Chapitre 11

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Pdv omniscient

Comme à chaque nuit, le bébé de la maison se mit à pleurer. La petite fille réclamait que l'un des deux de ses parents lui donne un peu d'amour et aussi à manger. Et comme à chaque nuit, c'était la bataille entre les deux parents pour savoir qui allait aller voir la petite. Le père, de trois mois désormais, secoua sa femme pour la réveiller et lui demander d'y aller, alors qu'elle dormait encore. Effectivement, son épouse fatiguée, n'avait pas entendu son bébé pleurer. Elle insulta sans remords son mari et le détesta pour l'avoir réveillée alors que il l'était déjà. Machinalement, elle alla préparer un biberon et dans des mouvements mécaniques, nourrissa la petite Abbygaëlle. Elle alla se recoucher, se réveilla deux heures après sous les pleurs de sa fille, se rendormi, se réveilla encore une autre fois, et sachant qu'il était bientôt 6 heures, elle se leva définitivement. Elle était fatiguée mais elle avait la maison à faire tourner, et ensuite, en début d'après midi elle devra retourner au travail pour ne rentrer qu'en début de nuit. A la différence, son mari n'avait rien de prévu en ce moment, et alors qu'il s'endormait à la même heure qu'elle, passant ses soirées devant divers mangas en tous genres, celui-ci pouvait profiter de bien plus de sommeil, se levant bien après elle. Certaines nuits il se réveillait, le plus souvent, Jude et Aurélien alternaient tous les jours. Mais peut importe le nombre de fois où Jude s'était levée, c'était systématiquement elle qui se levait tôt. Aurélien n'arrivait pas à se réveiller tout seul à 6 ou 7 heures, il demandait à Jude de le réveiller pour que ça soit à lui de se bouger un peu les fesses, mais sa femme ne tenait pas compte de ses demandes et se levait sans le réveiller, laissant son époux émerger naturellement de son sommeil vers 11 heures, alors que la maison était propre, la cuisine du midi en train d'être préparé, la petite à la sieste et son petit déjeuné qui l'attendait, prêt, sur la table de cuisine. Et tous les matins c'était des reproches à ce sujet.

- Pourquoi tu me réveille pas putain !

Gênée, la jeune femme se gratta l'arrière de la nuque en se retournant vers son mari énervé.

- Je sais que tu déteste la sonnerie de mon réveil, mais maintenant je vais le mettre tous les matins, puis ce que je ne peux pas compter sur toi.

La dernière partie de la phrase blessa la jeune femme, et se sentant coupable, elle baissa la tête en jouant avec ses mains, mais son mari ne fit rien d'autre que de partir dans la salle de bain en claquant la porte. La jeune mère regarda la pile de pancakes posée à côté de la place d'Aurélien avec déception. Elle avait prit soin de les faires maisons, de presser à la main du jus d'orange et avait disposé soigneusement, yaourt, couverts, assiette et Nutella à la place précise ou son époux aimait le mieux. Comme tous les matins, ces gestes machinals qu'elle répétait, sans réfléchir. Elle aurait pu les faire les yeux fermés mais son mari n'y faisait plus attention. Il n'avait pas non plus remarqué la petite attention de sa femme, ce matin là, il n'avait pas remarqué l'assiette de pancakes qu'elle avait cuits malgré la malchance de ce matin là. Elle avait cassé le verre doseur ( en verre ), c'était coupée en faisant des petits morceaux de beurre, s'était brûlée avec la poêle trop chaude et avait cramé les premières crêpes, mais elle avait continué alors que n'importe qui aurait arrêté, pour faire un petit déjeuné digne de ce nom, mais Aurélien avait fait pire que de ne pas y toucher, il ne l'avait pas remarqué, trop occupé à engueuler sa femme. Et c'était à cause de toutes ces petites négligences qu'elle se sentait mal. Malgré toute la patience dont le, presque, quarantenaire faisait preuve, tout s'écroulait quand il faisait un pas de travers, quand il s'énervait ou ralait, cela renvoyait la jeune femme dans ses insécurités. Trop sensible, la moindre remarque la blessait profondément, et ça, Aurélien ne s'en rendait pas toujours compte, ayant parfois des mots ou des gestes maladroits.

Le bruit de la porte qui claque réveilla Abbygaëlle, en sursaut. Mais Jude était fatiguée, Jude n'avait plus le cœur à rien, Jude aimait son bébé mais Jude était épuisée de toujours devoir sa fille pour ma consoler alors qu'elle allait se remettre à pleurer quelques instants après. Elle se tourna vers sa poêle et remua les légumes du soleil qu'elle avait coupé, épluché elle même, pour ne pas qu'ils restent collés au fond du récipient métallique.

Paradis [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant