Awake

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Je pense qu'il est temps de parler de "ça" et de l'autre à YoonGi. Cela fait déjà presque une semaine que je lui ai avoué mon amour, et un peu moins que je l'ai réellement accepté. Et puis je lui avais promis que je lui en parlerais. Il est presque minuit, et nous venons de finir une dure journée d'entraînement pour notre nouvelle chorégraphie. Je suis épuisé mais je me suis décidé à lui dire aujourd'hui alors, juste après ma douche, je vais toquer à sa porte.

- C'est qui ? il me demande depuis l'intérieur.
- JiMin. Je peux entrer ?
- Bien sûr, viens.

J'entre, referme la porte derrière moi et vais m'installer sur son lit, en tailleur. Il se lève de son bureau et vient s'installer face à moi.

- Je... Je t'avais dit que je te parlerais de "ça".
- Oui. Je t'écoute.
- C'était il y a... environ trois ans. Un peu après nos débuts. À ce moment-là j'étais pas vraiment proche de vous, je me confiais pratiquement pas. Et j'avais des sentiments pour mon meilleur ami de l'époque. Je ne pense pas que tu le connaisses. Bref. À peu près six mois après m'être rendu compte que je l'aimais, je lui ai écrit une lettre pour lui avouer mes sentiments et je l'ai mise dans sa poche de manteau. J'avais plutôt confiance à ce moment-là, je voyais peut-être trop loin. Peu importe. Il a dû la lire le jour-même. Il a commencé à ne plus répondre à mes messages, à m'ignorer quand j'allais le voir à son travail et il a finit par complètement arrêter de me voir. J'ai eu l'impression qu'il m'avait lâché du haut d'une falaise...

- Ah... Tu es allé lui parler ?
- Oui, environ un mois après qu'il ait commencé à m'ignorer. Je suis allé devant chez lui un soir et j'ai attendu qu'il rentre de son travail. Je lui ai demandé pourquoi il m'ignorait et ce salaud m'a juste répondu "Désolé JiMin, je pense qu'on devrait arrêter de traîner ensemble. Depuis que je sais que... tu m'aimes, c'est plus pareil. Je te vois plus comme avant. Désolé." et il est parti. Tout ce courage que j'ai dû rassembler juste pour aller devant chez lui... pour ça.

- Oh le salaud ! Désolé, s'empresse-t-il de rajouter.
- Non c'est rien, je pense la même chose. T'imagines bien que ça m'a vraiment fait mal, et j'ai commencé à aller de moins en moins bien. J'ai pleuré en cachette pendant plusieurs semaines.

Je commence à sentir les larmes arriver mais je continue.

- Et puis, petit à petit, j'ai pleuré un peu moins, jusqu'à arrêter totalement. Je me sentais toujours aussi mal mais je me devais d'avancer, pour le groupe. Alors j'ai enfoui tout ça.

Je pleure maintenant en silence, et YoonGi, qui ne supporte pas de me voir dans cet état, comme il me l'a dit, s'approche de moi pour un énième câlin. J'enfouis une fois de plus ma tête dans son cou et poursuit :

- Tu as dû remarquer que depuis quelques mois je suis devenu très proche avec TaeHyung. C'est mon meilleur ami, un vrai. Il y a six mois je lui ai raconté ce que je viens de te dire. Ça faisait deux ans que l'autre idiot ne m'avait plus adressé un mot mais ça m'affectait encore énormément. Et c'est encore le cas aujourd'hui. Mais bref. Quand je lui ai dis il m'a réconforté et m'a aidé à aller mieux. Grâce à lui j'y pense moins, même si ce cauchemar est toujours présent dans mon esprit. Je sais qu'après deux ans je devrais avoir oublié mais... c'est plus fort que moi...
- Ne t'inquiète pas JiMin, je comprends que tu y penses encore. Ça t'a marqué.
- Oui. Je me suis remis en question. J'ai d'un coup perdu toute confiance envers qui que ce soit, même envers moi, et j'me suis dit que j'étais pas normal et qu'il avait eu raison de réagir comme ça. Malgré tout je voulais encore lui parler. Mais avec ta réaction quand je t'ai dit que... voilà, j'ai compris que je n'avais plus rien à faire avec lui. Je lui en veux d'avoir réagi comme ça mais en même temps, sur le moment j'ai eu l'impression qu'il avait raison et qu'on ne devrait plus traîner ensemble.
- Je vais te dire JiMin, cet idiot ne te mérite absolument pas. Faut pas te laisser influencer par ce genre de personnes qui pensent que l'homosexualité n'est pas normale parce que la société leur dit de penser comme ça. Ils ont grandi dans un pays où on leur a rentré dans la tête que deux personnes du même sexe ensemble c'est dégueulasse alors que c'est pas du tout le cas. Tu ne dois pas penser qu'il a eu raison de s'éloigner de toi comme ça. C'est pas totalement de sa faute, c'est surtout celle de la société Coréenne, mais s'il tenait vraiment à toi il aurait essayé de comprendre.
- Oui. Merci. Je vais essayer de l'oublier maintenant que je me suis rendu compte qu'il ne mérite pas que je pense encore à lui alors qu'il a sûrement dû m'oublier depuis longtemps. Mais... j'ai toujours un sale problème de confiance.
- Tu sais, j'ai trouvé ça génial que tu m'avoues tes sentiments comme ça. 'Fin, j'veux dire, c'était incroyablement courageux. Vraiment. Alors t'en fais pas, la confiance elle va revenir. Faut juste lui laisser le temps.
- Merci hyung.

Il ne répond pas mais demande quelques instants plus tard :

- Dis, c'est quoi son nom ?
- Je ne pense pas que tu le connaisses...
- Dis quand même.
- Jeung SilMang.
- T'es sûr ?
- Sûr et certain. Je n'oublierai pas son nom. C'était pas seulement mon premier amour, c'était aussi mon meilleur ami, mon confident et c'est dur d'oublier quelqu'un qui a eu un rôle aussi important dans ma vie.
- Je crois que... Je crois que je connais un Jeung SilMang. Je ne sais pas si c'est le même mais... Si c'est le cas...

Je deviens blême en entendant ces mots. Je me blottis encore plus contre YoonGi et il ressert sa prise sur moi.

- Tu as une photo ?
- Oui, j'ai son compte Instagram.

Il attrape son téléphone à côté de lui et cherche quelques secondes puis m'appelle doucement, comme s'il avait peur de me faire mal rien qu'avec sa voix.

- JiMin ?

Je relève la tête lentement, essuie mes larmes et regarde sur son téléphone.

- C'est lui ?

J'expire soudain, rassuré.

- Non. Pas du tout. J'ai eu trop peur !
- Moi aussi !

Je pars dans un fou-rire incontrôlable et m'étale sur le rappeur, qui me suit dans ma folie. La pression est redescendue tellement vite que nous ne pouvons nous empêcher de rire, malgré l'heure tardive qui approche d'une heure du matin.

- Heureusement que c'est pas lui !
- Pourquoi ? je demande toujours à moitié écroulé de rire.
- Ça m'aurait embêté que ce soit le fils du mec qui tenait la supérette dans laquelle j'avais l'habitude d'aller en arrivant à Séoul... Je serais allé le voir je pense.

Je me calme, reprend petit à petit ma respiration et me redresse puis demande, interpellé :

- Tu serais allé lui parler si tu le connaissais ?

Il se calme également et me répond avec un sourire.

- Bah oui. Je t'ai déjà dit que te voir pleurer me brise le cœur. Et puis il faut qu'il comprenne que c'était pas la meilleure idée qu'il ait eu de réagir comme ça, ce SilMang.
- Merci. C'est gentil.

Je me cale à nouveau dans ses bras, dans un élan de courage. Il débute des caresses sur mes cheveux et je me mets à sourire comme un imbécile heureux, encore. Et je sens que j'ai pas fini.

- Je veux pas te faire espérer pour rien tu sais alors si ça te fait mal que je sois aussi proche de toi, dis-le hein.
- T'inquiète pas. Je sais que c'est pas réciproque. Ça me fait plaisir que tu sois aussi proche de moi alors, surtout, continue. Et puis moi j'en profite en plus.
- Oui. J'ai vu ça.

J'ai envie de lui dire quelque chose que je ne devrais pas, alors je me contente de le chuchoter le plus bas possible.

- Je t'aime tellement...

À ma grande surprise, je l'entends répondre, lui aussi en chuchotant :

- Je sais.

Une Pensée IndélébileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant