Chapitre 2 : La rencontre

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Puis, vint le jour où leur premier échange eut lieu.

Ce n'était pas du tout comme Emma l'avait imaginé. Ce n'était pas ce moment magique, parfait, où les regards se croisent et les mots coulent naturellement, emplis d'une curiosité mutuelle, d'une attirance immédiate réciproque, d'une connexion instantanée. Non, leur première conversation fut un désastre.

La brune se trouvait dans le hall, où Emma était en train d'attendre que la pause ne passe. Elle était à quelques mètres de la blonde et discutait brièvement avec un professeur. Emma savait qu'elle devait tenter quelque chose. C'était maintenant ou jamais. Ses amies n'étaient pas dans les parages et c'était la pause entre deux cours. "Si je reste passive, je suis vraiment une sous merde" se répéta Emma en prenant une grande inspiration. Elle s'approcha, tâchant de masquer son appréhension derrière une façon de nonchalance et de confiance.

"Eh... tu es dans quel programme ?" demanda Emma, avec un ton qui se voulait léger, presque détaché .

Regina leva à peine les yeux vers elle. Son visage restait impassible, comme si cette intrusion n'était qu'une légère perturbation dans sa journée.

"Sciences politiques." La réponse fut brève, froide. Regina reporta aussitôt son attention dans ses affaires, plus précisément son téléphone où elle regardait des edits de chanteuses. "Oh, elle aime Taylor Swift et Lana Del Rey... Stop. Je fais trop psychopathe à observer tous ses faits et gestes" se dit la blonde, perdue dans ses pensées.

Emma sentit une vague de gêne monter en elle. Ce n'était pas ce qu'elle avait prévu. Elle fronça les sourcils, ses instincts de défense prenant le dessus.

"Eh bien, c'est fascinant, vraiment. Je suis sûre que la politique est... ta grande passion" ajouta t-elle avec une ironie à peine voilée.

C'était sutpide. Elle le sait bien. Le sarcasme était sa carapace, mais elle le regrettait déjà en voyant l'expression de la femme qui la fascinait tant se durcir encore plus. Elle rétorqua "Et toi ta grande passion visiblement c'est l'ouvrir pour rien. Je m'appelle Regina sinon." rétorqua méchamment la brune avant de tourner simplement les talons et s'éloigner, comme si Emma n'était qu'un parasite.

Emma restait plantée là, clouée au sol par le poids de son propre échec, de sa propre honte, de ses propres regrets instantanés. Elle s'appelle Regina. C'était la seule information qu'elle ait pu avoir de celle qui occupait tant ses pensées depuis plusieurs semaines. Qu'avait-elle espéré ? La brune n'avait aucun intérêt pour elle, elle l'avait senti dans son regard distant, presque hautain, ainsi que ses mots aussi piquants que des orties. Pourtant, elle ne pouvait nier la force irrationnelle qui la poussait vers elle. Et ce désintéressement apparent ne faisait qu'attiser davantage la flamme naissante.

Malgré cette première rencontre glaciale, le destin... ou la simple persévérance d'Emma... finit par les rapprocher. Ce fut lors d'un travail de groupe, un mois plus tard. La blonde n'avait pas attendu ce moment avec optimisme, mais saisit l'occasion, coûte que coûte, l'espoir jaillissant d'une fissure plus profonde. Forçant un sourire, elle brisa une fois de plus la glace, engageant la conversation sur des sujets profonds, cherchant à percer cette façade de Regina. Oui, depuis un mois elle pouvait au moins poser un prénom sur ce visage qui la poussait tant dans ses retranchements.

A sa grande surprise, Regina commença à répondre, non sans une certaine retenue. Ce ne fut pas immédiat, mais lentement, leur relation évolua. Des échanges froids et distants, elles passèrent à des discussions plus longues et plus personnelles durant ce TD ennuyeux en pleine après midi. Emma compris durant cette conservation que les deux amies de Regina, Blanche et Lily étaient absentes et que c'est pour cette raison que la brune accepta de faire cet exposé avec Emma. La blonde fut presque vexée mais comprenait. Après tout, c'était bel et bien logique comme raisonnement. Puis... Qui voudrait réellement être en compagnie d'une fille aussi seule qu'elle-même ? "Personne," supposa Emma et ses pensées négatives. Néanmoins Emma était dans l'euphorie parce qu'elle réalisa en voyant le premier rire de la brune qu'elle n'était pas aussi indivisible à ses yeux qu'elle l'avait cru. 

L'enfer ou le paradis - SwanQueenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant