Chapitre 14

29 2 4
                                    

Perdu dans les souvenirs de son passé, Alex regagna son appartement d'un air absent. Cette nuit se rejouait encore et encore dans son esprit. Les images repassaient en boucle alors que la même question le hantait: comment pouvait-il l'aider ? Il revoyait les émotions se succéder avec chaos sur le beau visage d'Emma. De l'étonnement jusqu'à la colère, un parcours pour le moins inattendu. Son immeuble se dressa soudainement devant lui. Il avait marché sans réaliser la direction qu'il empruntait, comme s'il avait suivit cet itinéraire des dizaines de fois. Ce qui n'était pas le cas.

Dans le vague, il posa la main sur la poignée de son appartement et mît un certain temps à comprendre que si elle ne s'ouvrait pas c'est parce qu'elle était verrouillée. Pestant contre lui-même, il fouilla sa poche pour en tirer sa clef. La porte s'ouvrit sans bruit, ni couinement ni grincement. Tout aussi silencieusement il la referma et accrocha sa veste à la patère. La porte de sa chambre était entrebâillée, aussi s'y rendit-il. Avec un survêtement d'Alex et un T-shirt à elle, Théa dormait en diagonale dans le grand lit. S'il n'avait pas été aussi préoccupé, le jeune homme aurait sourit. Mais là non, il se contenta de fermer ici aussi le battant pour s'enfermer dans la pièce voisine à la salle de bain.

Emma n'aurait jamais cru qu'il serait parti aussi facilement. Elle en était à la fois soulagée et étrangement déçue. Pourquoi ce dernier ressentiment ? N'importe quoi Emma, avec tout ce qu'il se passait c'est tout ce qui l'interpellait ? Un homme ? Quelle fille horrible faut-il être pour pouvoir entretenir ce genre de pensée ? D'un geste inconscient elle tourna la tête. La porte de la chambre de sa grand-mère était toujours ouverte. Les larmes dévalèrent à nouveau ses joues. Comment se sortirait-elle de cette terrible situation ? Elle ne saurait surmonter la disparition de Mam. « Disparition », releva sa conscience.

Une partie d'elle avait envie d'appeler Angie et Anaïs afin de passer du temps en dehors de cette maison emplie de souvenirs. Mais une autre partie d'elle ne voulait que se terrer sous sa couverture et ne jamais en sortir. Elle se traîna jusqu'à la cuisine, ses éclats contre Alex lui ayant donné soif. En entrant elle vit immédiatement les ingrédients et les ustensiles des cookies de Denise épars sur le plan de travail. Évitant soigneusement cette zone des yeux, elle se dépêcha de se servir de l'eau et de sortir. Mais dans le salon trainaient l'un des livres de Twilight qu'affectionnait sa grand-mère. Dans la salle à manger se trouvait son ordinateur portable, en veille. Sur le porte manteau pendait son écharpe verte. Les clefs de sa voitures dépassaient du bol fourre-tout sur le guéridon entre l'escalier et la porte d'entrée. Tout lui rappelait la femme qu'elle aimait tant. Voilà, maintenant elle pouvait le dire. « Je t'aime », ces mots qui résonneront désormais comme un acte inaccomplie regrettable et regretté. Ils avaient perdu toute saveur.

Les vibrassions de son téléphone, posait sur la table basse, la tirèrent de ses réflexions décousues. Muée par l'habitude plus que par intérêt, elle s'empara machinalement du portable. Un nouveau message.

  Angie 😇                                  7h31

  Coucou... je me disais que tu voudrais peut-être parler... si c'est le cas je peux t'écouter mon poussin.

  Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas appelé ainsi... Amorphe, Emma ne ressentit rien en le lisant. C'était comme si ses émotions avaient disparu dans le gouffre si profond de sa tristesse, happés par un ensemble trop grand pour elle. A peine eut-elle reposé le téléphone qu'il se remit à vibrer.

Anaïs🤪                                     7h32

  Salut ! Tu veux une blague à deux balles ?

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 29, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

À jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant