Lettre à la mer

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17 mars 2017.

Hier, je suis allée à une petite fête. Rien de bien fou, une soirée intime où les invités se comptaient sur les doigts de la main. Il y avait ce garçon, celui qui occupe mes pensées depuis quelques semaines maintenant. 

On a bu. Beaucoup. Mais j'étais presque sobre, je refusais que les pensées s'embrouillent. Je voulais être prête, quoi qu'il arrive. 

Tu sais, je croyais qu'on s'entendait bien. Vraiment bien. On se parlait, on se taquinait, je pensais qu'il me taquinait plus que d'autres. Peut-être que c'était le contraire. 

J'ai cru, pendant un instant, rien qu'un seul, qu'il pourrait y avoir quelque chose. J'avais en tête de lui dire ce que je ressentais le lendemain. On parlait de tout et de rien, sûrement plus de rien que de tout. J'avais entrevu une partie de son âme, une partie qu'il ne montrait pas souvent, une partie un peu amochée, qui essayait d'émerger. Je le voyais au reflet de ses yeux. La meilleure partie de lui, sûrement. 

Puis ensuite, je suis entrée dans cette chambre, à sa recherche. Je n'imaginais pas l'y voir, une amie dormait. Pourquoi irait-il dans sa chambre alors qu'elle essaie de dormir? Ça n'a pas de sens mais les autres pièces étaient vides, alors j'ai cherché une dernière fois. J'entendais des bruits sourds, à peine perceptible, des gémissements aussi. 

Quelques uns. 

Je ne les aurais jamais entendu si je n'étais pas rentrée dans cette chambre, un peu par dépit, un peu au hasard. 

Et je l'ai vu. Il caressait les jambes de cette fille inconsciente qui, malgré son sommeil, tentait de s'y opposer. 

Je suis rentrée dans cette chambre. Un peu trop violemment, peut-être. Il a du le prendre pour de la maladresse car il ne s'est pas redressé précipitamment. Il a pris son temps, comme s'il n'avait rien à cacher. 

Comme s'il n'était pas fautif. 

Comme si tout cela était normal. 

J'étais énervée. Déçue. Qui ose être déçue dans une situation pareille? 

Je le détestais, je me détestais. Pourquoi je me détestais? 

Je pensais : "ce n'est qu'un garçon, après tout". Et je m'imaginais, encore une fois, comme celle au coeur ballant qu'on laisse sur le bas côté. 

Comme la fille consciente qui serait prête à se donner et qui, pourtant, perd contre un corps qui bouge à peine. 

Je me déteste encore et je le déteste plus. 

Aucune culpabilité pour ces pensées sur le moment, ça m'est venu après. Un dégoût profond pour la gente masculine, un dégoût profond pour moi-même. Un égocentrisme sur-dimensionné et une conscience à retardement. 

Ça monte, et monte, et monte. 

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 22, 2023 ⏰

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Pensées en vrac d'une fille patraqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant