Ken était à la fenêtre, il regardait les voitures, une clope à la main. Il était assis sur le balcon, les jambes dans le vide. Il allumait clopes sur clopes, et parfois des joints, les fumait sans faire attention, jetait sa cendre à côté, buvait sa bière. Il pensait à tellement de chose, que sa tête chauffait; l'album, les gars...
Il essayait de prendre de la distance par rapport à tout le stress qu'il éprouvait, des fois ça marchait, des fois pas.Framal regardait son ami, son frère, de loin; il savait que Ken avait ce genre de moment parfois, en soirée pas souvent, mais ça arrivait.
Laura le regarda de loin.
- Laisse Lau', il est comme ça parfois, dit Framal en passant un bras sur son épaule.
- Ouais, viens danser avec moi! Rit-elle.
Il l'a prit par le bras et l'a fit tourner avant de bouger avec elle. Ce n'était pas sensuel, comme la dernière fois avec Nek, c'était bon enfant, il l'a faisait tournoyer et l'a ramenait doucement, en musique.
C'était Rub A Dub de Fauve.
Laura ne savait pas qui avait mit cette chanson, mais quelque part, elle lui en était presque reconnaissante. C'était posé, chill, calme, et pour cette fin de soirée, ça convenait parfaitement.
Les autres allumaient un dernier pétard, quand Ken sortit du balcon.
Et même si tu vois,
que je suis pas quelqu'un pour toi
Il regarda Laura danser avec Framal et s'approcha plus. Framal, d'instinct, se décala, et Ken lui vola sa place.
- Tu danses sans moi?
- Peut-être.
Il l'a fit tournoyer, le corps lâche et souple. Elle revint vers lui, le bras posé sur sa nuque de nouveau.
Mais elle avait un peu bu, et lui était un peu trop défoncé pour envisager quoique ce soit. A la place d'un pseudo désir ardent, il prenait un certain plaisir à la regarder bouger, à l'a faire virevolter. Le temps passait moins vite.
Après cette chanson, ils se séparèrent, détendu.
- Je vais y aller les gars, dit Laura en remettant une mèche derrière l'oreille.
Ken lui fit la bise, ensuite Framal et tout les autres.
Laura enfila son imperméable et reprit son sac sur son épaule.
La porte se referma et elle disparu.
Ken s'affala dans le canapé et allumé le joint que lui tendait Doums.
Il tira une latte, et bu une bière, puis deux. Puis trois.
Ça lui suffisait pour être moins clair.Il enfila sa veste et partit avec un dernier signe de la main.
Il referme la porte derrière lui et descendit lentement les escaliers. La nuit était noire, fraîche, mais il avait tellement chaud qu'il enleva sa veste. Elle traînait à ses côtés.Étrangement, il avait une furieuse envie d'écouter l'eau.
Il descendit sur les bords de Seine et s'assit sur un banc. Il était fatigué tout d'un coup.
Le stress de l'album apparu tout d'un coup, le stress de pas être à la hauteur, tout ce qui s'était accumulé...
Il soupire, et une larme coula sur sa joue. Il l'aurait essuyer rageusement avec volontiers, mais être dur, sans laisser rien paraître, lui paraissait être de plus en plus dur. Il n'arrivait plus à prendre la vie au sérieux comme avant, il ne pouvait plus l'affronter, il n'y arrivait plus.Nekfeu lui bouffait toute son énergie, et Ken suffoquait. Il s'étouffait seul en silence, et paniquait: il semblait avoir peur de se faire évincer de lui même, il avait l'impression qu'il se perdait. Le Nekfeu qu'il aimait jeune, lui faisait défaut, car il se mettait a prendre toute la place. Il avait besoin de l'effacer. Il en avait marre, il voulait tout jeter, tout en envoyer chier.
L'espace d'un instant, son coeur s'affola et les larmes redoublèrent.
Elles coulaient sur ses joues en silence, alors que son coeur, tambourinant dans sa poitrine, résonnait à ses oreilles.
Il voulait hurler.Les clapotis de la Seine contre les quais se faisaient entendre; il se concentra dessus, tout se calma.
Il rouvrit les yeux, avec aucuns souvenirs de les avoir fermé, tout était normal.
Ses muscles se détendirent peu à peu, et une grosse fatigue l'envahit.
Il s'allongea sur le banc, les joues mouillées, le nez qui coûle et les bras nus.
Il voulait s'endormir, au fond de son lit, au chaud dans quelques chose de doux.Il fallait qu'il lutte. Qu'il ne laisse pas ses pensées l'engloutir dans cette torpeur gluante.
Ce qu'il était fatigué.
Il se leva, à contre cœur, et remonta le pont, une rue, un autre rue, elles défilèrent sans qu'il y fasse vraiment attention. Ses jambes connaissaient le chemin. Ça lui suffisait.Il rentra dans son appartement, se déshabilla, un peu titubant, pour rentrer dans son lit.

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LES BRUTES
FanfictionLaura Maillard est une jeune femme méfiante, elle déteste les brutes, sans s'apercevoir qu'elle en est une. Jusqu'à ce qu'elle rencontre une autre Brute. Ken Samaras. #3 sur 1.3K dans la catégorie nekfeu #765 sur 19.2K