Liberté

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Cest toujours la même odeur qui maccueille le samedi matin, une odeur de désinfectantles même personnes. Je suis en train de feuilleter un magazine de voyages quand la secrétaire du docteur Stanfield vient à ma rencontre. Le simple fait de marcher dans ce long couloir aux murs dun blanc immaculé me fait me sentir oppressée, mes muscles se tendent et ma gorge sassèche. Cela fait cinq ans que je viens ici une à deux fois par semaine et pourtant cest toujours la même appréhension car je sais que je vais encore une fois devoir ressasser mon passé douloureux que je préfèrerai oublier mais dont je ne peux pas rescaper car dune façon ou dune autre il me rattrape. Cependant aujourdhui cest différent, mon corps est beaucoup plus tendu que dhabitude. Plus japproche de la porte blanche plus je dévie mes pensées. Je ne pense plus à ce que je vais raconter au docteur mais mes pensées sont rapidement accaparées par quelquun dautre, une personne capable de me faire oublier mes faiblesses, mon passé et de me sentir légère. Blake. Et ça marche plutôt bien. Quand je pousse la porte du docteur Stanfield je suis plus détendue et me sens plus apte à discuter.

-Bonjour Kaitlyn, comment te sens-tu aujourdhui ?

Je rejoins ma place habituelle dans le fauteuil en cuir qui fait face à lextérieur. La lumière inonde la pièce. Mme Stanfield me rejoins et sassoie en face de moi dans un fauteuil gris.

-Je vais bien merci.

-Nous pouvons donc commencer. Aujourdhui nous allons procéder différemment Kaitlyn.

Je me crispe. Que veut-elle dire ? Mon cur accélère ses battements et mes mains commencent à trembler. Détends-toijentends sa voix et une fois de plus il maide à me détendre.

-Cest toi qui va mener la séance.

-Cest-à-dire ? je demande intriguée.

Pourquoi décide-t-elle de changer subitement ? Depuis cinq ans est-ce seulement maintenant quelle remarque que ressasser le passé me fait plus mal quautre chose ?

-Tu vas décider de quoi tu veux parler. De ta semaine par exemple ou de tes lectures. Cest toi qui choisit.

Je ne sais pas quoi dire face à une telle proposition. Et cette inconnue me fait peur. De quoi pourrais-je bien parler ? Il ny a rien à dire sur moi. Lidée que je préférais peut être quand je devais raconter mon passé me traverse lesprit une fraction de seconde avant que la raison ne reprenne le contrôle de mon esprit.

-Je ne sais pas quoi dire. Je nai pas lhabitude que lon sintéresse à moi. Les personnes qui ne me connaissent pas ont plutôt tendance à me juger et à mexaminer plutôt que dessayer de me connaître.

-Respire Kaitlyn, tout va bien se passer. Je vais te guider, peut-être cela taidera-t-il ?

Je hoche la tête et mexécute.

-Quel est le premier mot qui te viens à lesprit ?

Je cogite dans ma tête un instant mais un mot simpose dans mon esprit comme une évidence. Je mécris alors :

-Liberté !

Certes la liberté représente « la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté, dans le cadre dun système politique ou social, dans la mesure où lon ne porte pas atteinte aux droits des autres et à la sécurité publique. » Mais elle est à mon sens plus personnelle. Jai vécue recluse la majeur partie de mon enfance sans pouvoir agir par moi-même, sans pouvoir décider quoi faire de mon avenir. Il maura fallu presque six ans pour me libérer des chaînes qui entravaient ma liberté. Et ce nest que depuis quelques jours que je perçois le sens de ce mot et que je le ressens. En effet, depuis quelques jours, je me sens libre, je me sens pousser des ailes. Je me sens bien tout simplement. Il maura fallu non loin de cinq ans pour y arriver et maintenant que jen suis imprégnée, vivre sans elle me serait impossible. Cela me serait même impensable.

Vivre, me battre et aimer...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant