6. Rencontre

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Dimanche. 10H00. Une maison. Ce n'est pas un édifice moyenâgeux avec des voûtes et un clocher. Il n'y a pas de tableaux dorés, pas de statuettes de Marie, pas de Christ agonisant sur une croix. C'est juste une maison. Juste une salle avec des chaises, une estrade et un pupitre. Je me souviens encore de ce sentiment étrange qu'est l'inconnu. Celui de pas savoir si on a fait le "bon choix". J'avais toujours pensé que ce qui était de Dieu devait forcement "briller": briller esthétiquement, être un débordement de richesse pour éblouir le monde. Mais cette maison n'avait rien de plus qu'une autre maison. Rien de moins non plus. Finalement, le proverbe fait son office : Ce n'est pas l'habit qui fait le moine, n'est-ce pas?

"Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d'eux." Matthieu 18:20

Le culte protestant ne se pratique pas exclusivement dans un temple (appelé plutôt Eglise chez les luthériens), qui n'est pas considéré comme un bâtiment sacré, mais comme un lieu communautaire. Il ne comporte aucun aspect sacrificiel, à la différence de la messe catholique. Explication Wikipédia

Je prends place, je m'assois; le culte commence. Je suis saisie par des différences incroyables avec les messes auxquelles j'avais assistée dans les églises catholiques. Ici, il n'y a pas de protocole. La louange est dynamique. Il y a même un groupe avec des musiciens et des instruments. Tiens, c'est drôle: les paroles des chants sont projetés sur le mur; pas de vieux feuillets poussiéreux. Il y a une liberté surprenante: certains lèvent les bras très haut, certains prient à haute voix pendant le chant. Je vois des larmes de bonheur, des supplications d'adoration, et le tout dans un esprit autonome. Chacun vit la Grâce à sa mesure; c'est magnifique. C'est Puissant. Pour moi, c'est un véritable séisme.

« Toute grâce excellente et tout don parfait descendent d'en haut, du Père des lumières, chez lequel il n'y a ni changement ni ombre de variation » Jacques 1 :17

Il y a quelque chose d'incroyablement divin dans la communion fraternelle. La communauté agit ensemble, mais avec la liberté de chacun. "La liberté des uns commence la où s'arrête celle des autres". C'est faux. Et je l'ai compris ce jour là. La liberté des uns s'accompagne à celle des autres. La voilà, la vérité.

Pour la première fois depuis des années, assise dans cette Église, je me sens à ma place. Je suis dans ma Maison. Et je bois chaque parole, chaque mot de la Pasteur, et j'en comprends tout le sens. Je vis la Bible: je Vois Dieu. Les versets qui sont expliqués sont un miroir avec l'actualité, les sentiments humains, les pensées, les projets, etc... Tout m'apaise ici, et pourtant ce n'est rien de "spectaculaire", de "sensationnel": C'est la simplicité même, celle qui ramène à l'essentiel. J'aime ça. Je voudrais rester là toute la journée, j'ai l'impression que le temps à été bien trop court, mais quand je regarde ma montre il est déjà midi et demi... Quand le culte s'est terminé, j'étais comme une enfant à qui on donne à manger pour la première fois: il m'en fallait plus.

"Que la parole de Christ habite parmi vous abondamment; instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs sous l'inspiration de la grâce." Colossiens 3:16

C'est Judith qui m'a invité à rejoindre la Pasteur pour me présenter. Tout le monde était déjà partis, et nous, nous avons simplement beaucoup discuté. Combien de temps je ne sais pas, ni ce qui s'est passé en moi quand elle m'a demandé si je souhaitais m'abandonner au Seigneur. Juste un "oui" fébrile mais convaincue est sorti de ma bouche sans que j'en sois maîtresse. C'était une évidence. S'abandonner au Seigneur. Qu'est-ce que ça veut dire? On le sait mais on ne peut le définir avec des mots humains. Ce n'est pas un sentiment humain, de toute façon. Dans "abandon", il y a "don":  nous remettons tout ce que nous sommes entre de bonnes mains, celles de Jésus. Amen! Que l'on soit jeune, vieux, pauvre, riche, érudit ou novice, que l'on saches réciter la Bible par cœur ou qu'on la découvre pour la première fois, chacun d'entre nous peut être touché et décider de Voir. Voir la Gloire et la Puissance, c'est tout simplement ressentir cette sécurité, la confiance d'être protégée, la promesse d'être sauvée.

« Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie » Éphésiens 2 :8-9

La Pasteur a posé ses mains sur moi et s'est mise à parler une langue que je ne connaîtrais que quelques années plus tard. Alors que ces mots inintelligibles résonnaient dans mon esprit, j'ai commencé à les comprendre, et l'Esprit m'a touché.  Dieu m'a révélé ma condition, et de honte je me suis mise à pleurer. J'y reviendrais longuement dans le prochain chapitre.Les chrétiens connaissent tous cette épreuve. Certains même la vivent et la revivent de nombreuses fois, à différents moments de leur vie. Ce choc d'une violence extrême, douloureux mais libérateur, c'est la Repentance.  

Ce jour, à cet instant même, j'ai rencontré Dieu.

Et un jour Il a ouvert mon coeur...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant