Chapitre 21

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Je sors en transe de la salle de bain après avoir enfilé brièvement un peignoir.
- Zayn ! Zayn !
Je me dirige vers la partie encore inexplorée du luxueux appartement. Personne dans la chambre, personne dans le bureau, personne dans la seconde chambre.
Je parcours le couloir qui rattache le reste de l'appartement à la cuisine. Zayn ne s'y trouve pas. Personne dans le salon non plus. Les pulsions de mon cœur s'accélère. Ma vision se trouble de larmes. Ma respiration est haletante. Je remarque alors des coulées de sang qui partent du début du couloir et qui se dirigent vers la porte. A-t-il été tué ? Si oui, qu'est-ce que je vais devenir maintenant ? Comment cela se fait-il que je n'ai rien entendu ? A-t-il simplement décidé de m'abandonner ?
Je me dirige à grands pas vers la porte d'entrée, je l'ouvre d'un coup sec, je retrouvant nez à nez avec l'imposante musculature de Zayn.
- Mais t'étais où putain ?!
Il me regarde, incrédule. Ma poitrine se soulève lourdement, je suis à la fois rassurée de le voir, mais aussi déçue qu'il est voulu m'abandonner.
- Tu voulais me laisser c'est ça ? Bah va-y ! Casse toi si c'est ça que tu veux ! T'étais où ? Répond moi, merde !
- Je suis allé me débarrasser du corps, Valentine...
Il affiche sa mine mi-stupéfaite, mi-innocente. Il continue, puisque je ne vois pas de quoi il parle.
- Le corps du propriétaire. L'homme blessé que j'ai abattu quand nous sommes arrivés... Tu t'en souviens ?
Je réfléchis. Oh oui, ça y est. Bien sûr que je m'en souviens.
Zayn l'a compris. Il s'avance vers moi, m'obligeant à reculer dans le hall d'entrée, il pousse la porte, rendant l'accès à l'appartement impossible depuis l'extérieur sans clefs, puis me prend dans ses bras alors que je sà flore toujours.
- Ça va aller, calme toi... Qu'est ce qu'il se passe ?
- C'est Aurélien...
- Aurélien ?
- Oui...
- Aurélien, ton Aurélien ?
J'hoche la tête, et Zayn m'écarte de lui en me dévisageant.
- De quoi tu parles ?
- Il sort avec Caroline dans le monde des morts. Avec ta Caroline ! Nous on s'est promis de leur être fidèles pour toujours et eux nous ont remplacés !
- Valentine je suis désol...
- Pas un jour ne passe sans que je pense à lui, pas un ! Pas un jour où je me suis demandée ce qu'on aurait fait dans la journée s'il était encore en vie, pas une seule fois je n'ai pas pensé à lui quand je vois des couples qui se galochent en pleine rue, en me disant qu'ils sont bien degueulasses de faire ça devant tout le monde ! Pas un repas de famille, une annonce de mariage ou de grossesse sans que je me dise que quelques années plus tard ça aurait pu être nous !
Pas toi Zayn ? T'as jamais regardé les pubs pour la Saint Valentin, en te disant qu'elle aurait été heureuse d'avoir cette gourmette-ci, ou ces boucles d'oreilles là ? T'as jamais envié ses couples qui font tout ensemble ? Les révisions à deux, les vacances entre amoureux, non jamais ?
Je suis à bout de souffle, je pleure, mais je ne suis pas peu fière de ma tirade. Zayn, lui, me fixe toujours aussi incrédule.
- Valentine, que... comment sais-tu tout ça ?
- Aude me l'a dit.
- Aude, ta meilleure amie avec qui tu étais au bal.
- Oui.
Il marque un temps d'arrêt.
- Y'a rien qui te choque dans ce que tu d...
Je m'éloigne de son étreinte.
- Zayn, elle est venue. Dans la salle de bain. Elle est venue du monde des Morts ! Elle les a même fait apparaître ! Elle a fait apparaître mon père aussi ! Va vérifier si tu veux !
Il me regarde, l'air plus calme, alors que ma cage thoracique monte et descend toujours aussi rapidement.
- Je pense que tu devrais te reposer...
Il ne me croit pas. C'est le dernier être humain avec qui je peux communiquer et ce dernier ne me croit pas. Soit.
- Ok, très bien. Fais ce que tu veux, je me casse.
- Tu bouges pas de cet appartement.
- Je t'ai demandé ton avis ?
- Et tu vas faire quoi une fois dehors. Hein ? Tu vas te laisser mourir ? Tu vas traîner avec les chats du quartier ? Tu vas trouver un réseau clandestin de survivants et tu vas te prostituer ?
- Tu ne me crois pas capable de me débrouiller seule ?
- Ce n'est pas ce que j'ai dit alors arrête ton cirque.
- Ah parce que je me donne en spectacle maintenant ?
Il ne me répond pas. Il se dirige vers le comptoir de la cuisine et attrape les clefs de l'appartement, qu'il met dans sa poche. Il me dévisage, avant de se diriger vers la salle de bain.
- Continue de gueuler et bientôt ils débarqueront à 15 pour nous bouffer. Et habille-toi aussi, t'es trempée.

AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant