant des roses rouges scintillant de paillettes sur un fond mauve oscillant entre le bleu et le lavande, derrière laquelle se trouvait la chambre de la princesse. Elle côtoyait deux autres chambres, -à l'origine des chambres d'amis-, destinées aux serviteurs masculins et féminins. Dans cette pièce exagérément trop grande, un large lit à baldaquin pour deux personnes, encadré de deux tables de nuit en rotin pourpre, occupait toute la partie gauche, faisant face à une commode sur laquelle se dressait un grand miroir. De chaque côté du lit étaient exposés les portraits des parents de Blaze, à gauche sa mère, à droite son père, affichant tous deux un regard bienveillant en direction de leur spectateur. Deux armoires, postées tel des gardes du corps à côté d'une personne très importante, côtoyaient la porte depuis laquelle on pouvait déjà apercevoir le balcon en demi-cercle au fond de la chambre. Celui-ci donnait une vue splendide sur les terres riches de ce monde, le ruisseau de cristal à l'eau pure, qui côtoyait la forêt d'Améthyste, réputée pour les très beaux papillons qui y vivaient, les montagnes rocheuses découpant le ciel et se teintant d'un rouge chatoyant au moment du coucher du soleil. Par contre, le château royal, situé à l'opposé de la propriété n'était pas visible. La maison de vacances, située sur une colline éloignée du centre du royaume, était comme un petit coin de paradis isolé de la réalité, dominant un environnement pur, où seule la nature dictait sa loi. C'est dans ce paysage merveilleux et aspirant à la liberté que la jeune chatte anthropomorphique décida de faire une promenade. Quittant le palais sans prévenir personne, une de ses servantes, une petite chatte hybride à la couleur orange et aux cheveux bruns, lui demanda où elle allait.

I Just Want To Reach PeaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant