• IV •

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-Présent-

« Détenue n°93 ! »

Je me réveillai, mon esprit fut quelque peu confus à l'entente de mon 'numéro' de détention, et les derniers souvenirs d'un rêve s'estompant petit à petit au fur et à mesure que je devenais de plus en plus consciente. J'ouvris un œil avec précaution tout en soupirant, pestant contre le fait qu'on m'ait réveillée. En dehors de ma cellule se tenait l'une des gardes, une femme oui, les clés se balançant librement à sa ceinture dans un rythme régulier.

« Aw, ai-je interrompu la belle au bois dormant dans son sommeil ? » demanda-t-elle d'une façon moqueuse tout en insérant les clés dans la serrure. Après avoir déverrouillé la porte - non sans succès, elle me fit signe de m'avancer. Je me défis à contrecœur de la couverture dans laquelle j'avais dormi et me levai, lâchant un petit soupir moqueur quant à sa remarque.

Après m'être débarbouillée la figure pour être un minimum présentable, des menottes en acier furent enfilées à mes poignets. Elle s'en alla sans un mot, visiblement pas d'humeur à interagir avec moi. Je la suivis, veillant à ne pas jeter fixer les détenus des autres cellules. Car peu de temps après mon arrivée ici, pratiquement tout le monde était venu vers moi afin de prendre connaissance de la raison pour laquelle je m'étais retrouvée ici, la raison de ma 'relation' avec Yoongi. Pas mal de monde ici savait qui il était, et certainement pas pour de bonnes raisons.

Le son de pas résonna à travers le couloir. Je mordis ma lèvre inférieure, je savais que tous les yeux étaient posés sur moi. Cette sensation désagréable quand tout le monde vous regarde était belle et bien présente. Cependant, je fus soulagée bien assez tôt de voir qu'une porte se trouvait désormais en face de nous. On posa les pieds à l'intérieur de la pièce et je fus assise derrière une vitre en verre.

Le temps ne fut que très court avant que j'entende un mouvement l'écran limpide. Une voix rauque, qui m'était familière, se fit entendre de l'autre côté de la pièce, attirant mon attention. Cette voix, je la reconnaissais entre mille. Je dus le fixer un peu trop longtemps puisque j'entendis mon interlocuteur se racler la gorge. Je cessai ainsi de le regarder et me mis à gigoter sur ma chaise, me sentant inconfortablement assise sous son regard intimidant.

Le malaise était présent et en devenait presque insupportable, et vu qu'il n'avait encore rien dit, je me mis à parler. « Quelle surprise. » Les mots qui quittèrent ma bouche se prononcèrent dans un chuchotement à peine audible, pourtant l'intention de murmurer n'avait jamais été là. Il dut sûrement remarquer ma gêne puisqu'il me regarda avec une once d'inquiétude dans son regard. « Y/n. Euh... Comment ça se passe pour toi ? »,demanda-t-il nerveusement, triturant ses doigts, lui aussi malaisé par la situation.

« Hm... Je sais pas, » je fis une pause, puis repris, « Tu te prends pour qui ?! » Il releva les yeux vers moi, clairement surpris par mon emportement soudain. Je croisai mes bras par-dessus ma poitrine et m'enfonça dans le siège, passant ma langue dans l'espace situé entre mes dents et ma lèvre inférieure d'une façon agacée, ennuyée.

« Écoutes, Y/n, tu le sais qu'aucun de nous ne voulait que ça arrive, » soupira-t-il, « on n'aurait pas pu aider de toute manière. »

« Assez. » Je levai une main pour qu'il arrête de parler. « Si tu voulais pas que ça arrive, alors qu'est-ce que je fais ici ? »

« On fait tout ce qu'on peut, Y/n, attends encore un peu s'il-te-plaît. Mais au moins, restes en-dehors des embrouilles, fais-le pour moi, s'il-te-plaît. »

« Rester en dehors des embrouilles ? » dis-je d'une ton sec, « Je pensais pas que tu me voyais comme ça, Namjoon. C'est que je me sentirais presque blessée. »

« Tu sais... même nous, nous étions aussi surpris que toi. » révéla-t-il avec hésitation. Je ne m'attendais pas à ce que ces mots sortent de sa bouche, surtout venant de sa part.

J'entendis soudainement une chaise racler contre le sol, et relevai les yeux afin de regarder sa silhouette assez menaçante qui se tenait devant moi à travers la vitre. Ce qui me surprenait le plus était le fait qu'il soit là, face à moi. Après tout, on ne travaillait plus pour Yoongi. Il fit rapidement glisser un papier à travers l'espace prévu pour avoir un contact physique avec la personne en question, puis il fit un mouvement de recul avant de se diriger vers la sortie.

« Tu fuis une fois de plus bien trop tôt ? Pathétique. »

Il s'arrêta quelques mètres plus loin, avant de se remettre à avancer, faisant comme si de rien n'était. On aurait dit qu'il avait encore quelque chose à dire, mais n'avait-il sûrement pas le courage de le faire ? Je compris alors que le papier qu'il m'avait donné me donnerait certaines réponses que je recherchais.

···

Je m'allongeai sur le lit, toujours en possession du papier que Namjoon m'avait donné. J'ai lutté toute la journée pour ne pas le lire, et ça avait été très compliqué. Mais il fallait que je jette un œil à son contenu, ça en devenait limite vital. Alors, je plongeai ma main dans mes poches et en ressortis le morceau de papier à peine chiffonné. T'as intérêt à ce que ça en vaut la peine, Namjoon.

Je laissai mes yeux parcourir le papier, fronçant les sourcils avec appréhension. Aucun des mots n'avait de sens. Je retournai le papier, encore, et encore, essayant de comprendre le sens des mots inscrits sur la surface. J'essayai de me convaincre qu'il s'agissait d'un message codé, et non d'une énorme connerie.

Je repensai alors aux moments que je passais avec le gang, autrefois. Peut-être que ces mots étaient liés à eux ? Tout en essayant de déchiffrer le message, j'entendis un garde marcher à travers le couloir. Je rangeai rapidement le papier dans ma poche, priant silencieusement pour ne pas m'être faite grillée. Quelle erreur.

« 93. »

Je remuai légèrement dans mon lit, me tournant calmement et lentement vers le garde qui se tenait désormais face à moi, en dehors de la cellule. « Il y a un soucis ? »

« Oui, effectivement, » répondit-il d'une voix neutre. « Donnes-moi le papier, si tu ne veux pas avoir de problèmes. » me défia-t-il.

Mon expression faciale restait neutre, ne trahissant pas ainsi mes arrières pensées. « Quel papier ? » ripostai-je innocemment.

« Celui qui est dans ta poche. » répliqua-t-il, confiant.

Intéressant... Mais jusqu'où je pourrais aller avec lui ?

« J'ai bien peur que ce ne soit pas le cas. » Je remarquai alors ses yeux fixés sur chaque mouvement que je faisais. « Pourquoi ne viendriez-vous pas voir par vous-même ? »

« Tu veux jouer, c'est ça ? » Il remua les clés, le porte-clés se balançant autour de ses doigts. Je notai dans son regard une once de malice.

« Ne vous en faites pas... On a toute la nuit. »

「 𝐥𝐞 𝐝𝐞́𝐬𝐞𝐫𝐭𝐞𝐮𝐫 」✦ 𝑚.𝑦𝑔 𝑥 𝑟𝑒𝑎𝑑𝑒𝑟Où les histoires vivent. Découvrez maintenant