Chapitre 18

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Les spots du miroir de la salle de bain éclairent mon visage d'une violente lumière blanche, faisant ressortir les diverses imperfections causées par les derniers évènements. Je ressers ma serviette autour de ma poitrine et m'approche de la glace en me hissant sur la pointe des pieds alors que des gouttes descendent de mes cheveux mouillés et viennent tomber dans le lavabo. Mon teint est pâle, mes joues sont creusées, faisant ressortir mes pommettes rougies par le froid. Mes clavicules sont plus apparentes, tout comme le reste de mon ossature. Mes plaies sur mes bras n'ont toujours pas cicatrisées, et cela pose problème quand Mike décide de monter la chauffage dans toutes les pièces. Les désinfecter, les couvrir ou bien passer des crèmes sur les griffures n'y font rien. Elles n'ont pas grossies, elles n'ont pas rétrécies, elles ne sont pas plus douloureuses qu'une vive griffure de chat. Juste, elles sont là.

Concernant la morsure de Zayn, c'est une toute autre histoire. C'est une plaie ouverte. Il faut la désinfecter plusieurs fois par jour et la panser intégralement pour éviter qu'elle ne s'infecte. J'ai appris ça quand j'ai passé mon BAFA l'année dernière. Je me souviens des chants des enfants dans le bus, de leurs éclats de rire quand ils gagnaient des concours de châteaux de sables mis en place par le camping qui nous accueillait, de leurs sourires lorsqu'on ramassait ensemble des coquillage sur la plage en fin de journée, de Mary, mon mentor, et des Skype avec Aude jusqu'à tard dans la nuit. Mais bon, ça n'a plus d'importance maintenant. Rien ne sera encore là pour en témoigner que je ne serai plus d'un morceau de chair ambulante.

Trois grands coups sur la porte me sortir de ma rêverie en sursautant.

- Quoi? je demande, une pointe d'exaspération dans ma voix. 

- Tu t'es noyée ou quoi? Ca fait vingt minutes que t'es là-dedans! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, tu n'es pas la seule à avoir des cheveux!

- Je sors dans deux minutes, Louise, je réponds brièvement avant de mettre mon sweatshirt et mon jeans.

Je déverrouille la porte et sors, laissant la place à Louise qui me gratifie d'un "Ah enfin!" à mon passage. Ici, la tension est montée d'un cran depuis l'épisode du magasin. Niall n'est pas revenu. Louise m'a promis qu'elle ne dirait rien aux garçons à propos de Niall qui a tenté de me rattraper, même si je sais que ça lui demande un effort presque surhumain de me regarder dans les yeux après ça. Depuis, Louise et moi nous ne nous parlons presque plus: Je sais pertinemment que lui demander de me couvrir dans de telles conditions est totalement insensé. Si Niall venait à mourir, ça serait entièrement de ma faute, et Louise ne manquera pas de me le rappeler. Et ce jour-là, elle aura sans doute raison.

Louis, Zayn, Mike et Harry essaient tant bien que mal de rétablir la télé et la radio, au cas où un camp de résistance contre les zombies aurait été créer et que Niall est une chance de s'y trouver. Si seulement il y en avait un. 

Je croise Bradley en descendant les escaliers. Il me fait un triste sourire. Lui et moi avons presque la même relation amicale que j'ai avec les autres. J'ai fait des efforts pour m'adapter à son caractère, et vice-versa. Mais il reste toujours aussi buté.

Alors que j'atteins la cuisine pour rejoindre Liam, je tourne tristement la tête vers les trois garçons qui s'affère autour de la pauvre radio. Harry m'ignore depuis que je lui ais désobéi en venant à l'expédition de l'autre coté. J'aurais voulu jouer les jeunes femmes fortes, faire ma Lara Croft, dire que j'en ai strictement rien à faire que ce type me parle ou non. Mais je n'y arrive pas: Ca me détruit, ça me fait mal, mais c'est comme ça et je ne peux pas revenir en arrière pour tout effacer et tout recommencer.

Je vais dans la cuisine. Liam est appuyé dos contre le rebord de l'évier qui déborde de vaisselle. Je tire une chaise et me poste devant lui, il me sourit, puis lève les yeux vers un point derrière moi.

AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant