Chapitre 1

65 2 20
                                    

  - Allo?

  - Emma! Ça fait au moins dix minutes que j'essaie de t'appeler, pourquoi est-ce que tu ne m'as pas répondue avant?!

  Ne pouvant s'en empêcher, Emma lâcha un soupir.

  - Désolée Ana.

  Inutile de lui expliquer qu'elle était si absorbée par son film qu'elle n'avait pas entendu son téléphone sonner.

  - Bon OK, excuse acceptée. se rendit Anaïs. Pas le temps de se disputer, il faut que tu rapplique. Et vite!

  - Que je rapplique? Mais où? Pourquoi? demanda la jeune fille en fronçant les sourcils.

  - Au café où on va tout le temps. Je t'expliquerai là bas.

  - D'accord, je m'habille et je te rejoins.

  - Je t'attends.

  Anaïs raccrocha. En soufflant, Emma coupa la télévision. Sa journée zen, affalée sur le canapé en pyjama devant la télé venait d'être foutue en l'air. Merci qui? Non mais celle-là, elle va avoir le droit à une bonne explication sur son emploi du temps.

  Elle se leva tout de même et rejoignit sa chambre. Elle habitait chez sa grand-mère en attendant de se trouver un bouleau. Seule petit-enfant de la femme de presque soixante-dix ans cette dernière semblait ravi de cette colocation. Sa grand-mère était partie en vacances pendant six mois. Elle avait divisé son temps sur plusieurs destinations. Deux semaines à Hawaï, une à Venise, une aux Maldives, deux aux Caraïbes, deux à Athènes, etc. Elle était partie il y a deux mois déjà. En bref, elle avait là maison pour elle seule.

  Elle ouvrit sa penderie et s'empara d'un jean et d'un pull en maille vert émeraude. Elle disciplina ses cheveux châtains qui retombèrent en cascade sur ses épaules jusqu'en dessous de ses omoplates. Puis s'appliqua à son maquillage. Ses yeux d'un marron sombre tranchaient sur sa peau laiteuse. Elle enfila une paire de chaussure et une veste et sortit.
L'air frais du mois d'octobre vint mordre ses joues. La transition entre son salon, où elle était emmitouflée dans un plaid, et l'extérieur était brutal. Encore un sujet à expliquer à Anaïs. Elle était à cinq minutes à pied du café, pas la peine de sortir la voiture pour si peu. Après quelques mètres elle se trouva devant le portique. Quelques tables rondes étaient disposées devant. La devanture rouge aux faux airs anciens affichait comme nom Le Grand Café. Ne s'attardant pas au pied de ce lieu qu'elle connaissait depuis toujours, elle y entra. Anaïs était assise à une table près du grand escalier au fond du café. Ses longs cheveux blonds étaient rassemblés en une tresse épaisse sur son épaule. Son haut d'un rouge délavé mettait en valeur sa peau crème et ses yeux verts. Emma s'approcha alors que son amie lui faisait de grands signes.

- J'ai failli t'attendre. se moqua Ana alors qu'elle s'asseyait.

- Tu viens de gâcher ma journée zen. J'étais tranquillement installée dans mon canapé en pyjama.

- T'en fera d'autres des journées zens! Là j'ai besoin de toi.

- Qu'est-ce qu'il y a? s'inquiéta Emma.

- Je crois que j'ai craqué sur quelqu'un.

- Ana!

Emma s'adossa à sa chaise avec exaspération. Mais elle alors! Elle devait trouver Le grand amour trois fois par jour, alors la déranger pour ça...

- Non mais cette fois je sens que c'est sérieux. Crois-moi, c'est différent.

- Je t'écoute. fit l'autre en se rapprochant, les bras croisés sur la table.

À jamaisWhere stories live. Discover now